mercredi 23 juillet 2025

Les libres propos d’Alain Sanders


La voix du Kremlin en France :

L’influenceuse poutiniste Xenia Fedorova déverse sa propagande dans Le Journal du Dimanche

 

Nous avons souvent eu l’occasion de dire que Le Journal du Dimanche (et son appendice hebdo lui aussi, Le JDNews), est devenu, Régis Le Sommier à la manœuvre, une des voix du Kremlin en France.

Dans l’édition de 20 juillet, Le Sommier étant occupé à ratiociner en d’autres pages sur les humeurs de Trump (qu’il se rabiboche peut-être avec Zelensky, cela inquiète beaucoup les thuriféraires de Poutine), on a eu droit à une pleine page de Xenia Fedorova (avec sa photo en couleurs) titrée : « La marche de l’Allemagne vers la militarisation est-elle dangereuse ? ».

Nous allons revenir sur cet article qui aurait pu trouver sa place dans un journal du Kremlin. Mais un mot pour rappeler qui est cette Xenia Fedorova (choyée par les médias Bolloré, ce qui donne les limites de ces médias supposés « droitiers ») donnée comme « journaliste et essayiste » par le complaisant JDD.

Directrice de la chaîne RT France de 2017 à 2022, Xenia  Fedorova était donnée, par les commentateurs les plus sobres, comme « une agente d’influence de Moscou reconnue ».C’est le moins qu’on puisse dire. Elle est notamment très proche de la propagandiste russe Margarita Simonian, très proche elle-même du pouvoir au Kremlin. Au moment de l’invasion russe, la Fedorova donnait la consigne stricte à ses employés de RT France de ne jamais utiliser le mot invasion, mais de parler d’une simple « opération spéciale » limitée au seul Donbass (à libérer bien sûr des « nazis » de Kiev…).

Mais revenons à l’article qui fleure  ses imprégnations moscovites quasiment à chaque ligne. En quoi « la marche de l’Allemagne vers une militarisation », militarisation pour se renforcer face aux menaces russes grandissantes, serait-elle dangereuse ? En ce qui nous concerne, en rien. Mais pour la Russie de Poutine, on comprend que ce soit une autre chanson. Celle que nous déverse la Fedorova justement…

Ce qui la défrise, comme cela défrise ses camarades moscovites, c’est la déclaration récente du ministre allemand de la Défense Boris Pistorius : « Les troupes allemandes sont prêtes à tuer des soldats russes en cas d’attaque de Moscou contre un Etat membre de l’OTAN ». Elle s’en étouffe, la Fedorova ! Et, comme Poutine quand il réclame la « dénazification » de l’Ukraine, elle en appelle aux heures-les-plus-sombres de la Seconde Guerre mondiale : « L’identité allemande d’après 1945 s’est largement construite sur le rejet du militarisme ».

Mais qui parle de militarisme sinon les poutinistes  en l’occurrence ? D’autant qu’il s’agit d’une militarisation à pas comptés : les dépenses militaires allemandes seront portées à 5% du PIB à horizon… 2035. Pas de quoi crier au loup… Le ministre allemand de la Défense Pistorius souligne au passage la nécessité d’une Bundeswher « prête pour la guerre ». Ce qui est la moindre des choses pour une armée en ordre de marche, sinon à vouloir former des gardiens de squares. Horreur ! nous crie la Fedorova : « La Bundeswher se prépare non seulement à défendre son territoire, mais aussi à jouer un rôle plus affirmé au sein de l’OTAN et du cadre plus large de la sécurité européenne, se préparant ainsi à prendre une place de premier plan en Europe en tant que puissance militaire ». C’est plutôt une bonne nouvelle, non ? Sauf pour Moscou, bien sûr…

Elle ajoute (et, là encore, on entend la voix de son maître) : « Le réveil du militarisme allemand (…) ranime les peurs historiques qui persistent depuis les ravages des guerres mondiales (…). La disposition à tuer des soldats russes, autrefois impensable dans le discours politique allemand, signale une préparation à la confrontation aux risques immenses ».

« Autrefois impensable dans le discours politique allemand » ce « tuer des soldats russes » ? Dans celui de l’Allemagne de l’Est communiste (où Poutine était colonel du KGB en poste) ? Sans aucun doute… En Allemagne de l’Ouest, en revanche, on garde plutôt le souvenir d’un peuple pas vraiment imbelle et tout au contraire, à l’égard des envahisseurs russo-soviétiques…

Ce qui fait peur à l’Europe libre aujourd’hui – et la Fedorova et ses collabos locaux devront le comprendre nolens volens – ce n’est pas l’Allemagne qui se renforce face aux menaces de Moscou, mais bel et bien la Russie qui menace directement la libre Europe. Jusque dans nos médias.
Alain Sanders