Voilà qu’au moment même où la quasi-unanimité de la représentation nationale s’apprête à voter la constitutionnalisation - sacralisation républicaine - de l’avortement, l’INSEE a publié les derniers chiffres de la natalité en France. Ils portent sur les onze premier mois de l’année 2023.
Le nombre des naissances dans notre pays est en recul de 6,8 % par rapport à la même période l’an passé. L’INSEE indique que dans ces onze mois de janvier à novembre 2023, 621 691 bébés sont nés en France, soit 45 000 de moins qu’en 2022. Et, très probablement, les chiffres du mois de décembre n’inverseront pas la tendance.
À l’INSEE toujours, on s’attend plutôt à ce que finalement 2023 soit l’année dans laquelle la France aura basculé dans une démographie « négative », c’est-à-dire qu’on y comptera plus de décès que de naissances
Il faut, bien sûr, en regard de ces chiffres, considérer le nombre des avortements. Or, les statistiques françaises des interruptions volontaires de grossesse (IVG) en 2022 font état d’un nouveau record de leur nombre avec un chiffre de 234 300, soit 17 000 de plus qu’en 2021 (+ 8% d’augmentation).Comment ne pas voir que si le nombre des avortements était seulement diminué de moitié, la France retrouverait une natalité positive assurant le remplacement des générations ?
Or, avec la dénatalité actuelle, nous sommes au cœur de ce que j’ai, il y a longtemps déjà, désigné comme « le génocide français » dans un article demandé par la revue Itinéraires (novembre 1980). Je l’avais structuré autour de trois composantes : le génocide spirituel (le détournement de Dieu), le génocide intellectuel, culturel et moral (une fausse éducation faussement nationale), le génocide physique enfin (avortement, substitution de populations).
Autrement dit : « Le Français de moins en moins chrétiens, de moins en moins français, de moins en moins nombreux en France, et finalement, de moins en moins des hommes ». Ajoutant : « En effet, est-il encore un homme, cet être qui ne se sait plus fils de Dieu, qui n’a plus de patrie et ne veut plus de famille, qui ne cesse de revendiquer des droits mais a perdu conscience de ses devoirs ».
À l’époque, il n’était pas encore nécessaire de préciser que le vocable « homme » signifiait également, et tout simplement, « humain ». Aujourd’hui, il faut encore, de surcroît, rappeler souvent que l’espèce humaine se compose de deux genres : le genre masculin et le genre féminin constitutifs du couple humain. N’en déplaise aux idéologues wokistes d’une pseudo-diversité multi-genrée qui n’existe pas dans la réalité. L’attraction homosexuelle est certes réelle pour une petite minorité de pourcentage à peu près constant dans les populations. Mais, elle ne relève pas d’une différence de genre : il y a tout simplement des hommes homosexuels et des femmes homosexuelles. Avec souvent, de nos jours, l’appellation de « gays » pour les premiers et de « lesbiennes » pour les secondes. Or, que de tragédies parmi les enfants que l’on opère pour les trans-former sexuellement. C’est là un des tristes aspects de la révolution « sociétale » développée à notre époque, contre l’ordre naturel, par la gauche et par la droite gauchie.
Mais voilà que, dans cet ordre ou plutôt ce désordre, dans les prochaines semaines presque toute la représentation nationale, députés et sénateurs, s’apprête à voter en faveur de la « constitutionnalisation » de l’avortement, érigeant en une sorte de sacralisation républicaine la liberté des femmes de tuer dans leur sein, sans raison médicale, des bébés ainsi privés de leur droit de naître. Formidable incitation en vérité à la banalisation de l’avortement pour celles que n’obsède pas prioritairement le respect de la vie innocente de l’enfant appelé à la vie.
Et, c’est simultanément, comme dirait Macron, que les médias font leur Une sur l’effondrement de la natalité à la lumière des chiffres que nous venons d’évoquer. À travers la diversité des titres revient ce constat nécessaire et irréfutable que la France va être de plus en plus confrontée aux conséquences de la chute de sa démographie. Mais, face à cela, nos parlementaires, nos gouvernants et notre président de la République n’ont rien trouvé de mieux que d’exalter la mesure de l’inscription dans la constitution de la meurtrière liberté d’avortement. En vérité une glorification totalement inutile puisqu’en vigueur sans entrave depuis de longues années.
On imagine aisément les sarcasmes de satisfaction d’un Lucifer, le grand inspirateur de la culture de mort. Satisfait aussi de se dire que pour encourager la famille et la natalité que lui, le Diable, père du mensonge et du nihilisme, abhorre, messieurs Macron et Attal ne sont heureusement pas les mieux placés : ils ne risquent tout de même pas de prêcher d’exemple !
La défaite de l’Occident ?
