vendredi 28 février 2025

Les libres propos d'Alain Sanders

 

Face à la diabolique alliance Trump-poutine, il faut se mobiliser pour l'Ukraine : rien n'est perdu

 

Ne pas se soumettre. Et résister. C'est l'esprit même du dernier communiqué de Bernard Antony sur Zelensky odieusement accagné par Trump en une sorte de diabolique la mano en la mano avec Poutine. Et une pauvre Ukraine comme abandonnée par une Europe impuissante car impotente face aux appétits d'ogres capricants.

Ne pas se soumettre et résister car rien n'est perdu. D'abord parce que Zelensky et les Ukrainiens, héroïques jusqu'au martyre depuis trois ans qu'ils ont été agressés et envahis, ne lâcheront rien. Ni leur Alsace-Lorraine du Donbass, ni les territoires occupés par les Russes et leurs supplétifs tchétchènes et nord-coréens.

 Ensuite parce qu'il ne faut jamais pécher contre l'Espérance. Et qu'il reste à l'Otan quelques hommes debout qui savent que si on lâche sur l'Ukraine, l’appétit de Poutine n'aura plus de limites. Un appétit qui s'aiguise déjà du côté de la Moldavie et, plus encore, du côté des pays baltes.

Ce que confirme le général Bellanger, chef d'état-major de notre armée de l'air : "On a constaté le comportement agressif de certains Sukhoï au-dessus de la mer Baltique ou l'illumination radar de nos avions de chasse ainsi que des drones qui pénètrent l'espace aérien et qui reviennent comme s'ils s'étaient égarés. Les Russes testent les défenses de l'Otan".

L'avenir de l'Ukraine reste incertain ? C'est le moins qu'on puisse dire. La virevolte idéologique et affairiste - Bernard Antony parle de "trahison" et il n'a pas tort - de Trump est un coup de poignard dans le dos - et en pleine face - de l'Ukraine envahie. A un journaliste qui lui demandait récemment comment, ayant qualifié Zelensky de "dictateur", il pourrait désigner Poutine, Trump a botté en touche. Une ignominie de plus qui s'ajoute à celles qui ont carrément appuyé les revendications territoriales russes. Et à celles qui réclament aux Ukrainiens leurs richesses minières pour rembourser l'aide américaine.

La réponse des combattants ukrainiens, pourtant épuisés par ces années de guerre, est sans équivoque : "La paix qu'ils nous préparent est une insulte : nous ne retrouverons pas nos territoires et nos camarades seront mort pour rien. Ne rien céder". D'autant qu'un supposé "accord de paix", imposé aux Ukrainiens, permettrait aux Russes de se refaire la cerise et de repartir à l'assaut dès leurs forces reconstituées.

Souvenons-nous des accords de Minsk (2014-2015) qui faisaient pourtant la part belle aux Russes : cela ne les a pas empêché d'envahir l'Ukraine en 2022. Au vrai, Poutine veut anéantir l'Ukraine qui est une offense permanente à ses délires post-soviétiques (et dans la continuité de l'URSS). Il ne digère pas que la civilisation ukrainienne soit bien plus ancienne que celle de la Russie. L'Ukraine était un royaume dont Kiev était la capitale quand Moscou n'était qu'un trou obscur au milieu de nulle part. Et l'enracinement européen de l'Ukraine - une Europe chrétienne - commence vers 1040 quand un roi de France, Henri 1er, envoie ses ambassadeurs à Kiev pour ramener une épouse, Anne de Kiev, fille de Iaroslav le Sage, mère de Philippe 1er (1).

Quelqu'un écrivait récemment : "Zelensky est une légende vivante, le plus grand des hommes politiques actuels et de loin". Il a commencé à défier Poutine, seul et avec son peuple, avant qu'on ne commence à l'aider (en lui ligotant un de ses bras...). Souvenons-nous de qu'il a dit : "Si les Russes envahissent, vous verrez nos visages, pas nos dos". Il a tenu parole. Il défie aujourd'hui Trump : "Je défends l'Ukraine, je ne veux pas vendre notre pays". Son combat, qui est le nôtre, continue. Plus que jamais Slava Ukraina !, "Gueroiam slava !" ("Gloire à l'Ukraine !", "Gloire à nos héros !").

Alain Sanders

(1) Les filles de Iaroslav seront toutes mariées à des rois (France, Hongrie, Norvège, Angleterre), tous ses fils épouseront des princesses (Byzance, Allemagne, Pologne).