Dans un peu plus d’une semaine, Donald Trump sera à la Maison Blanche. On pourra alors mesurer la distance entre certaines de ses promesses et leur réalisation.
Je n’avais pas à ce jour commenté son mirobolant engagement d’obtenir en 24 heures la paix en Ukraine. Il a maintenant révisé ses propos, préférant parler de 6 mois. Reste à savoir ce que recouvre pour lui ce mot de paix. Voilà pourquoi je ne commenterai pas ce jour sur ce blog ses déclarations prônant l’annexion par les États-Unis du Groenland et du canal de Panama voire de l’État de Panama, et même du Canada.
Evidemment, la superficie des États-Unis se rapprocherait alors de celle de la Fédération de Russie. J’ai en revanche lu l’article de ce jour de Laure Mandeville dans le Figaro, titré « Donald Trump face aux illusions de la paix facile ». J’y ai relevé notamment les propos de Volodymyr Zelensky, ce Churchill ukrainien : « Je m’assiérai pour négocier mais d’abord avec Trump qui doit savoir la vérité sur tout ce qui se passe vraiment pour faire son avis, nous devons convenir d’une approche ensemble pour imposer la paix à Poutine, mais par la force, en armant l’Ukraine… Et je veux des armes », ajoute-t-il. La non-livraison des armes maintes fois promises par les Occidentaux, c’est en effet ce qui a constitué une dramatique violation de leurs engagements. Pour la plus grande joie de Poutine.
Laure Mandeville écrit que les choses se seraient passées autrement si Biden avait livré les armes à l'Ukraine avant l’attaque du 24 février 2022. Zelensky commente : « Trump peut arrêter Poutine, qui a peur de lui, mais s’il se contente d’un cessez-le-feu, sans garanties de sécurité, Poutine verra cela comme une opportunité, il se préparera et reviendra pour tout détruire… Il détruira l’Europe ».
Un traité de paix mal ficelé serait comme le Mémorandum de Budapest de 1994 qui était censé garantir la sécurité de l’Ukraine. Laure Mandeville évoque l’historien russe antipoutiniste Vladimir Pastoukhov selon lequel, dans ses réflexions radiophoniques sur Youtube, « l’Ouest semble être tombé d’accord avec la Russie pour ne pas lui infliger de défaite stratégique ». Laure Mandeville écrit : « Le paradoxe est que si nous choisissons d’affaiblir l’Ukraine en la poussant aux concessions, nous nous priverons du seul allié fiable qui puisse nous aider à circonscrire la guerre et la gagner. »
J’avais, au lendemain de l’invasion de l’Ukraine, attiré l’attention de nos lecteurs sur l’excellent petit livre de Michel Eltchaninoff : « Dans la tête de Vladimir Poutine ». (Prix de la Revue des deux Mondes- Editions Babel-Essais).
Depuis, les années passant, on sait de mieux en mieux ce qu’il y a dans le cerveau du dictateur du Kremlin. Et la question se pose à nouveau : qu’en est-il du jeu réciproque de Trump et de Poutine ? On en connaît l’enjeu : la paix et la liberté du monde.
BA
Ce jour, dans la même page « Débats autour du monde » du Figaro, sous forme de tribune collective, l’appel lancé par plus de 160 personnalités ukrainiennes de premier plan appelant à ne pas se tromper d’approche pour mettre fin à « la grande guerre » de Poutine. L’appel est titré : « Ne choisissez pas l’apaisement face au mal ». Le texte complet (sur le Figaro.fr) expose le choix qui s’offre à l’Occident : celui de la fermeté qui mènerait à une paix durable ou celui d’une apparence d’apaisement qui pousserait Poutine à poursuivre sa politique d’agression tous azimuts.