mercredi 30 juillet 2025

Les libres propos d’Alain Sanders

 

Les libres propos d’Alain Sanders

Cambodge-Thaïlande : un cessez-le-feu de circonstance et une rivalité multiséculaire

 

Cette année-là, avec Bernard Antony, nous avions débarqué à Bangkok, en Thaïlande. Avec un programme très chargé : visites des camps de réfugiés cambodgiens rescapés de l’enfer khmer rouge et rebelles aux occupants vietnamiens ; contact avec les résistants Karens de Birmanie ; contacts avec les maquisards anticommunistes lao et hmong ; contacts avec les Khmers Sereï (les Khmers libres) de Son Sann ; rencontres avec les leaders de la droite thaïlandaise…

Nous avions rejoint, sous une pluie de mousson torrentielle, Aranyaprathet, à la frontière Est thaïlandaise. A vue de Poïtet, au Cambodge. Là où se déroule aujourd’hui ce qui ressemble à une vraie guerre. Sur cette frontière, fermée à l’époque comme elle l’est de nouveau depuis une semaine, nous avions séjourné à Site-II, l’un des camps de réfugiés vietnamiens, cambodgiens, laotiens, hmongs (méos), installé en territoire thaïlandais, un camp régulièrement « allumé » par les Viets de Hanoï alors maîtres absolus du Cambodge. Et aussi au camp de Phanat-Nikhom où croupissaient des milliers de land people. Ces camps, installés à la frontière thaïlandaise donc, étaient sous la surveillance du pays d’accueil et de ses soldats thaïs. Qui se payaient largement sur les malheureux qui n’avaient pourtant rien de rien, sinon leurs filles à la merci des soudards thaïlandais. Nous avions alors compris qu’entre les Cambodgiens et les Thaïlandais les rapports étaient exécrables. Depuis des siècles.

Les Français, qui entendent vaguement parler d’« affrontements » entre Phnom Pen et Bangkok, n’ont sans doute qu’une notion vague et approximative de cette rivalité multiséculaire qui oppose les deux peuples. Et qui se rallume à la première occasion.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, le Siam, devenu « Thaïlande » après la prise de pouvoir du maréchal Phibun Songgram en 1933, va mener une politique expansionniste très agressive (en tous points comparable à celle menée des siècles auparavant par l’empire siam). Selon la doctrine panthaïe qui prône le rattachement à Bangkok de tous les territoires limitrophes peuplés de Siamois (ou supposés tels).

Le 12 juin 1940, la Thaïlande avait signé des accords de non-agression avec la France, l’Angleterre et le Japon. Ces accords à peine passés, la Thaïlande, avertie de la défaite de l’armée française en métropole, les avait dénoncés et déclarés nuls et non avenus.

Soutenu par les Japonais, le dictateur Phibun Songgram va exiger que lui soient livrés le Cambodge et le Laos, deux protectorats français. Et pas des « colonies » comme disent les incultes. Rappelons au passage, à l’intention des mêmes incultes (médiatiques en l’occurrence), qui écrivent que les récents affrontements entre le Cambodge et la Thaïlande seraient imputables à la frontière tracée par la France en 1907, que sans la protection de la France dans ces zones, les Siamois auraient inexorablement envahi et occupé le Cambodge et le Laos, mettant les populations de ces deux protectorats sous leur joug.

Pour se faire la main, au début de l’année 1941, les Thaïlandais attaquent nos troupes aux frontières laotiennes et cambodgiennes. Le 16 janvier, c’est l’offensive générale. Du côté thaïlandais, 60 000 hommes et 300 000 en réserve. Côté français, 50 000 hommes dont 12 000 Européens. C’est donc sur mer que l’amiral Decoux, gouverneur général de l’Indochine, va monter une opération navale. Malgré, là encore, une disproportion des forces.

  A Koh Chang (prononcer «Ko Tiangue »), à l’est du golfe du Siam, le 17 janvier, ce sera pourtant une victoire éclatante (la seule victoire navale de la France durant la Seconde Guerre mondiale). Pour ceux qui voudraient aller plus loin, et comprendre ce qui se joue encore aujourd’hui entre le Cambodge et la Thaïlande, je conseille l’essai d’Éric Miné, Kho Chang, la victoire perdue (Soukha Editions).

Fin juillet, après une semaine de combats sur leur frontière commune (longue de 800 km), Bangkok et Phnom Pen ont signé une sorte de cessez-le-feu. Qui ne tiendra pas au-delà du mois d’août. C’est une vraie guerre qui s’est mise en marche, avec des avions de combat, des chars, de l’artillerie lourde, l’engagement de troupes au sol. Malgré cet « accord » signé en Malaisie le 28 juillet dernier, pour amorcer une « désescalade », la loi martiale est maintenue en Thaïlande (dans les provinces frontalières). Des dizaines de milliers de Thaïlandais ont été évacués des zones de combat, comme l’ont été des dizaines de milliers de Cambodgiens du côté opposé.

