mercredi 29 octobre 2025

Les libres propos d’Alain Sanders


Triomphe de Javier Milei aux législatives argentines : « Viva la libertad carajo ! »

 

Viva la libertad carajo ! : c’est par ce slogan enthousiaste (1) et repris par des milliers d’Argentins que Javier Milei a fêté sa large victoire – et le mot est encore faible – aux législatives du 26 octobre dernier.

Par pure charité chrétienne, je vous ferai grâce des articles haineusement gratinés de la plupart des médias français avant ces élections : quasiment tous anti-Milei, ils annonçaient avec une joie mauvaise la déroute du parti du très atypique – un « populiste de droite » comme ils disent, autant dire le diable – président argentin. Fatalitas ! Le parti présidentiel LLA (« La Liberté avance ») a déjoué tous les pronostics gauchardingues. Il paraît que le bolcho Maduro, le sandiniste Ortega, les autres résidus castristes d’Amérique latine et, chez nous, leurs sycophantes à la Mélenchon, en pleurent des larmes de sang…

Ces journalistes français, nourris et intoxiqués par Libération et Le Monde, engeances gauchistes de la désinformation, auraient été bien inspirés, histoire de ne pas se planter aussi lourdement, de lire ce que disait, avant les élections, l’un des conseillers de Javier Milei, le penseur argentin Agustin Laje (auteur d’un livre remarquable paru en 2022, La Bataille culturelle) : « Milei a touché le cœur des pauvres, quand on pensait que la droite ne parlait pas aux pauvres (2). Il a séduit les jeunes alors qu’on pensait que la droite c’était pour les vieux. Avant, les gens pensaient que, pour être révolutionnaire, il fallait être de gauche. Aujourd’hui, être révolutionnaire, c’est être de droite ! ».

La veille même du scrutin, les gaucho-wokistes argentins (et ceux de chez nous) expliquaient avec le sérieux des ânes rouges : « Il y a un grand désenchantement envers Milei. Les gens ont compris. Il va se planter ». En fait de « désenchantement », c’est raté : à l’Assemblée, le parti LLA a gagné 56 sièges supplémentaires et il en a engrangé 12 de plus au Sénat !

Président de la Chambre des députés et vice-président de LLA, Martin Menem, alors que les sondages étaient défavorables audit LLA, avait affiché une totale confiance quant à l’issue des votes : « Nous allons gagner car Javier Milei a fait ce qu’il avait dit qu’il ferait. L’image de la tronçonneuse a dégrossi l’Argentine d’une caste politique qui imposait son endoctrinement. La culture et l’éducation avaient peu à peu été pénétrées par le populisme de gauche afin de défendre des idées rétrogrades qui ont fait du mal au pays. Nous voulons avancer pour faire de l’Argentine le pays le plus libre du monde ».

Javier Milei s’était notamment engagé à contrôler l’inflation (ce qui, en Argentine, n’a jamais été une mince affaire…). Il l’a fait. Son écrasante victoire électorale est le signal reconnaissant envoyé par des électeurs tout ébaubis – et ravis tout autant – d’avoir au pouvoir un président qui tient ses promesses. « Loin de ceux qui – comme le remarquent les politologues argentins (Pablo Touzon, par exemple) – pensent que l’économie peut s’arranger en faisant la danse de la pluie, ceux qui ne sont bons qu’à mettre des bâtons dans les roues ».

L’une des autres clefs du succès de Milei, c’est qu’il a su convaincre une jeunesse argentine écœurée jusque-là par la politicaillerie. Une jeunesse désormais largement conquise et qui résume ainsi son adhésion : « Milei, ça nous change des politicards pourris en costard-cravate (3). Lui, il se sacrifie pour le pays, pas pour s’en mettre plein les poches ». Carajo !

Alain Sanders

 

(1)   Le mot carajo – un peu rude pour des oreilles sensibles – signifie grosso modo « bordel ». Il vient du latin characulum. Il est couramment utilisé, avec certaines nuances sémantiques en Amérique latine. Il est prohibé du discours public au Mexique (à raison de certaines connotations gaillardes sur lesquelles je ne dirai rien de plus…).

(2)  Ce qui serait d’ailleurs oublier, en l’occurrence, notre petite Eva Perón et ses fidèles descamisados.

(3)  C’est vrai qu’il est plutôt adepte du solide perfecto en cuir noir (difficile de lui jeter la pierre…).