Face aux provocations – de plus en plus rapprochées – de Poutine, la tragique impuissance de l’OTAN pusillanime
Nous nous abstiendrons, dans une sorte de triste inventaire à la Prévert, de faire un relevé exhaustif des provocations répétées – de plus en plus rapprochées, de plus en plus menaçantes – de Poutine. Sinon pour évoquer les dernières en date : Pologne, Roumanie, Finlande, Estonie, Danemark, Norvège, etc. Dans le même temps, les Russes bombardent jour et nuit les populations civiles ukrainiennes et viennent de lancer une offensive massive dans la région de Kharkiv.
Il y a quelque temps de ça, le satrape islamo-turc Erdogan, qui est pourtant un comparse empressé de Poutine, n’avait pas hésité à faire abattre un avion de chasse russe qui s’était aventuré (« égaré », dira Moscou) dans l’espace aérien ottoman. Et le Kremlin n’avait pas moufté.
L’OTAN, qui fut naguère (et déjà jadis…), un efficace « parapluie » contre l’URSS et ses alliés serfs, regarde aujourd’hui passer – en regardant ailleurs semble-t-il – les avions de combat et les drones russes. Des aéronefs ennemis qui évoluent, sans être inquiétés plus que ça, dans les espaces aériens de pays membres de l’Alliance. Ce qui ne provoque (et encore, moderato cantabile…) que de misérables communiqués. Quand Trump, nettement plus expéditif, explique que « l’Alliance devrait abattre les avions russes qui violent les espaces aériens des pays membres de l’OTAN ».
On en est arrivé à ce paradoxe que l’Union européenne, sensée se tenir militairement aux côtés de l’Ukraine envahie, a décidé d’investir dans l’industrie de l’armement… ukrainienne pour se protéger des drones russes ! Et que l’OTAN, sorte de tigre en papier désormais, en est réduite à adopter une sorte de dispositif de dissuasion en s’appuyant sur l’expérience des Ukrainiens.
Piteusement, Andrius Kubilus, commissaire européen à la Défense, fait l’aveu de cette incroyable amateurisme face aux menaces russes : « L’expérience de l’Ukraine pour contrer les drones russes est un atout pour la préparation de l’Union européenne en matière de défense à l’horizon 2030 ». Preuve, s’il en était encore besoin, que l’Ukraine est la première ligne de défense face à Poutine. Les survols répétés de pays européens par les avions et les drones russes sont autant d’avertissements arrogants envoyés aux Occidentaux : « Vous êtes incapables de protéger l’espace ukrainien (1). Et nous sommes en train de vous prouver que vous seriez incapables de protéger les territoires de l’Union européenne ».
Pour l’heure, l’OTAN se contente de répéter : « L’escalade doit cesser ». Ce qui fait dire – sans rire – à certains commentateurs européens : « L’Otan a décidé de hausser le ton ». Il paraît qu’ils en tremblent encore à Moscou…
Un communiqué du Conseil de l’Atlantique Nord précise : « Les 32 pays alliés de l’OTAN emploieront, dans le respect du droit international (2), tous les outils militaires et non-militaires qu’ils jugeront nécessaires pour se défendre et pour écarter toutes les menaces, d’où qu’elles viennent ».
Une vingtaine de drones sur la Pologne. Trois avions de combat pendant 12 minutes dans le ciel estonien. L’aéroport de Copenhague survolé de longues minutes, au point de devoir stopper tout le trafic aérien, par des drones menaçants. Etc. Malgré les rodomontades de l’opération Eastern Sentry (« Sentinelle orientale ») installée par l’OTAN, rien – ni personne – n’empêche Moscou de se balader sans être jamais inquiété.
Les semaines à venir vont être déterminantes. Pour l’Ukraine, bien sûr. Mais pas seulement.
Alain Sanders
(1) Cela fait des mois et des mois que l’on promet un déploiement aérien et sol-air pour quadriller le ciel de l’Ukraine…
(2) Face à un stalinien qui s’assoit allégrement sur le droit international, lui…