En 2008-2011, des violences avaient éclaté de façon sporadique, déjà du côté du temple de Preah Vihear situé – et tout le problème est là – au Cambodge. Ce temple, vestige de l’empire khmer, est revendiqué par les Thaïlandais nostalgiques de l’empire du Siam. Bangkok conteste une bande de terrain de 4,6 km2 autour du sanctuaire. Perdre cette zone reviendrait à perdre un point de surveillance stratégique sur la frontière nord-est (et une manne touristique non-négligeable).

Le cessez-le-feu signé en Malaisie prévoit une réunion centrale du Comité général des frontières à partir du 4 août. Rendez-vous dans un siècle ou deux…

Alain Sanders

 

 

Les libres propos d’Alain Sanders


Notre mémoire : 1915-2025, les cent-dix ans de Banania (Y’a bon !)

 

Si le fameux slogan « Y’a bon Banania ! » date de 1917, c’est le 31 août 1914 qu’est lancée la marque Banania (avec cette accroche : « Banania, suralimentation intensive »). Mais c’est en 1915 qu’apparaîtra le fameux tirailleur sénégalais, chéchia rouge à pompon bleu, prenant ainsi la relève d’une belle Antillaise, puis d’un Poilu.

Dans le petit fascicule distribué à l’époque (édité par Léopold Verger, j’en ai un exemplaire que je garde précieusement), on voit le brave tirailleur, emblématique des troupes coloniales si durement éprouvées en 14-18, attablé avec une famille de cinq enfants se régalant de Banania. Et ce n’est pas lui, mais la maman, qui s’écrie : « Y’a bon ! »

Sur un autre dépliant de la même époque, deux vignettes. Sur la première, un député de l’Assemblée nationale dit : « Et pour que la France demeure forte et heureuse… » ; sur la seconde, une scène de genre : le tirailleur apportant des tasses de Banania dans une famille (le père, la mère, le grand-père, trois enfants) et concluant la phrase du député : « … il faut que dans toute la famille, le Banania devienne le déjeuner adopté ».

Lancé au début de la Grande Guerre donc, Banania venait concurrencer le Phoscao dont la publicité, signée O’Galop, montrait un Poilu montant à l’assaut baïonnette au canon. Avant de mettre en scène son emblématique tirailleur sénégalais, Banania illustrait ses réclames avec des images de soldats métropolitains en tenue bleu-horizon.

Pourquoi un tirailleur sénégalais à partir de 1915 ? Parce que nombre de magazines de l’époque, comme Le Monde illustré ou Les Annales (sa une du 16 décembre 1915 montre des tirailleurs découvrant leur première neige) rendent des hommages mérités à ces combattants de la Plus Grande France.

Rappelons encore (ce qui échappa aux soi-disant « antiracistes qui cherchèrent des poux dans la chéchia de Banania) que Francisque Poulbot, le peintre de Montmartre, réalisa en 1919 une illustration pour Banania : on y voit trois… poulbots se faisant la courte échelle pour attraper des boîtes de Banania avec ce cri du cœur : « On les a ! » Ce qui n’est rien d’autre qu’un pastiche du mot d’ordre de Pétain à Verdun : « On les aura ! ».

La référence guerrière n’est d’ailleurs jamais rare dans les pubs de Banania. Ainsi, en 1939, la marque n’hésita-t-elle pas à lancer des slogans comme : « Banania sera notre DCA (défense contre l’anémie) ! » ; « Tous les matins, je réquisitionne mon Banania : des forces en boîte pour vos soldats ! » ; « Après l’alerte, Banania c’est un réconfort ! » ; « Banania, défense passive de votre organisme ! » ; etc.

On peut encore signaler, pour dire combien le tirailleur sénégalais était devenu (et reste pour nous) partie intégrante du patrimoine identitaire français et de son imaginaire, l’affiche d’Hervé Morvan – en 1964 – où l’on voit côte à côte, pour promouvoir des biscuits fourrés au Banania, le tirailleur coiffé de sa chéchia rouge et une Alsacienne avec sa coiffe traditionnelle. Pas de doute : y’avait bon Banania…

Alain Sanders

 

 

lundi 28 juillet 2025

Les libres propos d’Alain Sanders

 

La liesse populaire du Tour de France versus la chienlit racailleuse du PSG qatari : plus qu’un symbole…

Ce 27 juillet, le Tour de France s’est achevé à Paris avec la victoire sans appel du Slovène Tadej Pogačar. Sur une dernière étape épique qui, sous la pluie (ce qui n’a découragé personne), a conduit le peloton dans les rues pentues du Mont des Martyrs, Montmartre.

Les images diffusées sur les chaînes télé sont là pour témoigner de ce grand moment de fête populaire très franco-française d’un Tour de France qui, chaque année, rassemble des millions de spectateurs. Sans verser jamais dans la chienlit et le chaos ethnique-ta-mère.

De vibrantes Marseillaise reprises par des milliers de poitrines rue Lepic, près du Moulin de la Galette, place Blanche, au seuil des marches du Sacré-Cœur. Et, pour ajouter à l’ambiance « bals populaires » chère à Michel Sardou, des chansons résolument franchouillardes de Charles Aznavour, Claude François, Sheila, France Gall, Pierre Bachelet. Pas de rap, pas de zinzins exotiques, pas de walla, mon frère (comme dit Macron), pas de cris de haine, pas de wesh-wesh. Pas d’assauts haineux contre les forces de l’ordre. Et tout au contraire : dimanche, à Montmartre, elles ont été applaudies et remerciées à plusieurs reprises.

