lundi 22 septembre 2025

Les libres propos d’Alain Sanders

 

On ne fera pas rentrer Tsahal dans ses casernes cette fois-ci

 

Massada l’héroïque. Massada proche de deux voies antiques : la route qui traversait le centre du désert de Judée et menait vers le sud du pays de Moab en Transjordanie ; la route qui reliait l’Idumée, le Moab et l’Arava à En Guedi et à Jérusalem.

En 72, après la conquête de Jérusalem par Titus, un groupe de quelque mille rebelles juifs (les Zélotes) se retranchent – hommes, femmes, enfants – sur un piton du bout du monde, Massada. Un plateau désertique entouré de falaises infranchissables (sauf pour des Romains…). Pendant des mois, les combattants juifs résistent aux soldats de la Xème Légion de Flavius Silva qui ont installé huit camps – on peut toujours les voir – autour de la forteresse assiégée. Ces camps, les fortifications et la rampe d’assaut qui permit aux Romains d’ouvrir une brèche, constituent le complexe de siège romain le plus complet conservé jusqu’à nos jours.

A quelques heures de l’assaut final, les défenseurs de cet Alésia du Néguev et leur chef, Eléazar, refusant d’être réduits en esclavage, vont se donner la mort. Flavius Josèphe, ancien gouverneur de Galilée pendant la première guerre judéo-romaine (66-70), puis historien à Rome où il avait été emprisonné, a raconté cette tragédie. Et comment les sicaires (1), élite combattant dominante au sein de la rébellion, formèrent des groupes de dix personnes, l’une d’entre elles devant sacrifier les neuf autres et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un seul exécuteur (2).

Le chef des rebelles, Eléazar, échappa ainsi au sort réservé à Vercingétorix, traîné au triomphe de César à Rome, enfermé des années durant dans un ergastule et finalement étranglé (3).

Les unités de Tsahal prêtent serment à Massada : «  Massada ne tombera pas une seconde fois » (4). Ni Massada, ni Eretz Israël.

Les palinodies de la France et de ses suiveurs à l’ONU, avec cette reconnaissance – le jour de Roch Hachana – d’un « Etat palestinien », sans territoire et sans existence nationale tangible, est un indicible cadeau aux terroristes du Hamas en même temps (comme dirait l’autre) qu’un crachat au visage des croyants israélites. Mais cette honteuse reconnaissance a déjà pour effet de renforcer la détermination de Tsahal d’aller jusqu’au bout. Pour en finir avec les violeurs, les dépeceurs, les égorgeurs du 7-Octobre. On ne fera pas rentrer Tsahal dans ses casernes cette fois-ci.

L’image du « Juif errant », en Europe, a longtemps occulté – au moins jusqu’à la délivrance de 1948 – que Jéhovah, le Dieu d’Israël, est aussi le Dieu des armées. Au cours des siècles – et même des millénaires – les Juifs se sont battus contre les Assyriens, les Babyloniens, les Egyptiens, les Cananéens, les Moabites, les Philistins, les Ammonites, les Perses, les Grecs, les Romains.

Dans la décision des défenseurs de Massada de préférer la mort à la servitude, l’Israël moderne voit le symbole de sa propre volonté de ne plus jamais se laisser faire : « Jamais plus Massada ne tombera », dit un poème israélien des années soixante.

Un peuple de guerriers même après la diaspora, il ne faut pas l’oublier. Après la dispersion du peuple d’Israël, on trouvera ainsi des mercenaires juifs dans toutes les armées de la région. Chez les Ptolémée égyptiens et chez les Séleucides perses, par exemple. Même après l’an soixante-dix, les Romains continuèrent à enrôler des Juifs dans leurs légions et à les considérer comme des unités d’élite..

Aujourd’hui se répète, pour Israël, le combat de David contre Goliath (avec la France macroniste aux côtés de Goliath). En 1968, Shimoun Pérès, déjà sans illusions, disait : « La France resta longtemps pour nous un espoir. Mais la politique française devient mauvaise. Je pense que l’on n’a pas très bien compris à Paris ce que cherchent les pays arabes (…). Si la France n’a plus aucune influence en Israël, elle cessera du même coup à en avoir à Beyrouth et au Caire ». L’histoire ne se répète pas, mais elle se mord la queue…

Les jeunes Israéliens – les David de notre temps – savent qu’ils devront se battre une partie de leur vie pour que leur pays vive (et même survive). Ils savent qu’ils appartiennent à une armée qui n’a pas le droit de perdre une seule bataille et que cela durera encore longtemps. Ils savent aussi qu’à la toute fin c’est David qui est vainqueur.

 

Alain Sanders

(1)   Du grec sica, nom de l’épée courte et recourbée qu’ils utilisaient.

(2) Deux femmes et cinq enfants qu’elles avaient cachés survécurent.

(3) L’arc de Titus à Rome commémore la prise de Massada.

(4) Si l’on retient surtout l’histoire du siège et de son issue tragique, on se rappelle aussi que cette place forte fut construite par le grand prêtre Jonathas et fortifiée par Hérode. Fortifiée et embellie : le palais nord, construit sur trois degrés de rochers de près de 30 mètres d’élévation avec des murs de soutènement énormes, est un chef d’œuvre architectural. Réputé – à juste titre – cruel et jaloux, Hérode n’en aimait pas moins le confort et le luxe. En témoignent des mosaïques superbes, des colonnes à chapiteaux corinthiens, des bains à la romaine (du vestiaire : apoditrium à la salle chaude : calderium en passant par le tepidium et le frigidarium), etc. Au sud de la synagogue (une des rares synagogues antiques de l’époque du second temple, détruit en 70), la « resserre des rouleaux » où fut rassemblé un butin trié par les Romains après leur entrée dans la forteresse. Ils prirent ce qui les intéressait mais abandonnèrent – heureusement pour les historiens – ce qui leur semblait sans valeur : des rouleaux de parchemin de papyrus, des projectiles, des boulets de baliste, des vaisselles cassées. Et même la feuille de paie du légionnaire Gaïus Masius, natif de la colonie de Beyrouth. Une paie qu’il touchait trois fois par an, ses frais d’habillement, d’équipement et de subsistance (pour lui et sa monture) étant largement déduits à la source. Nil novi sub sole