On rappellera, car il convient de n'avoir pas la mémoire courte, que Chirac entretenait des relations très amicales avec Hafez al-Assad, bourreau des chrétiens du Liban et père du « Boucher de Damas », Bachar al-Assad, aujourd'hui réfugié (à ses risques et périls d'ailleurs et on le verra bientôt...) chez son « ami » Poutine. A Moscou.
On rappellera aussi que Sarkozy avait décoré ledit Bachar de la Légion d'honneur (sic) en 2001 et qu'il en avait fait, en 2008, l'invité d'honneur (resic) du défilé du 14-Juillet.
Depuis 2014, ils auront été des centaines, députés, hommes politiques, journalistes, patrons d'associations diverses et variées, à venir faire force courbettes et révérences à ce Bachar qu'ils trouvaient épatant (on les entend moins ces jours-ci tous ces thuriféraires damasquinés...). Parmi les plus empressés, Thierry Mariani, l'ami de poutine, qui se sera appliqué à faire découvrir le chemin de Damas (et déjà quand il était LR avant de venir souiller la droite nationale) à de nombreuses délégations. A la sénatrice LR Valérie Boyer et au girouettiste Nicolas Bay, par exemple.
Il y en a eu d'autres bien sûr. Comme le député PS Gérard Bapt flanqué pour l'occasion de Jacques Myard (UMP), de Jean-Pierre Vial (UMP) et de François Zochetto (UDI).
Entre 2014 et 2021 (c'est-à-dire hier encore...), 32 élus français ont fait le voyage en Syrie pour voir et complimenter Bachar. Des élus du centre-droit, du centre-gauche, une palanquée d'élus LR. Je vous fais grâce de cette triste liste, sinon quelques noms (là encore pour mémoire) : Jean-François Poissson,Yves Fromion, Bernard Fournier, Aurélie Pirello, etc.
On n'a évidemment pas oublié qu'en 2015 Mélenchon, bien empêtré sur le sujet aujourd'hui, justifiait, dum clamantes à son habitude, les bombardements russes en Syrie et en réclamaient d'avantage.
Mais le plus désolant, pour nous, c'est d'avoir vu sur CNews (où l'on continue de recvoir, soit-dit en passant, l'infâme Karim Zéribi, contempteur haineux de Boualem Sansal) Charlotte d'Ornellas et Richard Millet tortiller du derche (comme disait ma grand-mère) pour essayer (sinon de justifier – c'est injustifiable car l'une et l'autre connaissent bien le Liban et n'ignorent rien des massacres perpétrés par les Syriens dans ce pays martyr (1) –) de contextualiser leurs indulgences et plus envers le régime de Bachar al-Assad.
De retour de Syrie en 2017, Charlotte d'Ornellas, fièrote sans doute d'avoir rencontré ledit Bachar, le décrivait – excusez du peu – comme « un homme doux et assez en retrait » ! A cette occasion, elle avait aussi rencontré sans frémir Somar Zidan, alors chef de la sécurité politique d'Alep et désormais recherché pour d'innombrables actes de torture. En 2019, elle fut la co-organisatrice et l'animatrice d'un voyage toutistique (!) en Syrie. Avec publicité dans Valeurs actuelles...
Et puis Richard Millet... Auteur de deux livres, Printemps syrien (2012) et Cahiers de Damas (2018), qu'on ne peut relire sans être effaré par un tel aveuglement. Sa fascination pour l'ex-grand mufti de Damas, aujourd'hui planqué à Moscou d'où il sera un jour débusqué (et sans doute par ses protecteurs russes) a – avait pourrait-on déjà dire – quelque chose de malsain et de femmelin tout à la fois. L'engouement de certains intellectuels pour les brutes politiques reste pour moi un grand sujet de perplexité. Quant à ses sophismes amphigourés pour tenter de faire croire qu'il avait raison d'avoir tort, qu'il les garde pour CNews et Pascal Praud, midinette médiatique de la politique à quat' balles, ailleurs ça ne passe pas...
Alain Sanders
(1) La récente ouverture des prisons abattoirs de Bachar aura permis la libération d'un chrétien du Liban (un parmi des milliers) enfermé depuis 33 ans (!) pour avoir été suspecté d'être membre des Forces libanaises. Au moins celui-là est-il encore vivant…