Certains médias se sont risqués – prudemment, de façon gazée, sans aller jamais aux conclusions, n’empêche… – à s’interroger sur ce qui vient à l’esprit de tous. Pourquoi le Tour de France et ses centaines de milliers de braves gens (des Français et nos voisins européens souvent très enthousiastes et démonstratifs pourtant) reste bon enfant de bout en bout quand les « célébrations » du PSG qatari donne systématiquement lieu à des scènes d’émeute dans un Paris livré à la racaille ? 

La réponse – mais ne comptez pas sur les médias pour vous la donner crûment – est simple et évidente : nous sommes en présence de deux « entités » qui sont dorénavant face à face. Qui ne partagent plus rien. D’un côté La Marseillaise, des floraisons de drapeaux français et ceux des coureurs étrangers engagés sur le Tour, des familles venues faire partager aux gamins – en famille justement – des émotions déjà immémoriales (le premier Tour est de 1903) et des valeurs : effort, sacrifice, esprit d’équipe, abnégation.

De l’autre, les supposés supporters d’un club de foot – le « Paris-Saint-Germain » qui n’a rien à voir avec Paris et rien avec Saint-Germain – avec des mercenaires milliardaires gavés de fric par le Qatar (pourvoyeur par ailleurs des islamistes les plus radicaux). Et des emblèmes qui résument le problème : drapeaux palestiniens, algériens, marocains, tunisiens. Une haine affichée de tout ce qui symbolise la France et ses autorités. Ils sont chez nous, mais ils ne se veulent pas être de chez nous. Ils nous le disent, ils nous le crient, ils nous le crachent. Et ils le manifestent à chaque occasion. 

Comme dit Darmanin (qui semble oublier qu’il a été ministre de l’Intérieur de Macron et qu’il est aujourd’hui à la Justice), il n’y a plus un seul endroit safe dans notre pays. Les grandes villes bien sûr. Mais aussi les villes moyennes : Limoges, Béziers, Saint-Avold, Charleville-Mézières, Albi, Blagnac, Lunel, Auch, etc. Et désormais les plus petites, comme cette commune de la Manche, Jullouville où un restaurateur et son épouse ont été tabassés par une bande de racailles (car ils chassent en meute comme les lycaons). 

Ces « fauteurs de trouble » (comme on le dit frileusement de crainte d’en dire plus) sont à plus de 80% issus de l’immigration extra-européenne. Ne pas le dire franchement et continuer à parler de « jeunes » – ce qui est faire injure à la jeunesse saine de notre pays, soit dit en passant –, c’est s’interdire de s’attaquer aux racines du mal.

En Angleterre, en Irlande, en Écosse, dans de nombreux pays de l’Est, c’est le peuple des braves gens devenus des gens braves qui descendent dans la rue (au risque de bavures pas toujours évitables) aux cris de « Migrants, vous n’êtes pas les bienvenus ! ». Il n’est pas dit que le peuple français, le peuple bon enfant du Tour de France, ne change pas lui aussi radicalement de braquet un de ces quatre…

Alain Sanders


vendredi 25 juillet 2025

Réflexions pour la fin de la semaine

 

·         Géopolitique : seuls de transcendants imbéciles ne cessaient de prophétiser un inéluctable conflit entre la Chine de Xi et la Russie de Poutine

Que ne les a-t-on entendus au long des années écoulées, depuis l’accession au pouvoir à Moscou en l’an 2000 du kagébiste Poutine, ces néo-soviétolâtres émettre, au mépris des faits, que la Russie constituait le grand rempart contre l’impérialisme chinois !

Faute de pouvoir inviter le si patelin dirigeant chinois aux yeux bridés de tigre gourmand, nos dirigeants européens, Ursula Van Der Leyen, présidente de la Commission européenne, Antonio Costa, président du Conseil de l’UE, et Kaja Kallas, chef de la diplomatie de l’Union européenne, se sont rendus à Pékin, accueillis hier jeudi au Grand Palais du peuple.

Le protocole aurait pourtant voulu qu’après la précédente réunion organisée à Pékin en 2023, ce soit le tour de Xi Jinping de se rendre en Europe pour la célébration commémorative du cinquantenaire des relations diplomatiques entre la Chine et l’UE.

Mais bien évidemment, le dictateur chinois n’a cure de ce genre de commémoration et bien au contraire, son souci a été de réaffirmer la force des liens de la Chine avec « son vieil ami Poutine ». Le secrétaire général du Parti a d’ailleurs annoncé que ce dernier serait accueilli avec les plus grands honneurs, le 3 septembre prochain, sur la Place Tien An Men, pour une grande parade de la victoire pour célébrer la fin de la deuxième guerre mondiale.

La vérité, c’est que Russes et Chinois, Nord-Coréens et Iraniens s’entendent comme larrons en foire pour, sinon faire la guerre, du moins rivaliser avec l’Occident honni.

