Est-il utile d’acheter Le Journal du Dimanche (et son épigone hebdo le JDNEWS) ?
Certains de mes amis (ou du moins qui le furent), accros à CNEws (au motif qu’on peut y trouver parfois son miel), achètent Le Journal du Dimanche (où Pascal Praud nous raconte, lui qui a vanté naguère le talent d’Aya Nakamura, icône des JO et de la Garde républicaine, ses états d’âme de petit provincial monté à la capitale…) et son épigone hebdomadaire, le JDNews. Au motif que c’est « moins pire » que le reste.
Moins pire ? Sans doute. Plus fréquentable pour autant ? Pas sûr. Prenons, par exemple, le numéro du 2 février dernier. En une, photo en couleurs en accroche, Gabriel Attal. A savoir, humainement et politiquement, le néant en veston rose. A l’intérieur, pourtant, trois pleines pages (et d’autres photos en couleurs) d’une interview, sinon complaisante, au moins pas du genre à ébouriffer l’ex-Premier ministre macronien.
Quand la question lui est posée sur les tracts qu’il vient d’éditer – « Ni LFI ni RN » – alors qu’aux dernières législatives il a appelé à voter LFI contre le RN, contribuant ainsi à faire élire des monstres d’extrême gauche, il botte en touche. Non sans se vanter d’avoir voulu – quitte à faire passer LFI – empêcher le RN de gouverner la France : « Je me suis battu pour ça et nous y sommes parvenus ». Nous, c’est-à-dire nous macroniens alliés et complices de l’extrême gauche… Croyez-vous que les intervieweurs du JDD aient essayé de le relancer là-dessus, de le pousser un peu, de le titiller ? Aucunement. Merci, monsieur le Premier ministre…
Autre invité, dans le même numéro, Laurent Wauquiez. Deux pleines pages d’interview (photo en couleurs là encore). Et une série de questions pour servir la soupe à l’interviewé, le laissant dérouler, comme Attal, sa bile anti-RN, roulant des mécaniques alors qu’il n’a (et même les mollusques de LR ont fini par s’en rendre compte) une échine en marshmallow et un destin départemental (voire vicinal).
Je vous passe l’interview (une pleine page, une photo en couleurs) du piètre Benjamin Haddad, sous-ministre à l’Europe, et des pages culturelles où il n’y a quasiment rien à gratter. Mais un mot de l’interview de Jacques Weber (au motif qu’il est au théâtre ces temps-ci). Pas une question ne lui est posée sur ses récentes éructations sur une radio du service public (sic) : « Il faut écrabouiller Trump, il faut le supprimer ! » Jacques Weber, qui nourrit depuis toujours une haine rabique contre la droite nationale, est un sale type. Le trouver en majesté dans le JDD ? Sans moi !
Bref, est-ce que je suis prêt à dépenser 2,90 euros pour me coltiner Attal, Wauquiez, Haddad, Weber ? Certainement pas.
De la même façon, est-il bien judicieux d’acheter le JDNews (qui parait le mercredi et qui est refourgué avec le JDD le dimanche) ? Voyons, par exemple, le numéro du 2 février dernier. Il y a, certes, un bon dossier autour du docteur Claire Fourcade qui mène un vrai combat contre les horreurs de l’euthanasie qui revient dans l’arène politique (1). Mais il y aussi l’édito de Laurence Ferrari (2) généralement mieux inspirée. Elle ose écrire : « Ecoutez la voix de ceux qui, de David Lisnard à François-Xavier Bellamy, de Laurent Wauquiez à Edouard Philippe, de Bruno Retailleau à Gérald Darmanin, ont des idées pour nous sauver (sic) ». Des « sauveurs » ? On peut en discuter, sans doute pas tous.
Dans le même numéro, on a droit à un article hors-sol de François Fillon (« mais qui c’est celui-là ? », pourront se demander certains) et à des pages culturelles tout aussi convenues que dans le JDD. Ajoutons que le JDD et le JDNews accueillent régulièrement des articles du poutiniste Régis Le Sommier (son magazine moscoutaire Omerta ne lui suffisant manifestement pas).
Bref, là encore, est-ce que je suis prêt à débourser chaque semaine 2,20 euros pour dégotter à l’occasion, dans ce fatras politiquement correct, un article qui me parle ? La réponse est non.
Alain Sanders
(1) Lire son livre remarquable, Journal de la fin de vie (Fayard)
(2) Elle continue de recevoir sur son plateau de CNews, façon dhimmie de circonstance, le très faux derche Karim Zeribi (ses interventions sur l’Algérie et Boualem Sansal ont fini d’ouvrir les yeux de ceux qui avaient encore des doutes sur les taqiyades de ce triste sire).
