Un territoire palestinien, Gaza ? Pas spécialement...
Le nom de Gaza, d'où sont sortis les terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, tourne désormais comme une scie musicale et est instrumentalisé à l'envi par les islamo-gauchistes qui, il y a encore quelques mois, auraient été incapables (à condition déjà qu'ils en connaissent le nom) de situer ce territoire sur une carte du Proche-Orient. Un territoire palestinien, Gaza ? Pas spécialement au regard de l'Histoire...
De mémoire d'homme, on s’est toujours battu à Gaza. La ville fut prise par Alexandre, par les Macchabées, par Saladin, par Richard Cœur de Lion, par Bonaparte (il y écrasa les musulmans de Djezzar le Boucher avant d'échouer, face au même Djezzar, appuyé par les Anglais, devant Saint-Jean d'Acre). Pendant la Grande Guerre, les Allemands y avaient installé un dépôt de munitions. Les Britanniques le firent sauter et, en 1917, la conquête de Gaza ouvrit au maréchal Allenby la route de Jérusalem.
On se souvient qu'à l'époque des Philistins, alors maîtres de Gaza et grands massacreurs de Juifs, Moïse préféra, au temps de l'Exode, éviter les parages de Gaza. Il fit un long détour par le Sinaï, obliquant vers la Transjordanie, à l'est de la mer Morte. La Bible n'est jamais à court de malédictions à l'égard des Philistins, ces « voisins » de souche phénicienne, adorateurs du Dagon (1) comparable au Melkarth carthaginois.
Avant l'arrivée d'Alexandre le Grand, en 332 avant J.-C., Gaza était déjà passée aux mains des Philistins donc, puis des Israélites (sous les rois David et Salomon), puis des Assyriens, puis des Perses...
A la fin du IVe siècle de notre ère, l'évêque Porphyre prêcha le christianisme aux populations païennes. Avec succès. Philémon, à qui saint Paul adressa une de ses épîtres, sera le premier évêque de Gaza. Un autre évêque, saint Silvanus, y connut le martyre en 310. Asclépas de Gaza assista au concile de Nicée. On peut encore citer saint Hilarion (à qui sont attribués de nombreux miracles), saint Porphyre (4e évêque de Gaza), etc.
En 635, arrivée de l'islam. Les chrétiens doivent se soumettre ou mourir. Les églises sont abattues ou transformées en mosquées. Un processus interrompu par les Croisés en 1100. La cathédrale (dédiée à saint Jean-Baptiste) qu'ils avaient édifiée fut, après le retour des mahométans, intégrée dans la Grande Mosquée (Omar al-Mukhtar).
En 1370, un religieux franciscain, Jean de Naples, venu de Jérusalem pour prêcher la vraie foi, fut martyrisé par les musulmans (dans des conditions que n'aurait pas désavouées le Hamas). En 1555, deux pèlerins français furent arrêtés à leur arrivée à Gaza. Sur leur refus de renoncer à la foi du Christ, ils furent eux aussi horriblement massacrés.
Ces brefs rappels historiques pour dire que Gaza (dont le nom dérive de l'ancien hébreu azzah, i.e. « le bastion »), l'une des plus anciennes villes du monde (2), appartient d'abord à l'Histoire du monde justement. Elle n'est décrite comme palestinienne que par abus de langage ethnico-politique. Les Palestiniens ne s'y installèrent en nombre, au grand dam des précédents occupants, qu'en 1948 (à l'époque l’Égypte occupait Gaza). Après la guerre des Six-Jours, Israël occupa la bande territoriale. Sous la pression de l'ONU – déjà... – Ariel Sharon (et il eut tort sans doute) fit évacuer par la force les 21 colonies juives de Gaza et leurs quelque 15 000 résidents. En 2007, ayant éliminé, au prix d'une sanglante guerre civile, le Fatah, le Hamas a pris le contrôle et imposé une dictature féroce. On connaît la suite.
Alain Sanders
(1) Salomon fit s'écrouler le temple du Dagon à Gaza sur les Philistins.
(2) La Genèse en parle au sujet des limites du pays de Chanaan et précise qu'elle était alors occupée par les Hévéens.