Ce n’était sans doute pas une très bonne idée de monsieur Macron de choisir ce jour pour annoncer la nécessaire proclamation selon lui d’un État palestinien ; celui-ci ne pouvant être qu’à double soubassement : Hamas et Hezbollah…

 

·         Festival d’été, supports des revendications propalestiniennes et guérillas urbaines un peu partout.

Du printemps de Bourges aux Francofolies de la Rochelle, aux Eurockéennes de Belfort, et au Hellfest satanophile de Clisson, et autres lieux multiples de manipulation politique ou idéologique, le conformisme « culturel » propalestinien et islamo-gauchiste aura été cette année la marque d’identification de bien des festivals d’été pour des publics souvent traversés d’indignations sélectives.

On ne saurait dire s’il y aurait là un lien politico-culturel avec les guérillas urbaines développées dans des dizaines de villes de toutes régions, de Dreux et Meaux, de Béziers et Nîmes à Limoges, Nantes et Compiègne, … pour ne citer que celles-là.

 

·         Soixante-douzième cas de miracle à Lourdes.

C’est ce vendredi qu’est présenté officiellement à Lourdes le soixante-douzième cas de miracle reconnu dans ce sanctuaire. Ce jour, dans son article titré : « Quand la médecine s’incline devant le miracle », l’écrivain chroniqueur religieux Jean-Marie Guénois évoque qu’Antonia Lofiego Raco aurait, selon l’Église, été guérie en 2009 lors de son pèlerinage dans la ville mariale d’une « sclérose latérale primitive » (PLS), maladie incurable.

Le miracle a été officiellement proclamé le 16 avril 2025 par Mgr Vincenzo Carmine Orofino qui a reconnu « formellement le caractère prodigieux, miraculeux de la guérison de madame Raco et la valeur sans équivoque du signe divin de la guérison ».

Rappelons ici que pour qu’un miracle soit reconnu, il faut que la guérison soit totalement inexpliquée par la science.

 Dans la dernière partie de son article, Jean-Marie Guénois cite les médecins faisant le plus autorité sur les miracles. Il écrit : « L’un des hommes-clés de ce processus de reconnaissance est un médecin italien, Alessandro de Francisci. C’est un pédiatre agrégé, en partie formé à Harvard, et ancien professeur à la Faculté de médecine de Naples… ». Il cite ce professeur : « Je dirais que, parfois, face à des histoires de guérison, je ne peux que lever les mains et dire : je ne sais expliquer…  Je me sens, en somme, comme penché à une fenêtre qui donne sur le mystère ».

Il cite encore le professeur Vincenzo Silani de l’université de Milan, référence mondialement reconnue. Ce dernier écrit : « Je suis spécialiste des maladies du motoneurone dont la sclérose latérale primitive est l’une des manifestations caractérisées par la dégénérescence sélective de la voie cortico-spinale ou faisceau pyramidal. Les causes de cette dégénérescence sont inconnues et le processus, une fois enclenché, devient inexorable bien que lent : il n’existe à ce jour aucun traitement efficace. En tout cas, je n’ai jamais constaté d’arrêt ou de guérison clinique de cette pathologie ».

En conclusion de son article, Guénois cite l’historien Yves Chiron que nous connaissons bien, auteur du livre récent : « Enquête sur les miracles de Lourdes ». Il constate : « Les années 1960-1980 ont vu très peu de miracles proclamés. Depuis, il y en a davantage parce que les évêques ont pris à nouveau conscience de la valeur du témoignage de foi que constitue une guérison miraculeuse. On peut donc sans risque prévoir que d’autres guérisons miraculeuses seront proclamées dans les années à venir ».

mercredi 23 juillet 2025

Les libres propos d’Alain Sanders


La voix du Kremlin en France :

L’influenceuse poutiniste Xenia Fedorova déverse sa propagande dans Le Journal du Dimanche

 

Nous avons souvent eu l’occasion de dire que Le Journal du Dimanche (et son appendice hebdo lui aussi, Le JDNews), est devenu, Régis Le Sommier à la manœuvre, une des voix du Kremlin en France.

Dans l’édition de 20 juillet, Le Sommier étant occupé à ratiociner en d’autres pages sur les humeurs de Trump (qu’il se rabiboche peut-être avec Zelensky, cela inquiète beaucoup les thuriféraires de Poutine), on a eu droit à une pleine page de Xenia Fedorova (avec sa photo en couleurs) titrée : « La marche de l’Allemagne vers la militarisation est-elle dangereuse ? ».

Nous allons revenir sur cet article qui aurait pu trouver sa place dans un journal du Kremlin. Mais un mot pour rappeler qui est cette Xenia Fedorova (choyée par les médias Bolloré, ce qui donne les limites de ces médias supposés « droitiers ») donnée comme « journaliste et essayiste » par le complaisant JDD.

Directrice de la chaîne RT France de 2017 à 2022, Xenia  Fedorova était donnée, par les commentateurs les plus sobres, comme « une agente d’influence de Moscou reconnue ».C’est le moins qu’on puisse dire. Elle est notamment très proche de la propagandiste russe Margarita Simonian, très proche elle-même du pouvoir au Kremlin. Au moment de l’invasion russe, la Fedorova donnait la consigne stricte à ses employés de RT France de ne jamais utiliser le mot invasion, mais de parler d’une simple « opération spéciale » limitée au seul Donbass (à libérer bien sûr des « nazis » de Kiev…).

