lundi 15 janvier 2024

Les libres propos d'Alain Sanders


Oudéa-Castera matée, Vautrin vautrée... Attal et ses drôles de dames

Par deux fois, Gabriel Attal (qui est plutôt ce qu'on appelait jadis « un déserteur du chemin des dames ») est monté au créneau pour défendre deux de ses ministresses : Amélie Oudéa-Castera, en charge de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, etc., et Catherine Vautrin, en charge du Travail, de la Santé et des Solidarités, etc.

Première concernée, Amélie – « Occupe-toi d'Amélie », conseillait déjà Feydeau – Oudéa-Castera. Serrée de près par la flicaille de Mediapart, elle a avoué l'inavouable : oui, elle, ministre de l’École de la République, a scolarisé ses trois enfants dans le privé. Et pas n'importe où : à Stanislas, prestigieux établissement catholique (réputé « conservateur ») des beaux quartiers du VIe arrondissement de Paris. Avec une explication qui a fait s'étrangler le mammouth gaucho-laïcard et qui, à terme, va lui valoir la guillotine sèche : son époux et elle, en ayant assez des insuffisances à répétition de l'école publique, ont choisi du sérieux. Pour le bon épanouissement de leurs rejetons.

L'ex-ministre wokiste Papa N'Diaye avait scolarisé ses enfants à l’École alsacienne (où les fils de prolos se comptent sur les doigts de la main gauche d'un manchot) et aucun gaucho-laïcard ne lui en fit grief. Rappelons que Gabriel Attal est lui aussi issu de l’École alsacienne. Signalons que la renégate Rachida Dati a fait sa scolarité dans une école catholique privée. Et la place nous manquerait ici pour énumérer les institutions privées où sont inscrites les progénitures des « élites » de gauche et de « droite »...

Un peu bécasse sur les bords, Amélie Oudéa-Castera n'en a pas moins des dents à rayer les parquets de l'Hôtel ministériel de la rue de Valois. Aussi s'est-elle couchée misérablement. En faisant un mea culpa républicain appuyé, en présentant de plates excuses « aux enseignants du public » qu'elle aurait pu « blesser », en proclamant  être « une enfant de l'école publique profondément attachée à la laïcité ». Et en ajoutant une petite dégueulasserie in fine : « Par ailleurs, je ne suis pas baptisée ». Cette lâcheté va-telle lui permettre de sauver sa tête et son poste ? Pas sûr...

L'autre dame défendue par Attal, la sarkozyste macronisée Catherine Vautrin, a elle aussi des casseroles tintinnabulantes. Lors du précédent remaniement, elle avait été retenue comme Premier ministre. Au point que le sortant sorti, Castex, lui avait fait visiter Matignon de sol au plafond la veille de sa nomination programmée. Mais, au motif que Catherine Vautrin avait milité deux lustres auparavant pour la Manif pour tous (réputée « homophobe »), l'aile gauche macronienne s'était mobilisée contre elle. Et ce fut Borne qui fut nommée. Aujourd’hui que ladite aile a du plomb dans l'aile, Catherine Vautrin a son ministère (et même trois en l 'occurrence !) de consolation.

Il y a quelques jours, lors d'une visite de propagande à Dijon, Attal, flanqué de MmeVautrin (qui, si on veut rester dans le registre balzacien tient plutôt de Sylvie, la cuisinière de la pension Vauquer, cf. Le Père Goriot), a été interpellé sur le lourd passé de sa ministre. Il l'a défendue en expliquant que c'était « une femme d'ouverture », qu'on pouvait évoluer dans ses convictions, changer d'avis, bref s'amender, se macroniser, travailler ensemble et devenir fréquentable.

Tout cela en présence de Catherine Vautrin. Qui n'a pas moufté, mais a fait pire en opinant à son portrait dressé par Attal, approuvant par des petits signes de tête et quelques « C'est sûr » et autant de « oui » susurrés ledit portrait qui la fait passer pour une femme sans colonne vertébrale.

Se vendre pour un plat de lentilles, dit-on. Mais quand le plat est richement garni, les femmes sont finalement des hommes comme les autres. Du coup, on en aurait presque de la sympathie pour Rachida Dati, la belle traîtresse qui, elle, ne cache pas le prix de sa félonie (la mairie de Paris)...

Alain Sanders