mercredi 28 février 2024

Est et Ouest : ce qui demeure du pacte Hitler-Staline et de la Guerre froide

 ·       Le terroriste planétaire Poutine, Macron l’allumé et le très ambigu Olaf Scholz

Le temps, pas si lointain, n’est plus, lorsqu’après l’invasion poutinienne de l’Ukraine, ou plus exactement l’échec de sa tentative en 2022, Emmanuel Macron se lançait dans d’interminables dialogues téléphoniques avec le maître du Kremlin, orgueilleusement persuadé qu’il était de pouvoir éviter un dangereux processus « escalatoire » selon désormais le jargon de la polémologie. En réalité, l’ancien officier de la Tchéka-KGB-FSB s’amusait de cette prétention, pour sa part certain de manipuler ce jeune fier-à-bras.

Du moins, et rendons au moins acte de cela à Macron, ne le rallia-t-il pas à sa visée manipulatrice ! Erreur de Poutine : Macronéron, quoique suffisamment ignorant de la roublardise communiste pour aller jusqu’à donner au PCF un entretien dans L’Humanité, et bien sûr s’enenorgueillir, a tout de même trop de fierté, et heureusement, pour devenir un collabo.

Le führer du Kremlin, si méprisant pour les Occidentaux, commettait une lourde erreur d’appréciation psychologique en mettant Macron sur la ligne d’un Gérard Schröder, l’ancien chancelier fédéral d’Allemagne (de 1998 à 2005) engagé, ou plutôt acheté, à la suite de son mandat par les grandes entreprises russes Gazprom et Rosneff pour une nouvelle carrière d’agent d’influence. Poutine, il est vrai, dès 2004, ne l’avait-il pas très aimablement qualifié de « parfait démocrate » (sic !) ?

Être ainsi honoré par Poutine, très grand connaisseur, on le sait, en matière de perfection démocratique, cela méritait bien de se mettre au service des généreuses entreprises russes du gaz et du pétrole.

Poutine, depuis désormais plus de deux ans, poursuit sa guerre contre l’Ukraine avec une armée rouge – ainsi s’identifie-t-elle avec ses étoiles rouges – quatre fois supérieure en effectifs et des stocks de munitions dix fois plus importants.

À ce jour, les pays occidentaux – c’est-à-dire de l’OTAN – censés soutenir l’Ukraine en armement, ne lui ont pas fourni le tiers des munitions promises. Et les États-Unis notamment, en raison de la totale opposition de Trump et de la majorité de ses élus républicains au Congrès n’apportent plus aucun soutien, bloquant totalement le versement des soixante milliards de dollars promis par le gouvernement du triste Biden. Rappelons-nous que, pour de semblables raisons, les États-Unis ont abandonné le Vietnam-du-Sud, le Cambodge et le Laos ; qu’ils ont avec la France qui, pour sa part, accueillait Khomeiny, trahi le Shah d’Iran ; qu’ils ont encore, avec Biden, ignoblement laissé Kaboul aux Talibans.

Quant aux pays de l’union européenne, globalement, ils n’ont pas donné à l’Ukraine le tiers des armements promis.

Mais, surtout, l’Allemagne refuse absolument que soient livrés à l’Ukraine les missiles « Taurus » dont elle a un impératif besoin pour riposter aux frappes poutiniennes. Voici plus d’un an que pour notre part nous dénoncions cette drôle de guerre que nous disions semblable à un match de boxe dans lequel on imposerait à l’un des deux adversaires de ne combattre que d’un seul bras, l’autre étant attaché à une corde du ring. L’attitude du chancelier Olaf Scholz est pour le moins étrange, ambiguë, curieuse. Il assène avec force que l’Allemagne ne livrera pas les « Taurus » qu’elle possède et dont l’Ukraine a un besoin vital, « existentiel » comme on dit aujourd’hui. Rien ne peut faire plus de plaisir à Poutine.