Mais revenons à l’article qui fleure  ses imprégnations moscovites quasiment à chaque ligne. En quoi « la marche de l’Allemagne vers une militarisation », militarisation pour se renforcer face aux menaces russes grandissantes, serait-elle dangereuse ? En ce qui nous concerne, en rien. Mais pour la Russie de Poutine, on comprend que ce soit une autre chanson. Celle que nous déverse la Fedorova justement…

Ce qui la défrise, comme cela défrise ses camarades moscovites, c’est la déclaration récente du ministre allemand de la Défense Boris Pistorius : « Les troupes allemandes sont prêtes à tuer des soldats russes en cas d’attaque de Moscou contre un Etat membre de l’OTAN ». Elle s’en étouffe, la Fedorova ! Et, comme Poutine quand il réclame la « dénazification » de l’Ukraine, elle en appelle aux heures-les-plus-sombres de la Seconde Guerre mondiale : « L’identité allemande d’après 1945 s’est largement construite sur le rejet du militarisme ».

Mais qui parle de militarisme sinon les poutinistes  en l’occurrence ? D’autant qu’il s’agit d’une militarisation à pas comptés : les dépenses militaires allemandes seront portées à 5% du PIB à horizon… 2035. Pas de quoi crier au loup… Le ministre allemand de la Défense Pistorius souligne au passage la nécessité d’une Bundeswher « prête pour la guerre ». Ce qui est la moindre des choses pour une armée en ordre de marche, sinon à vouloir former des gardiens de squares. Horreur ! nous crie la Fedorova : « La Bundeswher se prépare non seulement à défendre son territoire, mais aussi à jouer un rôle plus affirmé au sein de l’OTAN et du cadre plus large de la sécurité européenne, se préparant ainsi à prendre une place de premier plan en Europe en tant que puissance militaire ». C’est plutôt une bonne nouvelle, non ? Sauf pour Moscou, bien sûr…

Elle ajoute (et, là encore, on entend la voix de son maître) : « Le réveil du militarisme allemand (…) ranime les peurs historiques qui persistent depuis les ravages des guerres mondiales (…). La disposition à tuer des soldats russes, autrefois impensable dans le discours politique allemand, signale une préparation à la confrontation aux risques immenses ».

« Autrefois impensable dans le discours politique allemand » ce « tuer des soldats russes » ? Dans celui de l’Allemagne de l’Est communiste (où Poutine était colonel du KGB en poste) ? Sans aucun doute… En Allemagne de l’Ouest, en revanche, on garde plutôt le souvenir d’un peuple pas vraiment imbelle et tout au contraire, à l’égard des envahisseurs russo-soviétiques…

Ce qui fait peur à l’Europe libre aujourd’hui – et la Fedorova et ses collabos locaux devront le comprendre nolens volens – ce n’est pas l’Allemagne qui se renforce face aux menaces de Moscou, mais bel et bien la Russie qui menace directement la libre Europe. Jusque dans nos médias.
Alain Sanders

 

 

 

 

 

vendredi 18 juillet 2025

Interrogations pour cette fin de semaine

 1) Suicide d’Olivier Marleix ?

Plusieurs amis dignes de foi m’affirment qu’Olivier Marleix n’était pas du tout de psychologie suicidaire. Je ne l’ai jamais rencontré mais j’ai bien connu son père au Parlement européen, un collègue très aimable et plein d’humour auquel j’exprime toutes mes condoléances. Il a été comme moi élu en 1984 puis en 1989 avant de changer d’assemblée.

Le cas d’Olivier Marleix ne s’inscrit-il pas dans la continuité des mystérieuses morts de Robert Boulin, de François de Grossouvre et de Pierre Bérégovoy ? Bien sûr, on est loin des 62 éliminés des services russes depuis le début de l’année, quelquefois mystérieusement défenestrés.

Boulin, noyé dans 50 centimètres d’eau dans une forêt de la région parisienne.

Bérégovoy, étrangement suicidé de deux balles dans la tête.

2) Comment Léon XIV va-t-il gérer le dossier traditionaliste dans l’Église ?

Sous ce titre, un article très important sur pleine page de l’excellent chroniqueur religieux du Figaro, Jean-Marie Guénois. En préambule de ce texte, les lignes suivantes : « Il y a 4 ans, François restreignait drastiquement la possibilité de dire la messe selon le rite tridentin. L’affaire qui a nourri un malaise ecclésial profond est revenue début juillet sur le bureau du nouveau pape ».

Le malaise, selon Guénois, est en fait venu de ce que : « pour justifier sa décision d’abroger l’œuvre de son prédécesseur, qui avait ouvert les portes aux traditionalistes en 2007, François avait écrit noir sur blanc s’être appuyé sur une enquête menée auprès de 5000 évêques. Selon lui, elle démontrait qu’une majorité de ces prélats demandait un sévère tour de vis contre « l’ancienne messe », au motif que cette liturgie créait autour d’elle des « communautés parallèles » de catholiques qui divisaient l’Église. Mais, poursuit Guénois, le document publié le 1° juillet, qui provient des très sérieuses archives de la Congrégation de la Doctrine de la Foi affirment le contraire : selon ce texte, les évêques consultés demandaient au pape de ne pas toucher l’équilibre entre rite ordinaire et rite extraordinaire : « La majorité des évêques concernés par le questionnaire (…) se déclarent en fin de compte satisfaits » (…). Dans les endroits où le clergé a collaboré étroitement avec l’évêque, la situation a été totalement apaisée ».

