vendredi 31 janvier 2025

Darius Rochebin, la colonisation française et le Front National : ignorance ou désinformation ?


Darius Rochebin est le talentueux meneur d’émission que l’on sait sur la chaîne d’information continue LCI. Il est d’origine iranienne, peu suspect de complaisance islamiste. Il a auparavant exercé son métier sur une chaîne suisse d’où il a été expulsé avant d’exercer sa profession en France.  On pourrait dire, avec brio, si hélas nombre de ses émissions n’étaient pas entachées de la fâcheuse habitude d’y évoquer régulièrement la colonisation française en Algérie avec un même degré d’inexcusables désinformations que celles proférées en 2017 par Emmanuel Macron la taxant de « crime contre l’humanité », pour le plus grand plaisir des barbaresques au pouvoir en Algérie.

À moins qu’il ne s’agisse, c’est possible, d’une radicale ignorance de la question, à vrai dire aussi inexcusable. Il a aussi non moins tristement l’habitude d’y relier avec « une ignorance à faire hurler les constellations », comme aurait dit Léon Bloy, le phénomène de l’OAS, dont jamais il ne s’est avisé d’essayer d’y consacrer 30 secondes pour en décrire la genèse.  

Darius Rochebin taxe ainsi systématiquement d’extrême-droite et la défense de l’Algérie française et ses militants, et sans plus de fondement il relie dans le même déni de vérité historique et la collaboration et la défense de l’Algérie française. On attend jusqu’ici en vain qu’il puisse rappeler à l’occasion que la résistance contre le nazisme a essentiellement été le fait d’hommes de droite, et plus particulièrement de la droite royaliste.

Darius Rochebin, d’origine étrangère, est certes excusable de ne pas bien connaître cet aspect de notre histoire. Mais il ne l’est pas d’asséner des contre-vérités avec autorité. La lecture de quelques ouvrages, la rencontre de quelques personnages pourraient pourtant l’aider à compléter sa culture sur notre histoire moderne.

Pas davantage ne fait-il allusion avec objectivité à ce que furent les réalités, pendant la guerre, de la résistance et de la collaboration. Jamais ne rappelle-t-il que le Parti communiste français (PCF) fut doublement collabo, et avec les soviétiques et avec les nazis, après le pacte germano-soviétique du 24 août 1939, le pacte hitléro-stalinien encore appelé pacte Staline-Von Ribbentrop.

Ainsi ne rappelle-t-il jamais, mais peut-être l’ignore-t-il, que le deuxième président du Conseil National de la Résistance (CNR) de la France libre, succédant à Jean Moulin, fut le grand homme d’État démocrate-chrétien Georges Bidault, celui qui à la Libération défila sous l’Arc de triomphe à côté du Général de Gaulle, et qui fut plus tard le président du deuxième Conseil national de la Résistance, celui de l’OAS, mouvement d’ultime sursaut dans la lutte désespérée pour le salut de l’Algérie française trahie. Notons que Georges Bidault a été effacé de cette prise de vue, selon la tradition des régimes totalitaires…   

Darius Rochebin ne sait apparemment rien non plus de Jacques Soustelle, le chef du BCRA (Bureau Central de Renseignement et d’Action) de la France Libre ni de tous les grands personnages du gaullisme qui refusèrent de trahir la parole donnée pour la défense de l’Algérie dans la République. Ce sont en général les mêmes que l’on pouvait retrouver dans les responsabilités du FN, derrière Jean-Marie Le Pen.

Il ne sait rien non plus du colonel Rémy, sans doute le plus grand des résistants gaullistes de l’intérieur, le fondateur et chef du réseau de la Confrérie Notre-Dame. S’il m’invitait un jour dans une de ses émissions pour parler du Front National de Jean-Marie Le Pen, dont je fus toujours un ami mais pas un inconditionnel, je pourrais lui parler des extraordinaires personnages que je pus y rencontrer, qui, le moins qu’on puisse dire, et contrairement aux mensonges que Rochebin assène, ne venaient pas de la collaboration, sauf exception.

-         Collabo, Michel de Camaret, avec lequel je fus élu au Parlement européen, compagnon de la Libération, héros de légende du film « Bataillons du ciel » ?

-         Collabo, Albert Chambon, compagnon de la libération, président des anciens déportés à Buchenwald ?

-         Collabo, Pascal Arrighi, résistant corse de légende, héros de la guerre et de la résistance, couvert de décorations ?

-         Collabo, Jean-Baptiste Biaggi, héros de la guerre et de la résistance, héros des commandos de France et un jour président d’honneur de Chrétienté-Solidarité ?

-         Collabo, notre ami Robert Hemmerdinger, militant du Front National, fondateur du cercle national des Français juifs ?

-         Collabo, l’immense écrivain combattant et résistant Jacques Perret ?

Et nous pourrions comme cela remplir des pages et des pages avec tous les héros de la guerre et de la résistance qui ont été nos compagnons dans le Front National. Je ne doute pas qu’Alain Sanders aura à cœur de compléter ma liste.

Pour ce qui est de l’Algérie, Darius Rochebin se disqualifie en occultant par ignorance ou sciemment les tortures ou les tueries de masse perpétrées par le FLN, et en premier lieu les meurtres et les atrocités perpétrées sur plusieurs dizaines de milliers de français musulmans. Que n’invite-t-il quelques-uns des enfants ou petits-enfants du grand bachaga Boualam pour commenter le livre poignant de ce dernier « Mon pays, la France » ?

Que n’invite-t-il Alain Sanders pour commenter l’ouvrage du capitaine Leclair : « Disparus en Algérie » portant sur les 3000 Françaises et Français chrétiens, juifs et musulmans enlevés pendant l’été 1962 ? Que ne consacre-t-il une émission aux abominations perpétrées par le FLN à Oran dans les années 1961-1962 et recensées dans le poignant « Journal d’un prêtre en Algérie » du révérend père Michel de Laparre de Saint Sernin ? Cela lui éviterait de répéter de flagrants mensonges sur la guerre d’Algérie.