mardi 4 juin 2024

Les libres propos d'Alain Sanders : Cercueils de bois et Dame de fer...

 

Il y avait eu, à la Toussaint, ces étoiles de David parsemées abondamment sur les murs de Paris. Puis, en mai, ces « mains rouges » (exaltation symbolique du lynchage bestial de deux soldats israéliens à Ramallah naguère) apposées sur le Mémorial juif de la capitale. Dans les deux cas, l’utilisation de « petites mains » (notamment moldaves et bulgares) par les services russes est avérée.

Avec la « livraison », samedi dernier, de cinq cercueils de bois adornés de drapeaux français et d'inscriptions explicites (« Soldats français de l'Ukraine »), on a le même type d'exécutants et de commanditaire : un Bulgare, un Russo-ukrainien, un Allemand (ou supposé tel) et le Kremlin. On a surtout franchi une étape supplémentaire. Particulièrement inquiétante à quelques semaines des Jeux olympiques.

Dans un des secteurs les plus quadrillés de Paris par les forces de police et les patrouilles de l'armée, dans une zone placée sous haute surveillance depuis Vigipirate et même une surveillance renforcée à l'approche des JO, une camionnette a pu se garer tranquillement, deux hommes en descendre et décharger comme qui rigole cinq grosses caisses de bois... Des cadors de services secrets sophistiqués ? Même pas : encore des « petites mains », comme le montre la suite de l'histoire.

Ces caisses sont, en l'occurrence, des cercueils vides et donc inoffensifs. Mais elles auraient aussi bien pu contenir des explosifs puissants et vitrifier la zone. Assez vite repéré, le chauffeur de la camionnette a été interpellé du côté du pont de l'Alma (pas par des zouaves, mais par des chasseurs alpins...). Ses deux complices ont été alpagués, quelques heures plus tard, à la gare routière de Bercy où ils s'apprêtaient à prendre la poudre d'escampette (et même la poudre de Berlinpinpin puisqu'ils voulaient prendre un car pour la capitale allemande).

Pour se rassurer, on se dira que l'immediat response qui a permis d'appréhender les trois livreurs a fonctionné efficacement. Certes. Il n 'empêche qu'ils ont déposé leurs colis vers 8 h 45 et qu'il faudra attendre 9 h 20 pour qu'une opération de déminage soit mise en place. Il y aurait eu dans les cercueils autre chose que du plâtre, les abords immédiats de la Dame de fer (et les touristes, déjà nombreux en ce samedi matin) auraient été transformés en scène d’horreur et de désolation.

Des pochoirs, des cercueils ambulants et provocateurs, des hackers russes et des cyberattaques (et tout récemment, via un drone des menaces contre un barrage du Dijonnais)... Autant d’avertissements sans frais. Comme une mise en jambe. Pour l’heure. Les manips et les manœuvres du Kremlin, plus les menaces d’attentats islamistes... Pas sûr que cet été Paris soit une fête (comme aimait à le dire Hemingway)...

Alain Sanders