Guénois écrit que c’est une journaliste américaine, ouvertement proche des milieux traditionnalistes, Diane Montagna, qui a ouvert le ban en publiant ces extraits sur le site Substack. Diane Montagna écrit : « Je ne dis pas que le pape François a menti. Mais ce que nous pouvons affirmer avec certitude, c’est que les raisons qu’il a données pour publier « Traditionis Custodes » ne correspondent pas au rapport officiel de la Congrégation de la Doctrine de la Foi sur son enquête auprès des évêques ».

3) Ukraine : « Déni de la défaite ? »

Dans la page Opinions du Figaro de ce vendredi, l’historien de la première guerre mondiale Stéphane Audouin-Rouzeau exprime que selon lui « nous sommes dans le déni de la défaite de l’Ukraine car c’est aussi la nôtre ».

On extraira seulement de ce long entretien les lignes suivantes : « Si les politiques - ce serait à eux de le dire – reconnaissaient que l’Ukraine a perdu la guerre, il faudrait logiquement qu’ils ajoutent un codicille : « Elle l’a perdu à cause de nous ».

Non seulement nous avons été incapables de comprendre que la Russie allait attaquer, mais nous avons aussi été dans le déni de l’inadaptation de notre soutien : « Toutes les armes que nous avons livrées à Kiev sont arrivées trop tard, à contretemps par rapport à la situation sur le champ de bataille. En particulier à cause de l’Allemagne, l’Ukraine s’est battue avec une main dans le dos ; voire les deux ».  

Cela est sans doute vrai mais, comme l’a excellement développé Alain Sanders dans un précédent article sur ce blog, l’Ukraine n’est pas vaincue. Elle ne pourrait l’être que si, au lieu du soutien désormais promis par les Américains et les pays européens, c’était la continuation dans une politique de trahison qui l’emportait.  

jeudi 17 juillet 2025

Les libres propos d’Alain Sanders

 Ukraine : tout est encore possible !

Assez récemment, je racontais à Bernard Antony que lorsque, petit lascar turbulent, je faisais l’intéressant en feignant de  loucher, ma grand-mère me disait : « Arrête de faire ça : si un mauvais courant d’air passe, tu vas rester bigleux toute ta vie… » Et je poursuivais en disant, Trump semblant revoir sa copie sur l’Ukraine : « Espérons que va passer un bon courant d’air qui va le fixer dans de mêmes bonnes résolutions… »

Pour l’heure, cela semble être le cas. Après avoir scandaleusement annoncé son désir de se désengager d’Ukraine, Trump, notamment touché par une bonne fée (en l’occurrence son épouse, Melania : née en Slovénie, elle sait qu’il ne faut rien attendre des Russes sinon le pire et elle a fini par l’en convaincre), annonce désormais de nouvelles livraisons d’armes à Kiev. À commencer par les très efficaces systèmes de défense antiaériens Patriot et des missiles ATACMS. À continuer par la menace de lourdes sanctions douanières à l’encontre des alliés de Moscou (la Chine communiste en tête).

Trump aura mis le temps à comprendre que Poutine (KGB un jour, KGB toujours) était en train de le manipuler. Presque six mois. Mais restons prudents : l’ultimatum de « cinquante jours » envoyé à Poutine est anormalement long. Il n’empêchera pas Moscou  de lancer cette grande offensive d’été (que nous annonçons depuis de semaines dans Reconquête et sur ce blog). Reste qu’à Moscou on a compris que le vent avait tourné. « Nous prenons les menaces de Trump au sérieux » a déclaré le boutefeu Medvedev, éternel homme de paille de Poutine, tandis que le journal poutiniste Kommersant titrait en une : « Trump a rejoint le parti de la guerre ».

Il ne faut jamais oublier que Trump est aussi – est surtout diront certains – un businessman. Il a ainsi pris en compte le fait que ce sont les Européens qui vont acheter – et payer comptant – les armes américaines destinées à l’Ukraine. D’où un nouveau credo de sa part (lui qui, il y a un mois encore, tenait l’Europe pour de la roupie de sansonnet) : « Avoir une Europe forte est une très bonne chose ».

Ce qui importe surtout, c’est que ce new deal trumpiste soit une bonne chose pour l’Ukraine. La livraison à Kiev de systèmes de défense antiaériens, de missiles de longue portée (et la possibilité de frapper Moscou comme Moscou frappe Kiev) et d’autres munitions, est un message que Poutine peut comprendre : il ne gagnera jamais la guerre qu’il a déclenchée contre un pays libre il y a trois ans et demi.