Ceci pourrait conduire à quelques réflexions sur les relations germano-russes. Quoique parfois ennemie, l’Allemagne a souvent éprouvé une grande attirance pour la puissance russe. Catherine II, l’impératrice, n’était-elle pas allemande ? Et après elle, nombre de princes de la dynastie et de personnages de la cour de Russie ? Et entre les deux dictateurs, Hitler et Staline, n’y a–t-il pas eu longtemps une fascination réciproque, conduisant, après des années de secrètes relations, à la promulgation le 23 août 1939 du Pacte germano-soviétique, encore appelé hitléro-stalinien, signé par le soviétique Molotov et le nazi Ribbentrop ? Un pacte qui dura jusqu’à l’opération « Barbarossa » du 22 juin 1941 soit presque deux années de fervente alliance entre Hitler et Staline « ces deux monstrueux jumeaux hétérozygotes » comme les qualifiait le grand historien Pierre Chaunu.

À noter aussi le cas de madame Angela Merkel, la chancelière allemande, fille du pasteur Horst Kasner, dit « Kasner le rouge » pour son ardente collaboration avec le régime de RDA (cela lui valait une voiture de fonction et une ligne téléphonique). Madame Merkel divorça de monsieur Merkel et se remaria avec le professeur Joachim Sauer mais garda son nom. Malgré la blague de mauvais goût(1) que lui imposa Poutine, elle demeura une fervente partisane d’une politique d’amitié germano-russe.

Revenons à Macron. On ne saurait lui reprocher de vouloir aujourd’hui aider l’Ukraine. Mais sa proposition à la conférence des chefs d’État européens du 26 février, d’envoyer « des troupes combattre au sol » avec les Ukrainiens, relève d’une folie symétrique de celle qui le menait naguère à ne vouloir « surtout pas encore humilier la Russie ». Comme si l’URSS ne s’était pas humiliée elle-même avec Tchernobyl, avec ses désastres écologiques, avec sa défaite en Afghanistan…

Aujourd’hui, l’héroïque armée ukrainienne n’a nul besoin d’un renfort d’infanterie qu’au demeurant aucun pays européen n’est en mesure de leur fournir. Ce dont l’Ukraine a besoin, et au plus vite, c’est d’armements, d’obus, d’avions et de missiles, mais aussi de la protection nucléaire dont seules la France et le Royaume-Uni peuvent l’assurer pour faire taire les aboyeurs télévisuels de Poutine, les Medvedev, Soloviev et autres Tolstoï (pas le grand).

Est-ce son énervement la veille, treize heures durant, au Salon de l’agriculture, qui aurait conduit Macron à imaginer l’envoi de nos fantassins combattre en Ukraine la soldatesque de l’impérialisme poutinien eurasiste et néo-stalinien ? Son boulot n’est-il pas plutôt de proposer à nos paysans des mesures salvatrices pour notre agriculture et, simultanément, de faire comprendre au chancelier Scholz que ce que l’on attend de lui c’est qu’au-delà de ses discours d’enfumage, il ne trahisse pas l’Ukraine et l’Europe avec elle ?

Il fallait, bien sûr, après 1945, faire la paix avec l’Allemagne. Mieux sans doute qu’avec un Tribunal de Nuremberg où siégeaient, parmi les juges, des criminels contre l’humanité imposés par Staline. Enfin, Macron pourrait aussi rappeler au chancelier Scholz qu’après Schröder et après Merkel, et sans oublier le si soviétophile Willy Brandt, il ne serait que temps pour l’Allemagne de ne pas prêter le flanc à des soupçons de grande trahison.

  •                Navalny, héros de la Russie résistante

Au moment où nous écrivons, on ne sait pas encore ce qu’il en sera des obsèques d’Alexeï Navalny. Quoi qu’il puisse en être, ce dernier sera pour Poutine un mort beaucoup plus gênant encore que le grand vivant qu’il fut. Car, non seulement son épouse, Ioulia Navalnaïa, et ses enfants, et sa mère, Loudmila Navalnaïa, continueront sa vocation pour la liberté de la Russie, mais, si mafieux soit le régime en poutino-putréfaction, il ne pourra étouffer toutes les voix de ce qui se forme aujourd’hui dans la continuité de Soljenitsyne.

