L’affaire Christophe Gleizes : la France de Macron à nouveau ridiculisée par les barbaresques d’Alger pour qui rien n’est jamais trop gros pour humilier notre pays
Après la libération de Boualem Sansal (grâce à l’Allemagne au prix d’un deal économique avec Alger), l’affaire Christophe Gleizes est devenue l’un des symboles des tensions répétées, des enjeux sécuritaires et des (mauvaises) relations diplomatiques franco-algériennes.
Arrêté en mai 2024 alors qu’il réalisait un
reportage sportif en Kabylie, le journaliste français a été condamné à sept ans
de prison pour « apologie du terrorisme » et « détention de matériel de
propagande ». Ce qui fait quand même beaucoup – mais pour Alger rien n’est
jamais trop gros quand il s’agit d’humilier la France – pour un journaliste
dont on n’aura vraiment découvert le nom et l’existence (à moins, bien sûr,
d’être passionné par le football africain dont Gleizes est un spécialiste
incontesté) qu’à l’occasion de cette pitoyable affaire.
Reporter pour les magazines So Foot et Society (que l’on a vu régulièrement militer contre la droite
nationale soit dit en passant, sortant ainsi du cadre de leur compétence en
survêt, ce qui mériterait un carton rouge…), Christophe Gleizes s’était rendu
en Algérie pour documenter l’histoire et l’environnement de la Jeunesse
Sportive de Kabylie (JSK), l’un des clubs les plus emblématiques du pays. Entré
sur le territoire algérien avec un visa touristique — une pratique courante
chez de nombreux journalistes en reportage, l’Algérie ne voulant pas accorder
les droits journalistiques habituels —, il avait commencé à mener plusieurs
entretiens, dont certains avec des figures locales liées au Mouvement pour
l’autodétermination de la Kabylie (MAK). Ce mouvement, interdit en Algérie
depuis 2021 et classé, de manière surréaliste, comme « organisation
terroriste » par les autorités d’occupation arabo-musulmanes, cristallise
les tensions nationales autour de la question identitaire kabyle. La question
ne se posant d’ailleurs plus de savoir si la Kabylie sera bientôt libre, mais
quand.
Le 28 mai 2024, lors d’un contrôle à Tizi Ouzou, le journaliste est arrêté. Son
matériel est confisqué et une enquête est ouverte. Gleizes est alors placé en
détention provisoire. Il y restera plus d’un an avant son procès.
Fin juin 2025, le tribunal algérien prononçait une peine de sept ans de prison
ferme. Les chefs d’accusation reposent notamment sur la possession d’entretiens
ou de documents considérés comme susceptibles d’encourager un discours
séparatiste. Selon ses avocats, aucun élément matériel ne permet d’établir une
intention de nuire ou une sympathie pour qui ou quoi que ce soit : l’expertise
de son ordinateur ne révèle aucune trace de propagande ou d’activité politique.
Jusque-là, Christophe Gleizes était connu dans les milieux sportifs pour ses
travaux centrés sur le sport, les cultures populaires et le reportage de
terrain, loin des problématiques géopolitiques. Lors de son procès en appel,
ces jours derniers, le parquet a requis dix ans de prison. La cour a confirmé
finalement la peine initiale (sept ans de prison ferme).
Sur les conseils de ses avocats (qui croient encore au Père Noël), il a admis,
et s’en est tactiquement excusé, avoir sous-estimé la sensibilité politique du
terrain. Cela n’a pas suffi à attendrir ses juges…
Alors que l’emprisonnement de Boualem
Sansal n’avait déclenché quasiment aucun mouvement de solidarité d’importance,
dès l’annonce de la sentence contre Gleizes de nombreuses organisations
françaises et internationales, souvent marquées à gauche et à l’extrême gauche
comme le Syndicat national des journalistes (SNJ), la Fédération internationale
des journalistes (FIJ) ou encore Reporters Sans Frontières (RSF), se sont
mobilisées pour dénoncer une condamnation « absurde » et « dangereuse » pour la
liberté d’informer. Des tribunes de soutien sont publiées, notamment par des
journalistes sportifs, des rédactions et des écoles de journalisme.
En France, le gouvernement (bien discret quand Sansal croupissait dans les
geôles algériennes) a exprimé sa « préoccupation » et demandé un traitement
« juste et proportionné ». Sans aller cependant jusqu’à la
confrontation diplomatique : la complaisance de Macron (et désormais celle
du pied-rouge Nunez) pour le satrape Tebboune ne connaît aucune limite.
L’affaire met par ailleurs en lumière l’impossibilité pour les journalistes
(algériens ou étrangers) d’enquêter dans certaines zones sensibles. En Algérie,
l’ombre du MAK, très populaire et très implanté, et les tensions identitaires
en Kabylie rendent la frontière particulièrement floue entre reportage, enquête
et ce que l’État autocratique peut considérer comme « activité
politique ». C’est ainsi que l’interview d’un membre d’un groupe
controversé, dans le cadre d’un travail journalistique constitue un acte de
propagande automatiquement passible d’une lourde peine de prison dans le
meilleur des cas. Et, pour les journalistes autochtones, une élimination
physique pure et simple dans le pire.
Aujourd’hui, Christophe Gleizes est devenu un symbole : celui d’un journaliste emprisonné pour avoir exercé son métier dans un contexte où l’espace d’expression est inexistant. Son cas interroge la responsabilité de la France (et des rédactions) dans la protection de ses ressortissants (et de leurs reporters). Cet otage d’Alger interroge surtout sur la question de savoir jusqu’à quand et jusqu’où Macron et consorts accepteront d’être humiliés, et le mot est faible, par des bandits arrogants et haineux. Il fut un temps – mais ça, c’était avant – où un coup d’éventail vaguement esquissé déclenchait un débarquement libérateur à Sidi-Ferruch…
Alain Sanders