Mais il faut faire vite. Chaque jour compte pour l’Ukraine. Les bombardements meurtriers sur Kiev et, désormais, des villes de l’ouest (près de la frontière polonaise) sont quotidiens et frappent des civils (dans la seule nuit du 11 au 12 juillet, 597 drones et 26 missiles de croisière Kh-10).

Sur la ligne de front, les Russes ont perdu 100 000 soldats depuis janvier dernier. Et ils sont statiques. Mais, nous avons eu l’occasion de le dire, Poutine, comme Staline naguère, est prêt à sacrifier des centaines de milliers d’hommes puisés dans un vivier ethnique inépuisable.

Grâce à leurs drones (made in Ukraine), les Ukrainiens ont mis en place une kill zone (une zone où si tu pénètres, tu meurs…) d’une trentaine de kilomètres. Ce qui limite grandement les éventuelles velléités offensives russes. D’où le changement de stratégie de Poutine : bombarder à outrance les civils pour les terroriser. Il est donc urgent, n’en déplaise aux humanistes de salon, de lui répondre sur le même ton…

Alain Sanders




mercredi 16 juillet 2025

A l’heure des grands périls


1)     Annonces de Bayrou

L’incontournable réalité, c’est que depuis longtemps la France est chaque jour un peu plus surendettée.

Je n’ai pas une grande estime politique pour François Bayrou qui, avant d’être premier ministre, a approuvé comme député les pires aspects de la politique macronienne, et notamment, avec presque tous ses collègues parlementaires, la constitutionnalisation de l’avortement, ce meurtre dans le sein de leur mère des petits enfants privés de leur droit de naître.

Bayrou n’a pas non plus dit un mot devant les incessantes rebuffades infligées à la France par le gouvernement crapuleux barbaresque de l’Algérie, et notamment l’éternisation de la séquestration de Boualem Sansal.

Mais encore une fois, Bayrou est confronté au défi de faire face à la catastrophique situation économique de notre pays, dont il a rappelé sans être contredit par quelque parti que ce soit que la dette augmente chaque seconde de 5000 €. Il propose donc un certain nombre de mesures pour parvenir à une « stabilisation et une baisse » de la dépense publique qui, selon les comptables du budget national ne pourrait être obtenues que par un effort de réduction des dépenses de l’État à hauteur de 43.8 milliards d’euros. Parmi celles-ci :

-          sa proposition de ne plus remplacer qu’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ;

-         la non-revalorisation en général ou catégorielle des salaires dans la fonction publique ;

-         la décision d’une « année blanche » en 2026, c’est-à-dire de non-augmentation des prestations et des barèmes des services de l’État ;

-         la fin de la dérive de la durée des arrêts-maladie ;

-         le passage à 100 € de la franchise annuelle de remboursement des médicaments ;

-         une réforme de l’abattement pour les retraités de 10 % de l’impôt sur le revenu ;

-         enfin la suppression de deux jours fériés, le 8 mai et le lundi de Pâques, mesure devant laquelle le président du RN Jordan Bardella voit rien moins qu’une « provocation ». Observons tout de même que pareil mot n’a pas été employé pour les lois sociétales portant atteinte à la vie innocente. 

D’ailleurs le gouvernement Bayrou, pas plus que le Rassemblement National, n’en propose une remise en cause. 

Enfin et surtout, Bayrou n’a présenté aucune mesure de remise en cause des dépenses dues à l’immigration, alors que par exemple on apprend par ailleurs que doit être augmenté le nombre des réfugiés gazaouis dans notre pays ; comme si ces derniers ne devaient pas plutôt être accueillis par les riches pays de même culture islamique que Gaza, comme l’Arabie saoudite ou les États du Golfe.

Conclusion de cela : il faudrait être singulièrement naïf pour ne pas comprendre que les impôts vont globalement augmenter en 2026 et notamment ceux frappant les classes moyennes.

2)     « État de Nouvelle-Calédonie » ou "République française de Nouvelle-Calédonie" ?

J’ai bouclé hier la préparation du numéro de Reconquête de juin-juillet. Avec un peu de retard donc, en raison de l’arrivée tardive de certains articles dus à quelque heureux mariage ou à des départs en vacances prématurés. Nos abonnés voudront bien nous excuser. Cela n’est pas si grave puisque Reconquête paraît dix fois par an et que le numéro qui suivra sera daté d’août-septembre. La couverture du numéro de juin-juillet en fin de fabrication aura pour titre : « Non au largage de la Nouvelle-Calédonie française concocté par Valls, Macron et la franc-maçonnerie ».

On sait en effet le rôle funeste joué par certaines obédiences maçonniques dans les soubresauts de ce magnifique territoire ultra-marin que lorgnent depuis des années aussi bien la Chine que l’Australie ou même, incroyablement, que l’Azerbaïdjan, trop longtemps instrumentalisé par les Russes contre la France.

J’ai écrit hier sur la Nouvelle-Calédonie l’éditorial du prochain numéro de Reconquête titré comme indiqué plus haut. Au moment où je m’apprêtais ce matin à en faire autant pour ce blog est arrivé sur mon écran l’excellent article sur la question de l’ami Sanders.

C’est du très bon Sanders. Je ne peux aujourd’hui rien écrire de mieux.

