vendredi 6 décembre 2024

Les libres propos d'Alain Sanders


Elections générales en Irlande : les identitaires s'invitent dans le jeu politique

Les élections générales du 28 novembre dernier en Irlande ont confirmé une tendance que nous avions soulignée lors des élections européennes. A savoir une progression – encore lente mais, à mon avis, inarrêtable – des partis identitaires anti-immigration. Avec un mot d'ordre récurrent : Get them out ! (« Fichons-les dehors ! »).

Pour la première fois dans l'histoire moderne de l'Irlande, l'immigration incontrôlée, et donc incontrôlable, a été l'un des sujets importants d'une campagne par ailleurs férocement muselée par les trois partis du Système : Sinn Fèin, Fine Gael, Fianna Fail, qui ne sont plus qu'un vague souvenir – et de surcroît trahi – de ce qu'ils furent dans les combats pour l'indépendance.

Un grand nombre de « petits partis », qui gagneraient à s'unir comme le commande la sagesse (mais la sagesse n'est hélas pas une vertu celtique), sont montés en ligne. Cela va du National Party au Liberty Republic en passant par Irish Freedom Party, National Alliance, Ireland First, Aontù, etc.

Un mot du parti Aontù (en gaélique : « Unité ») qui a remporté deux sièges au Dàil Eirann (le Parlement irlandais). Il a été fondé en 2019 par Peadar Tobin, un ancien membre du Sinn Fèin. Le parti est sur une ligne résolument conservatrice : opposition au wokisme, aux dingueries de l'idéologie du genre, réffirmation de l'unité nationale, défense de l'identité irlandaise, refus de l'immigration, de l'avortement, du fédéralisme européen, mise en place d'une vraie justice sociale et économique, etc.

Deux membres d'Aontù ont donc été élus (malgré des campagnes haineuses à leur égard) : Peadar Tobin, réélu dans le comté de Meath West et Paul Lawless, (un ancien joueur de foot professionnel), élu dans le comté de Mayo. Il ne s'en est fallu que d'un cheveu pour qu'ils soient rejoints par un troisème membre du parti, Sarah O' Reilly (dans le comté de Cavan-Monagham).

Le Fine Gael (centre-droit) et le Fianna Fàil (centre-droit) sont arrivés en tête et resteront donc au pouvoir (ils y alternent depuis un siècle...). Ils sont suivis par le Sinn Fèin (centre-gauche, mais nationaliste) qui reprendra ainsi sa place dans l'opposition. Les Verts-Rouges ont subi une déroute totale : ils n'ont conservé – et encore de justesse – qu'un seul des douze qu'ils avaient au Parlement.

Les partis identitaires, trop nombreux nous l'avons dit, ont payé leur dispersion comme le souligne le politologue Eoin O'Malley : «Il y avait trop de candidats anti-immigration, ce qui a divisé le vote ». Une dispersion d'autant plus stupide que ces candidats ont l'oreille désormais d'une grande partie de la population. Reste que six députés identitaires sont désormais au Parlement : les deux d 'Aontù que nous avons dits et quatre du parti Irlande indépendante (créé à la fin de l'année dernière). Et ce n'est sans doute qu'un début. Erin Go Bragh !

Alain Sanders