Rappelons que l’on commémore à Paris dans la Librairie des Éditeurs Réunis (11, Rue de la Montagne Sainte-Geneviève), le cinquantième anniversaire de la parution de L’Archipel du Goulag. C’est une sorte de coïncidence providentielle que cette simultanéité entre l’hommage à l’immense écrivain des camps du goulag et cet assassinat poutinien organisé, cinquante ans après la parution de l’Archipel du goulag, dans une prison au-delà du cercle polaire.

L’archipel des camps, du froid, des tortures et de la mort, enfer satanique concocté par Lénine, Dzerjinski et Staline, et dans sa tragique continuité la colonie pénitentiaire de l’Arctique organisée pour qu’y soit assassiné Navalny conformément à l’ordre poutinien, de même que jadis, par millions, étaient exterminés les condamnés du lénino-stalinisme.

N’oublions surtout pas aujourd’hui les autres prisonniers politiques subissant les mêmes traitements : Youri Dmitriev, Vladimir Kara Murza (respectivement quinze et vingt-cinq ans de prison) et, dernier en date, Oleg Orlov, âgé de 70 ans, ancien dissident soviétique, condamné hier à deux ans et demi d’incarcération pour son projet de reconstruction de Mémorial.

Certes, on n’en est pas encore aux gigantesques exterminations décrétées par Staline pendant des dizaines d’années. Mais, ceux qui en ont fait ou veulent en faire mémoire sont toujours plus nombreux sur les listes de Poutine

  •            « Ces journalistes français aux ordres de Moscou »

Plusieurs médias de ces derniers jours de février 2024 ont consacré de vastes articles ou débats audiovisuels sur ce thème. Des lecteurs actuels du Figaro, du Point, de L’Express et autres journaux et magazines, nous ont fait part de leur effarement devant des révélations d’ailleurs très honnêtement rapportées par ces périodiques.

Ainsi, certains ont-ils découverts avec de bonnes photos d’archive qu’un Philippe Grumbach du Figaro était un agent du KGB, grassement payé, tout comme un Paul-Marie de La Gorce, ancien résistant, gaulliste, grand ami de Jacques Chirac.

Mais, notre propos ici n’est bien sûr pas de reprendre ce qui a été généralement souvent bien rapporté par plusieurs médias importants.

En revanche, dans le même registre, il nous parait que les mêmes enquêteurs ne sont pas encore allé très loin, ou trop peu, dans l’investigation sur les réseaux de poutinophilie développés en France, bien sûr, non sans l’appui de l’ambassade du Boulevard Lannes… Nous avons pour notre part observé dans des revues d’inspiration gaulliste, royaliste, conservatrice ou traditionaliste une subtile distillation de propagande pour le régime de Poutine. Quelques-fois avec la participation éditoriale de l’actuel ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkov. À noter que certains collaborateurs de ces revues n’ont quelquefois aucune conscience de cela.

Étonnante vitalité de l’espèce qualifiée d’« idiots utiles » si chers à Lénine !

  •              Panthéonisation macrono-communiste de Missak et Mélinée Manouchian

Macronéron fait feu de tout bois. L’idée lui était donc venu de profiter du transfert au Panthéon de la dépouille du fusillé Missak Manouchian accompagnée de celle de son épouse Mélinée, pour se faire accorder un entretien dans les colonnes de L’Humanité. Et, quelle bonne aubaine aussi pour la publication du quotidien du Parti communiste en déficit chronique et qui ne vit que des subventions de l’État et de grandes entreprises capitalistes !

On ne saurait qu’admirer le courage du militant communiste de l’organisation FTP-MOI(2) Missak Manouchian et de ses vingt-deux camarades fusillés avec lui, le 21 février 1944, au Mont Valérien (son épouse ayant survécu à la guerre).

Mais Macron n’a pas un seul instant relevé l’instrumentalisation idéologique à laquelle s’est livré le Parti communiste français jusqu’à notre époque, au cœur d’une guerre des mémoires entre ses hiérarques successifs et les historiens de la période, au premier rang desquels Annie Kriegel et Stéphane Courtois ayant depuis longtemps rompu avec le PCF. Contentons-nous d’en rappeler ici quelques anecdotes et éléments essentiels pour la vérité de l’histoire.

