Même si Philippe de Villiers, excellemment inspiré sur d’autres plans, semble admirer quasi inconditionnellement Vladimir Poutine, ce dernier, à bien observer son idéologie et sa stratégie, n’en a pas moins un très abominable modèle qui, tout de même, saute aux yeux.
Ainsi, comment expliquer jadis l’appellation « Wagner » donnée à son organisation de forces spéciales créée pour mener des opérations ciblées dans le Donbass dans les années 2014-2022, avant même d’appeler « opération militaire spéciale » son invasion de l’Ukraine, certes pas militairement très glorieuse.
Souvenons-nous : le patron de Wagner était le lieutenant-colonel Dimitri Outkine qui avait choisi de se faire appeler Wagner, tout comme sa milice, non seulement en hommage au compositeur allemand qu’il admirait, mais aussi parce qu’il était un grand admirateur du Troisième Reich et d’Adolph Hitler.
Selon le surnommé Marat Gabidullin, ex-commandant de l’armée Wagner, et auteur du livre « Moi, Marat, ex-commandant de l’armée Wagner-Au cœur de l’armée secrète de Vladimir Poutine » : « L’admiration de nombreux officiers russes pour les nazis n’était pas si paradoxale. L’explication, écrit-il, « réside en partie dans la montée en puissance du paganisme panslave en Russie ».
Car, selon Marat, un tiers environ des effectifs de Wagner était adepte de la « Rodnovérie », un mouvement néopaïen né dans les années 1980 et qui « sur les questions ethniques est très inspiré du discours racialiste allemand »(1).
Marat écrit que certains « rodnovers », comme Dimitri Outkine, ont des opinions d’extrême-droite ouvertement néo-nazies. Il affirme avoir vu sur le torse d’Outkine un « kolovrat » tatoué (une croix gammée slave), et tatouées aussi des Runes slaves.
L’autre personnage-clé de Wagner, longtemps très lié à Poutine - son grand ami de Saint-Petersbourg – était, on s’en souvient, le célèbre Evgueni Prigojine, le chef en juin 2023 de la révolte de Wagner contre l’état-major général des forces armées de la Fédération de Russie ; mais, sans avoir pour autant voulu liquider Poutine, du moins l’affirma-t-il. Mais Poutine, lui, ne rata pas Prigojine qui mourut, ainsi que d’autres cadres de Wagner, dans l’accident de l’avion qui les transportait.
Élimination dans la continuité de celles de très nombreux opposants à Poutine. Le 6 juin 2025, sur décision de ce dernier, Wagner quitta le Mali et fut remplacé par « Africa Corps ».
Non, on ne rêve pas, le dictateur russe avait bel et bien décidé de substituer à la milice Wagner une nouvelle force appelée « Africa Corps », comme l’armée de Rommel, le plus célèbre des maréchaux d’Hitler. Là, plus de doute, Poutine n’a aucun complexe. Lui qui, nonobstant le fait que Volodymyr Zelenski est juif, accuse les ukrainiens d’être des nazis, ne se gêne pas en puisant dans le modèle hitlérien. Ajoutons surtout à cela que sa stratégie annexionniste est à l’évidence calquée sur le modèle de la stratégie hitlérienne de l’Anschluss visant à conquérir tous les territoires de langue allemande.
Poutine, de même, entend rassembler tous les territoires russophones de l’ancienne URSS, et d’abord l’Ukraine, comme si tous les ukrainiens, parce que certains parmi eux sont en effet russophones, (comme Zelenski !) devraient être russes !
Comme si les Belges qui parlent le français ne devaient pas être belges !
Le catholique Philippe de Villiers, excellent mémorialiste des abominations du génocide vendéen, ne semble hélas pas gêné par les cérémonies à la Loubianka d’hommages rendus aux tchékistes qui perpétrèrent en Ukraine le génocide de l’Holodomor, aussi monstrueux que l’extermination des juifs par les nazis. Il ne semble pas non plus gêné par l’incessante glorification poutinienne de Staline, « ce frère jumeau hétérozygote d’Hitler » selon l’expression du grand historien Pierre Chaunu.
(1) On comprend ici la fascination pour Poutine de certaines personnalités de la nouvelle droite française.