Je note que l’article de ce jour sur la question, dans le Figaro, d’Eric Descheemaeker est titré : « Si on ne lève pas ces ambiguïtés, l’accord sur la Nouvelle-Calédonie pourrait mener au désastre ». Je constate la convergence des inquiétudes, puissent-elles n’être pas fondées !

3)    Admirable Ukraine !

Triste successeur de son démoniaque modèle Felix Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka et du Goulag, Poutine continue à bombarder quotidiennement l’Ukraine avec des centaines de missiles russes et drones iraniens.

Souvenons-nous de ce que le 20 décembre 1999, en sa qualité de nouveau premier ministre de la Fédération de Russie, il avait organisé à Moscou, à la Loubianka, une grande cérémonie d’hommage à ce monstre sanguinaire, si admiré de Staline, dont Poutine ne cesse de réhabiliter la mémoire, comme au meilleur temps de l’URSS.

Aujourd’hui, la Russie de Poutine, la Chine de Xi Jinping, la Corée du nord de Kim Jung Un et l’Iran de Khameneï ne cessent d’exalter leur éternelle amitié. Cela ne trouble pas toute une certaine extrême-droite païenne, voire chrétienne, et même quelquefois « catho-tradi ». Que Dieu leur pardonne !

Les libres propos d’Alain Sanders


Le largage de la Nouvelle-Calédonie est acté. Avec l’aval des loyalistes !

 

Une photo peut résumer bien des choses. Comme celle où l’on voit Macron et Valls (renvoyé naguère comme un malpropre par les Catalans) présider la réunion de début juillet à Bougival avec les signataires d’un accord que nous allons dire sur fond de trois drapeaux : le drapeau français, celui de leur Europe, celui des indépendantistes kanaks. Le déploiement officiel d’une souquenille anti-française est emblématique d’un accord qui acte le largage de la Nouvelle-Calédonie. Avec l’aval de certains loyalistes, hélas…

Macron et Valls, qui se sont un temps frittés sur le sujet (Valls voulant une mise en place rapide de la « décolonisation » du Caillou), ont salué un accord de « dimension historique ». Historique, il l’est dans la mesure où l’acceptation de la création d’un « Etat calédonien au sein de la République française » va bouleverser le destin de l’archipel français. Avec des entourloupes qui ne trompent personne. Un Etat est détenteur d’une souveraineté sans partages. Comment imagine-t-on, sans prendre les gens pour des imbéciles, d’intégrer un « Etat calédonien » dans l’Etat français ? D’autant qu’on évoque déjà la possibilité des transferts des compétences régaliennes de Paris à Nouméa dans les domaines de la sécurité, de la diplomatie, de la monnaie, de la justice, de la police.

 

On prévoit aussi une « nationalité calédonienne ». Avec quel effet ? La double nationalité : calédonienne et française ? Un passeport calédonien ou deux passeports, l’un français, l’autre calédonien ? Dans tous cas de figures, à qui iront les allégeances patriotiques des uns et des autres ? A l’ « Etat calédonien » ou à l’Etat français ? A terme – et sans doute à très moyen terme – on marchera vers une indépendance de fait.

On peut s’étonner que la présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie, Sonia Backès, en pointe jusque-là pour ses vigoureuses prises de position anti-indépendantistes, applaudisse à ce mauvais coup porté aux loyalistes (mais sans doute est-elle de l’école de feu Jacques Laffleur souvent droit comme un S). Quand on lui objecte que l’accord prévoit la mise en place d’une Loi fondamentale calédonienne (qui mettra fin à la Loi française sur l’archipel), elle botte en touche : « La loi fondamentale se consacrera sur des problématiques très locales, ce que nous appelons l’auto-organisation, dans un cadre très réglementé. Rien ne pourra s’opposer à la Constitution française ni à la loi organique. Cette loi fondamentale concernera plutôt des questions identitaires : aura-t-on un drapeau, un hymne, une devise… ».

Avec un drapeau spécifique (celui des Kanaks flotte déjà sur l’archipel), un hymne qui ne serait pas La Marseillaise, et une monnaie différente de celle de la métropole, la Nouvelle-Calédonie serait de facto un Etat souverain à part entière, hors de la République française.

Tout n’est cependant pas joué d’avance. Car une frange importante du camp loyaliste est vent debout contre ce largage (à peine sournois tant on en voit les grosses ficelles). Et une grande partie des membres du FLNKS dénoncent – comme une « trahison » – l’accord signé par leurs représentants au motif qu’il remet l’indépendance exigée à plus tard. Les émeutiers qui, l’an dernier, ont fomenté une insurrection raciste, sont prêts à remettre le couvert.

Un point positif cependant : quelque 25 000 Calédoniens, jusqu’alors privés du droit de vote (une intolérable exigence des Kanaks démographiquement et électoralement minoritaires dans l’archipel), pourront voter dès les élections provinciales de 2026. Mais, on le sait : à trois reprises, la Nouvelle-Calédonie a choisi de rester française. Ce qui aurait dû siffler la fin de la récréation. Ce serait sans compter sans Macron, la gauche et l’extrême gauche portés par une idéologie « décoloniale » fanatique. Avec des effets jusqu’en métropole dans les zones de non-France.

Alain Sanders