23 août 1939 : la signature du pacte germano-soviétique (appelé aussi pacte Staline-Ribbentrop, ou encore pacte hitléro-stalinien) stupéfia le monde. Il se traduisit presque aussitôt par le lâche abandon de la Pologne par ses alliés protecteurs, la France et le Royaume-Uni.
L’histoire n’est peut-être pas un éternel recommencement mais elle est pour le moins une source d’analogies sans fin.
La grande embrassade poutino-trumpiste à laquelle nous assistons actuellement n’est pas sans rappeler ce que le grand historien britannique spécialiste de l’Europe de l’Est, Roger Moorhouse, a appelé « le pacte des diables », titre de son œuvre majeure sur « l’histoire de l’alliance entre Staline et Hitler (1939-1941) ».
Comme je l’écrivis sur ce blog l’an passé, je m’étais plutôt réjoui de l’élection de Donald Trump à la présidence des USA, y voyant, pour faire simple, et nonobstant les particularités pas toujours sympathiques du personnage, la possibilité d’amorce d’une contre-révolution antiwoke se développant sous la devise résumée par l’acronyme « MAGA ».
Mais depuis plusieurs semaines, progressivement, aux nouvelles des actes et des propos de Donald Trump, à l’écoute et à la lecture des grands connaisseurs du régime de Poutine, c’est avec de plus en plus de consternation que nous perçûmes l’évolution du maître de la Maison-Blanche, non pas par-delà ses contradictions, comme beaucoup veulent le considérer, mais bien au contraire, bien plus, dans une sinistre continuité de poutinophilie.
Jusqu’à hier, mardi 25 février 2025.
Jusqu’à cette journée en effet lors de laquelle, tandis que Trump et Macron à la Maison-Blanche se livraient aux gamineries de tapes dans le dos, des chatouilleries et des cajoleries, bref de « la diplomatie tactile », à l’ONU en revanche éclatait l’évidence du divorce entre alliés européens et américains.
Pour le troisième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022, à l’ONU, une résolution présentée par les ukrainiens et leurs amis européens exigeait un retrait des troupes russes de tous les territoires ukrainiens occupés. Bien sûr la Russie s’y est opposée, mais aussi, comme on pouvait s’y attendre, la Biélorussie, l’Iran, la Corée du Nord, le Nicaragua, Cuba et le Venezuela, et tous autres pays de ce que le président Reagan qualifiait jadis d’axe du mal.
Mais ce à quoi nul ne s’attendait, le plus stupéfiant, le plus hallucinant, c’est que les États-Unis se sont joints à toute cette clique néo-soviétique.
Le vendredi 21 février dans la page « Débats autour du monde » du Figaro était publié l’article, remarquable comme si souvent, de Laure Mandeville. Il commençait ainsi : « Depuis quelques jours, Trump semble littéralement passer à l’ennemi, abandonnant les siens. »
On ne pouvait dire mieux que Trump, par tant de ses déclarations et de ses agissements, est non seulement un inconditionnel de Poutine mais que « passant à l’ennemi », il fait donc abominablement œuvre de trahison !
Ce que depuis des mois ne cesse d’affirmer le très lucide général Yakovleff et nombre des plus éminents spécialistes du renseignement.
Trump trahit au moment même où, l’économie russe étant exsangue, s’offrait aux USA la possibilité d’exiger de Poutine qu’il rapatrie en Russie ses armées d’occupation de l’Ukraine et ses supplétifs nord-coréens. Les patriotes russes anti-Poutine sont consternés par la connivence entre Trump et Poutine désormais irrémédiablement devenue trahison.
Car on recherche en vain dans la bouche de Trump le moindre mot de compassion pour l’Ukraine, le moindre signe de compréhension pour son martyre. Certes on n’attendait pas de cet homme inculte qu’il évoque la tragédie ukrainienne de l’Holodomor. Trump voulait certes s’emparer des « terres rares » recélées par le sous-sol ukrainien, les partager avec Poutine. C’est quasiment chose faite.
La vérité, c’est que le duo Trump-Poutine n’accouche pas seulement d’un nouveau Yalta mais constitue un duo de domination mafieuse sur le monde, un mondialisme de mafiosi. C’est l’honneur de notre résistance que de ne pas nous y soumettre.