1) Selon Stéphane Courtois, la mort de Missak Manouchian peut susciter l’admiration mais son héroïsation posthume a été construite par le PCF. Car, aux militants communistes FTP-MOI qu’étaient en 1944 le fusillé Manouchian et ses camarades, on ne saurait en vérité attribuer avec justice la qualification de « morts pour la France » alors que, ainsi que l’écrit Courtois, « ils s’étaient engagés dans la Résistance non par patriotisme mais par fidélité à leurs convictions communistes (internationalistes) ou par obéissance aux consignes de Moscou (…) Car pour tout cadre communiste de cette époque, la vraie patrie était l’URSS. Maurice Thorez résumera cela très bien lors d’un entretien au Kremlin le 18 novembre 1947 lorsqu’il déclarera à Staline que « bien qu’il soit Français, il avait l’âme d’un citoyen soviétique ». Et de rappeler l’anecdote de la demande d’autorisation de reparution de L’Humanité en août 1940 avec Otto Abetz, le représentant personnel d’Hitler à Paris.

Et, d’ailleurs, en 1945, Mélinée Manouchian ne fila-t-elle pas en Arménie soviétique, présentée alors aux Arméniens de France comme leur vraie patrie ? Rappelons que beaucoup de ces derniers qui avalèrent alors cette escroquerie propagandiste finirent leurs jours dans les goulags. Quant à Mélinée, elle ne put quitter l’Arménie soviétique qu’en 1963 tout en restant sous le contrôle du KGB soviétique et en servant, écrit Courtois, « à nourrir le mythe du grand résistant Manouchian ».

2) Avec Manouchian, le PCF construisit une figure écran. Elle était destinée à masquer la vérité de la présence massive des juifs au sein de la MOI en région parisienne afin de n’être pas en conflit avec la violente campagne antisémite lancée alors par Staline en URSS et dans toute l’Internationale communiste pendant les années 1946-1947. On se souvient sur ce point du mirobolant complot dit des « blouses blanches » imaginé par le « petit-père des peuples » pour liquider nombre de médecins juifs accusés s’avoir voulu attenter à sa vie.

3) Rappelons l’immense et longtemps durable mensonge du « parti des 75 000 fusillés », slogan forgé en 1944 et enfin ramené, après des recherches jamais contestée de l’équipe d’universitaires ayant publié le Dictionnaire biographique des fusillés de 1940-1944, au chiffre global de 4 500 fusillés, dont seulement une moitié de communistes…

Toute la distance, écrit Courtois, entre la légende et l’histoire.

Dernier point : dans son grand récit, publié dans Le Figaro du 21 février, titré « Manouchian, le résistant arménien au cœur d’une guerre des mémoires », l’historien-mémorialiste Gilles Pérault écrit : « Quarante ans ont passé depuis « l’affaire  Manouchian ». Sur les choix fondamentaux, ce qui subsiste du PCF a signé un pacte de coexistence avec l’extrême-gauche pour survivre. L’Humanité nouvelle génération a changé son fusil d’épaule. Après avoir, voilà quarante ans, conspué le fameux documentaire, le journal communiste, reprenant à son compte le discours d’extrême-gauche des années 1980, utilise maintenant le souvenir de Manouchian pour assimiler toute volonté de contrôler l’immigration dans la France actuelle, à des relents de vichysme. Un procédé grossier mais efficace ».

 

Honoré d'Estienne d'Orves, officier de marine, royaliste, premier résistant fusillé par les nazis

Notes :

(1) Angela éprouvait une véritable terreur envers les chiens, une peur panique. Bien sûr, Poutine savait cela. La première fois qu’Angela lui rendit visite au Kremlin, ce dernier, expert en délicatesse tchékiste, la fit poireauter un long moment puis enfin la reçut accompagné de son molosse préféré. Angela était horriblement paniquée. Poutine jubilait.

(2) FTP-MOI : « Franc Tireurs Partisans – Main d’œuvre Immigrée ».