lundi 28 avril 2025

Samedi 26 avril : à Rome, obsèques du pape François ; rencontre inattendue à Saint-Pierre des présidents Trump et Zelensky.

 

Ce dernier samedi 26 avril 2025 à Rome, aura d’abord été marqué par les obsèques du pape François, le 266° pape.

Elles ont été célébrées place Saint Pierre devant quelque 400 000 fidèles et des milliers de clercs et religieuses de toutes les hiérarchies et congrégations de l’Église catholique d’Occident et d’Orient. En leur sein, les 252 cardinaux du collège cardinalice (autrefois dénommé Sacré Collège). Parmi eux, les 135 cardinaux électeurs du nouveau pape pour le prochain conclave, les 117 âgés de plus de 80 ans étant « non votants ».

Le moins que l’on puisse dire, c’est que si la cérémonie d’adieu à François a certes été marquée par la sobriété de liturgie voulue par ce dernier, elle n’en a pas moins été célébrée avec toute l’ampleur et les beautés de la liturgie latine maintenue dans les actuels canons romains de la messe et des offices, très semblables pour les profanes au rite de la messe traditionnelle dite de Saint Pie V.

En comparaison, on ne pouvait ce 26 avril que remarquer combien les obsèques du grand pape Benoît XVI, organisées sous l’autorité de François, n’avait hélas été que comme celles d’un service minimum, certains observateurs ayant même vu avec tristesse l’expression d’une certaine désinvolture. Pourtant la vie et l’œuvre de Benoît XVI ne se ramenaient pas, tant s’en faut, à un souci majeur d’impeccabilité liturgique et de fidélité au grand art sacré, mais aussi, principalement, à l’approfondissement des dogmes dans l’alliance de la foi et de la raison.

L’actualité catholique des prochains jours va naturellement être celle de la préparation du conclave des 135 cardinaux qui vont élire dans le secret de la chapelle sixtine le 267° successeur de Pierre. Rappelons pour certains, à la fois peut-être trop peu éclairés, que ce n’est pas le Saint-Esprit en personne qui conduira automatiquement leur choix mais, nuance, les cardinaux diversement ouverts à son influence.

Choisir le prochain pape exigera bien sûr pour eux de prendre en considération les critères du bien commun de l’Église et de sa gouvernance.  À discerner finalement selon leur conscience le plus apte à diriger la barque de Pierre dans les tempêtes de notre temps.

Pour nous, c’est avec une grande joie que nous accueillerions l’élection du cardinal africain qui serait peut-être le meilleur pape aujourd’hui non seulement pour l’Afrique mais aussi pour l‘Europe et le monde, à savoir le cardinal (guinéen) Robert Sarah. Sous le triptyque de la foi, de l’intelligence et du courage, on pourrait retrouver la combativité face aux totalitarismes de son temps, et notamment au communisme, d’un Jean-Paul II, et la luminosité doctrinale d’un Benoît XVI. Ces deux souverains pontifes émetteurs d’un même rayonnement spirituel dans leur rejet de la culture de mort.

« Oui, opposez-vous avec vigueur à la décadence de l’Europe », m’avait répondu Jean-Paul II place Saint-Pierre le samedi 10 avril 1985. Ce grand pape était venu saluer alors tous les députés du groupe des droites européennes présidées par Jean-Marie Le Pen. Cela m’avait permis de lui dire en quelques mots notre détermination à lutter contre la culture de mort, idéal hélas pas exactement suivi depuis par nos continuateurs à Bruxelles et à Strasbourg.  

Du moins à l’époque, aucun parmi nos députés européens n’aurait voté pour la constitutionnalisation de l’avortement, aucun non plus pour une politique d’alliance avec une Russie poutinienne visant à reconquérir les frontières de l’URSS en semant la mort en Ukraine, ce pays byzantin civilisé trois siècles avant la principauté russe de Moscovie.

Puisse le Saint-Esprit influencer un certain nombre de cardinaux du prochain conclave pour l’élection du prochain pape dans la continuité de Jean-Paul II et de Benoît XVI.

