Les libres propos d'Alain Sanders
Excellente intitiative que celle de Bernard Antony que d'avoir renvoyé dans ses buts le sinuant Darius Rochebin. Ce personnage, que je trouve aussi fuyant et tout aussi pomponné qu'une savonnette de garçon de bains, officie sur LCI où, dès que l'occasion s'y prête (ou ne s'y prête pas d'ailleurs), il déverse son fiel contre la colonisation française en général et les résistants Algérie française en particulier.
Bernard Antony donne, dans son article particulièrement motivé, quelques noms de ces résistants Algérie française venus, pour nombre d'entre eux, de la résistance 40-44 face à l'occupant allemand, puis des combats 44-45. Nous pourrions donner ad libitum les noms de ces patriotes (et la liste n'en serait pas exhaustive). Mais comment ne pas penser par exemple, car il est dans nos esprits et nos cœurs, à Roger Holeindre ? Il fut des combats d'Indochine. Il fut héroïque en Algérie. Où il créa, pour essayer d'endiguer le bradage de notre province d'outre-Méditerranée par De Gaulle, le maquis Bonaparte. Ce qui lui valut de connaître les geôles du régime. Mais sait-on qu'il fut aussi l'un des plus jeunes résistants de France ?
En 1944, Roger a 15 ans. Dès qu'il va le pouvoir, il s'enfuira de la pension de Rosny-sous-Bois où il était scolarisé pour offrir ses services aux résistants. Il fera mieux en arrachant deux mitrailleuses complètes (avec affûts et caisses de munitions) à une section d'Allemands en mouvement. Elles seront remises à un groupe FTP de Nogent-sur-Marne.
Comment ne pas évoquer, car il est lui aussi dans nos cœurs, Pierre Sergent ? Né en 1926, il a à peine 17 ans quand il rallie un réseau de résistance qui s'appelait – ça ne s'invente pas – le Front national. Quelques mois plus tard, il rejoint le maquis de Sologne où opère le corps franc « Liberté ». Ayant échappé par miracle à une rafle, il sera des combats pour la libération de Paris. Et plus tard l'OAS.
Comment ne pas citer le légendaire Pierre Chateau-Jobert ? Blessé pendant la bataille de France, il passe en Angleterre et s'engage, le 1er juillet 1940, dans les Forces françaises libres. Sous le nom de « Conan » car il craint des représailles contre sa famille restée en France (il gardera ce patronyme dans l'OAS). Il sera sur tous les fronts avec la 13e demi-brigade de la Légion : Erythrée, Syrie, Lybie (il y sera blessé), puis dans les régions non-libérées de métropole. Et plus tard l'OAS.
Comment passer à côté d'Antoine Argoud ? Campagne de Tunisie (1942) d'abord puis, avec le général de Lattre de Tassigny, la marche vers l'Allemagne via les Vosges et l'Alsace. Et plus tard l'OAS.
Et Raoul Salan, libérateur de Toulon en août 1944, à la tête du 6e régiment de tirailleurs sénégalais. Et plus tard l'OAS. Et Jean Gardes, héros de la bataille de France en 39-40 campagnes d'Italie, de France, d'Allemagne. Et plus tard l'OAS. Et Yves Godard : évadé de Silésie en 1944, il rejoindra la Haute-Savoie, prendra la tête de l'Armée secrète et donnera une vraie force de frappe aux FFI de la région. Et plus tard l'OAS. Et Paul Gardy : après avoir fait l'admiration de tous en 39-40, il passe en Afrique du Nord et prend sa part de la campagne de Tunisie. Cité à l'ordre de l'armée, il rejoint la 1ère DB et participe, avec le 2e régiment de chasseurs d'Afrique, à la campagne de France (il sera blessé deux fois). Et plus tard l'OAS.
Tant d'autres noms me viennent au fil de la plume... Alors quelques-uns encore sans préjudice de revenir un jour prochain sur ces hommes qui furent l'honneur de la France.
Roger Faulques (1924-2011). Ayant rejoint très tôt les FFI des Basses-Pyrénées, il passera ensuite dans le corps franc « Pourmiès ». Ses faits d'armes relèvent de l'exploit permanent. En 1946, il intégrera le 3e régiment d'infanterie. Sa vie fut un roman (et Lartéguy ne s'y est pas trompé qui en fit le héros d'un de ses livres). Et plus tard l'OAS.
Jean Bréchignac (1914-1984). A peine sorti de Saint-Cyr, il fera l'admiration de ses pairs et de ses hommes pendant la bataille de France 39-40. Il rejoindra ensuite les Forces françaises libres. Et plus tard l'OAS.
Bernard Cabiro (1922-1993). En juillet 1943, il passe au Maroc pour intégrer le 8e régiment de tirailleurs marocains. L'Italie (il sera cité deux fois), le débarquement en Provence, la libération de l'Alasace (il sera blessé devant Thann). Et plus tard l'OAS.
Antoine Ysquierdo (1924-2001). Espagnol de naissance, il s'engage à 18 ans dans la Légion (pas la Bandera, mais la nôtre...). Le reste, avant l'Indo (blessé à plusieurs reprises à Dien-Bien-Phu, il sera décoré de la Légion d'honneur in situ) et l'Algérie, s'égrène simplement : campagnes de Tunise, de France, d'Allemagne. Et plus tard l'OAS.
Paul Vanuxem (1904-1979). Blessé à Sedan en mai 1940. Passé en Afrique du Nord, il est aux côtés du maréchal Juin à Monte Cassino et pendant les campagnes de France et d'Allemagne. Et plus tard l'OAS.
Georges Masselot (1911-2002). Blessé grès grièvement le 13 juin 1940. Campagne de Tuinise (il est de nouveau blessé), débarquement en Provence, bataulle d'Alasce, campagne d'Allemagne. Et plus tard l'OAS.
André Botella (1913-1992). Né à Blida, Algérie française, il rejoint les Forces françaises libres en Angleterre. Le 5 juin 1944, il saute avec deux sticks de paras dans les Côtes d'Armor pour appuyer le maquis régional du « Commandant Alain » (Louis Pichouron). Il sera grièvement blessé lors des combats près de Saint-Marcel (Morbihan), soigné et caché par des paysans bretons. Et plus tard l'OAS.
Serge-Henri Parisot (1906-2010). Campagne de Norvège de 1940. Capturé par les Allemands, il s'évade et rejoint l'Afrique du Nord. Campagnes de Tunisie, de Sicile, d'Italie. Et plus tard l'OAS.
Etc. Voilà ces hommes. Au regard de telles vies, je n'aurai pas la cruauté (aujourd'hui au moins) de donner le CV de Darius Dochebin en Suisse avant qu'il ne se réfugie en France. Mais faudrait pas qu'il continue de trop tirer sur l'élastique. Au risque de se faire tirer les oreilles (manière soft de dire les choses).
Alain Sanders