 

Trump et Zelensky dans Saint-Pierre de Rome.

Premier miracle de ce François ? On aimerait tant !

Quoi qu’il en soit, belle surprise tout de même que ce passage sur toutes les chaînes de la rencontre, un quart d’heure durant dans Saint-Pierre de Rome, de Donald Trump et de Volodymir Zelensky durant (avant ?) les obsèques sur la place Saint Pierre du défunt pape, et surtout enfin les premiers propos un peu incisifs du président américain contre les massacres russes sans fin de civils ukrainiens et l’aveu du sentiment que Poutine le mènerait peut-être en bateau.

Il en aura fallu du temps à Trump, et bien avant même son élection, pour que peut-être enfin, espérons-le, il commence à s’apercevoir que le dictateur russe est sur l’essentiel un monstre hitléro-stalinien.

Un adepte en voie de repentance de sa poutinophilie me demandait la semaine dernière si je pouvais lui exposer quelques points principaux de cet hitléro-stalinisme.

En voici donc quelques-uns :

·         La célébration par Poutine le 20 décembre 1999, à la Loubianka, de la mémoire de Felix Dzerjinski, l’abominable fondateur de la Tchéka et le principal créateur du Goulag. Résumé des enseignements de ce personnage aux tortionnaires qu’il aimait recruter et former lui-même : « Faire souffrir le plus possible, le plus longtemps possible les suppliciés ».

·          Mémorandum de Budapest : en fait, une trilogie de trois mémorandums « rédigés en termes identiques et pareillement signés le 5 décembre 1994 à Budapest par la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine ainsi que par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie, qui tous trois accordent des garanties pour le respect de leur indépendance, de leur intégrité territoriale et de leur sécurité à chacune de ces trois anciennes Républiques de l’URSS en échange de leur ratification du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Rappelons que lors de l’invasion russe de la Crimée en 2014, l’Ukraine se référa à ce traité pour rappeler à la Russie ses engagements et aux deux autres signataires qu’ils en étaient les garants… ».

·          Accords de Minsk (I et II) sabotés de l’intérieur par le pouvoir russe qui, selon l’historienne spécialiste de la Russie Isabelle Lasserre, de l’aveu même de l’un des dirigeants russes de ces pourparlers, « n’avait aucune intention de les appliquer ». ( voir notre livre « L’Ukraine face à Poutine »).

·         Imitation de la stratégie nazie d’utilisation des minorités : l’exemple des Sudètes repris pour la Tchétchénie, la Géorgie et la Crimée, et dans la perspective d’une extension à toute l’Ukraine, et autres pays ouvrant des appétits russes, pays baltes et autres.

·         Fascination de Poutine pour le modèle nazi tel qu’il va rebaptiser « Africa Corps » les unités de Wagner, comme les troupes de Rommel !

·         « Holodomor », ou génocide par la faim de l’Ukraine décidé par Staline pour les années 1931 à 1933 (bilan : 5 millions de morts).

·         Pacte germano-soviétique (page 95 de notre livre).

·         Citation du brillant essayiste français Jacques Julliard : « Si Poutine n’est pas Hitler ni Staline, il y mène tout droit : un État policier, une vision impérialiste du monde, le recours à la violence pour régler les problèmes internationaux, l’assassinat des opposants, l’abolition de l’idée même de vérité au profit d’une gamme continue de mensonges, l’éradication du principe de non contradiction… ».

·         Et citons encore une fois le grand Soljenitsyne : « Dans mon cœur, il n’y a pas de place pour un conflit russo-ukrainien. Et si, Dieu nous en préserve, nous en arrivions à cette extrémité, je peux le dire : jamais, en aucune circonstance, je n’irai moi-même participer à un affrontement russo-ukrainien, ni laisserai mes fils y prendre part, quels que soient les efforts déployés par des têtes démentes pour nous y entraîner… ».

Les libres propos d'Alain Sanders

 

 

Le JDD et ses supplétifs poutinophiles déploient le tapis rouge pour l'ambassadeur de Russie en France. Et la question de l'immédiate expulsion de ce « diplomate » devrait se poser...

 

Nous avons déjà eu l'occasion, ici même, de montrer combien Le Journal du Dimanche (et son épigone le JDNEWS) a des propensions poutinesques de moins en moins dissimulées. Notamment par le biais de deux de ses journalistes, sournois mais démasqués depuis belle lurette, Lara Tchekhov et Régis Le Sommier.

C'est donc cette doublette qui, dans l'édition de dimanche dernier (27 avril), interviewent sur une pleine page l'ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkhov. Avec une photo en couleurs du satrape moscovite et ce satisfecit de bons apparachiks : « Alors que les discussions autour d'un cessez-le-feu s'éternisent, Alexeï Mechkhov a réservé au JDD son premier entretien ». Y'a d'quoi se vanter, en effet...

N'étant guère embêté – et tout au contraire – par les questions de ses interviewers, Mechkhov se lâche et déroule tranquillement, mensonges après mensonges, la doxa poutinienne ad usum Occidentaux complaisants (sinon carrément complices) : « Le régime au pouvoir en Ukraine est un régime nazi ». Ou encore : « Il y a quelques jours, les Russes ont annoncé une trêve pour Pâques. Les Ukrainiens ont alors effectué 4900 frappes sur des infrastructures russes en une seule journée ». Grossière manip : c'est Moscou qui, sans discontinuer (au point d'en choquer Trump, c'est dire), a matraqué les populations civiles ukrainiennes avec massacres ciblés le dimanche de Pâques. Ce que Lara Tchekhov et Régis Le Sommier auraient pu opposer au « diplomate » du Kremlin. Ils n'ont pas bougé une oreille et se sont bien gardés de relever ce mensonge.

En revanche, question ouverte et téléphonée du tandem : « Vladimir Poutine désire-t-il renouer avec la grandeur impériale (sic) russe ? » Ce qui permet à Mechkhov d'en remettre une couche : « La Russie est le plus grand pays du monde. Nous n'avons pas besoin de nous positionner comme un empire ». Et d'expliquer que les occupations soviétiques des pays de l'Est (Pologne, Roumanie, etc.) après la Seconde Guerre mondiale avaient été demandées – plus que ça : souhaitées et réclamées – par les Polonais, les Roumains et les autres...

Mais, par-delà les réponses formatées de Mechkhov – grâce aux questions tout aussi formatées des interviewers – devrait se poser la question de l'expulsion immédiate de cet ambassadeur qui, sans recul diplomatique (ne parlons même pas de courtoisie), menace le pays, la France, où il est en poste : quand on lui demande si « des soldats français déployés (en Ukraine) seraient des cibles légitimes selon lui », il répond : « Toute personne qui participe aux hostilités en Ukraine doit être consciente des risques qu'elle encourt ».

Voilà donc un ambassadeur stalino-poutinien qui brutalement, en plein Paris, depuis son ambassade, face à des journalistes qui ne mouftent pas, nous assène que nos soldats seraient des cibles pour les troupiers russes, tchétchènes, nord-coréens, chinois, engagés contre la libre Ukraine.

A l'heure où nous écrivons, l'Elysée et son hôte capricant (Macron qui règne sur un immense empire : celui de la parlotte et du pelotage) n'ont toujours pas réagi.

Alain Sanders

 

 

 

mercredi 23 avril 2025

François, ce pape catholique mais de gauche, aux antipodes de Jean-Paul II et de Benoît XVI

Étonnamment dans les différents commentaires médiatiques sur sa vie et ses engagements, on évoque très peu, ou pas du tout, le militantisme de jeunesse de François dans le mouvement péroniste. Le péronisme fut le très original nationalisme argentin aux multiples composantes allant de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, qui marqua pendant de longues années et marque encore la vie politique de l’Argentine. Le péronisme se réclamait de l’idéologie justicialiste façonnée sous l’impulsion du général Juan Perón. Ce mouvement fut aussi marqué par la formidable aura sociale de l’épouse du général, la très féministe et très populaire Eva Perón, sans doute plus influente que son mari. Il est à noter que le péronisme rallia plusieurs composantes du catholicisme argentin, selon une application particulière de la doctrine sociale de l’Église.

Le futur pape François, Jorge Bergoglio, milita notamment longtemps au sein de « l’Organización Única del Trasvasamiento Generacional » (OUTG). Il continua d’une certaine manière cet engagement dans son futur apostolat de prêtre au sein de la Compagnie de Jésus, inspiré par la « théologie du Peuple », forme argentine non-marxiste mais très socialiste de la « théologie de la Libération » prônée par le supérieur général des Jésuites, le Basque espagnol Pedro Arrupe, ancien médecin.

François, devenu archevêque de Buenos Aires, puis pape, conserva jusqu’à sa mort son enracinement idéologique dans une sorte de gauche pacifiste tiers-mondiste. Ceci explique peut-être que, sur la guerre en Ukraine, il ait d’abord spontanément adopté une fâcheuse position de pacifisme radical renvoyant dos-à-dos l’agresseur poutiniste et l’agressé ukrainien, avant d’adopter une autre ligne plus conforme à la vérité. Il avait initialement manifesté aussi sa sympathie pour le patriarche russe Kirill, ancien officier du KGB, tout comme Poutine. Certes, sa position avait donc évolué vers une plus juste appréciation des responsabilités réciproques des deux pays en guerre. Mais elle avait tout de même dans un premier temps porté un coup au moral des catholiques comme des orthodoxes ukrainiens, ces derniers ayant désormais rompu avec le patriarcat moscovite pour rejoindre l’Église orthodoxe ukrainienne ou rallié le patriarcat de Constantinople.

On se souvient encore de sa très grande bienveillance pour Fidel Castro qu’il accompagna de ses prières dans ses derniers moments.

François pratiqua également, non seulement une politique générale d’ouverture à l’islam, ce qui lui valut le véhément opprobre d’Israël, alors qu’il condamnait bien plus souvent les bombardements israéliens contre le Hamas que le terrorisme de cette organisation.

Beaucoup de catholiques lui ont aussi reproché de mener des politiques d’indignation sélective, par exemple en allant rencontrer en Irak l’ayatollah chiite al-Sistani, mais en ne manifestant pas parallèlement la réaction que l’on pouvait attendre de sa part après l’exode de cent mille chrétiens arméniens chassés du Haut-Karabakh par les envahisseurs azerbaïdjanais.

On doit rappeler encore l’hostilité qu’il manifesta face à l’intervention militaire décidée par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis contre la Syrie de Bachar el-Assad alors qu’elle venait de perpétrer un massacre à l’arme chimique dans la banlieue de Damas. Selon certains, François croyait, à tort, que le président syrien était le protecteur de toutes les communautés chrétiennes du pays.

Enfin, il fit encore preuve d’une affligeante naïveté à l’égard de la Chine de Xi Jinping, de laquelle il voulait coûte que coûte se rapprocher, même en prenant le risque de sacrifier les relations du Vatican avec Taïwan. En réalité, il n’avait pas du tout compris, ou voulu comprendre que la politique de sinisation de toutes les religions présentes en Chine menée par Xi Jinping ne pouvait se faire qu’au prix d’une totale soumission au diktat du Parti communiste chinois qui est allé, il faut le rappeler, jusqu’à imposer ses propres traductions des textes des livres sacrés.

L’Ukraine, la Russie, la Chine, Taïwan, sont autant des grands échecs des politiques de François. En revanche, il faut saluer sa constante opposition à l’avortement et notamment sa vigoureuse dénonciation de la constitutionnalisation de cet acte de mort voulu en France par Emmanuel Macron et par tous les partis politiques sans aucune exception. François n’avait-il pas traité les avorteurs de « sicaires », c’est-à-dire de tueurs à gage ! Il fut ainsi un vigoureux défenseur de la vie innocente.

Il fut donc pour l’essentiel un pape catholique qui mérite les prières des foules de fidèles qui vont se rassembler pour ses obsèques.

 Bernard Antony