Ainsi, comme le développe l’historien et anthropologue Emmanuel Todd dans son dernier ouvrage « La Défaite de l’Occident », n’assistons-nous pas à sa chute finale ? Tout pousse en effet à croire que pour ce qui est de notre France nous serions dans la phase finale de ce « génocide français » précédemment évoqué. Pour ce qui est de l’Occident dans son ensemble, on peut certes le penser en considérant les convergences génocidaires constatées par nous pour la France et guère différentes pour la plupart des pays d’Europe autres que ceux demeurant ou revenus dans l’orbite de la Russie poutinienne.
Néanmoins, nous ne sommes pas aussi affirmatifs que Todd qui, lui, analyse principalement la défaite de l’Occident qu’il prophétise sous l’angle de la stratégie militaire. En effet, les pays qui font la guerre à l’Occident peuvent être, eux aussi, également en situation auto-génocidaire. Et, en premier lieu, la Russie, dont il semble bien qu’elle soit toujours, malgré les mesures étatiques d’incitation à la natalité, non seulement en déclin démographique persistant, toujours plus affaiblie aussi par les suicides et homicides dont les nombres ne diminuent pas, probablement dus aux ravages de l’alcoolisme que la guerre contre l’Ukraine ne contribue certes pas à faire reculer.
La dictature impériale eurasiste et néo-stalinienne de totalitarisme poutinien développe certes toujours plus ses pactes d’alliance avec l’immense Chine et la petite Corée du Nord communistes. L’une et l’autre, dans leurs respectives perfections totalitaires, sont aussi différentes qu’un tigre et un venimeux cobra. Et là ne s’arrête pas, bien sûr, les pactes du mal puisque s’y agrège aussi l’Iran de Raissi avec ses tentacules du Hamas et surtout du Hezbollah. Et encore, l’alliance avec Cuba, le Venezuela et le Nicaragua désormais à la pointe de la persécution anticatholique. N’oublions pas non plus les néo-colonialismes de la Chine et celui de la Russie avec le « gag » du nouveau « Afrika Corps » en Afrique.
Mais, pour autant, Emmanuel Todd a-t-il raison, non pas seulement de craindre mais d’être certain de la défaite de l’Occident ? Car, ne peut-on pas également constater de grands craquements dans l’empire poutinien ?
On sait, bien sûr, les abominables condamnations infligées à un Alexeï Navalny ou à un Kara Murza et autres héros refusant de se prosterner devant le Mage du Kremlin. On sait les assassinats par arme à feu (Boris Nemtsov, Anna Politkovskaïa…) ou empoisonnements (Sergueï Skripal). On est informé par les réseaux sociaux des innombrables arrestations suivies de longues détentions pour le seul délit de manifestation.
Mais, voici que désormais nonobstant tous les risques, ce ne sont pas seulement des individus qui osent manifester contre l’oppression mais des populations entières qui s’insurgent. Ainsi, dans le Bachkortostan, pays de l’Oural, ce dernier mercredi, dans la petite ville de Baïmak, après la condamnation de Faïl Alsynov, un opposant arrêté pour avoir osé critiquer l’invasion en Ukraine, ce sont 6 000 manifestants venus le soutenir qui, scandant « Honte, honte ! », se sont heurtés violemment à la police. Alsynov, toujours détenu, attend son jugement. Sa condamnation peut aller jusqu’à 15 ans d’emprisonnement. Et une procédure pénale pour « émeute de masse » a été ouverte contre une vingtaine de manifestants. Mais, une manifestation d’une telle ampleur bravant les interdits au cœur même de la Russie, n’est-elle pas significative de ce que, malgré les répressions, l’ordre poutinien peut-être contesté ?
La défaite de l’Occident dans son ensemble est-elle aussi certaine que le pense Emmanuel Todd ? D’autant que le concept de « Sud global », si invoqué aujourd’hui dans les bavardages des géopoliticiens, peut-être largement relativisé en considération de la réalité.
« Sud global » vraiment ? Alors que les deux plus grandes nations de la planète, la Chine et l’Inde, s’affrontent férocement sur bien des plans et même militairement pour le contrôle de cols sur l’Himalaya ?
« Sud global » vraiment ? Alors qu’en ce moment même, violant la souveraineté du Pakistan, l’Iran chiite, allié de la Russie, fait pleuvoir ses drones et missiles sur des bases de l’islamisme sunnite dans la province pakistanaise du Balouchistan ? Quant à la Russie, la manifestation ci-avant évoquée, courageuse, surprenante, au cœur même de l’Oural, dans le Bachkortostan, n’est-elle pas la révélation d’une réalité plus vaste, celle de nombreux mécontentements parmi les peuples de la Fédération de Russie remettant en cause les privilèges de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Sans parler de ceux qui, se sentant plus asiatiques qu’européens, aspirent tout simplement à la décolonisation de leur pays.
On pourrait multiplier ainsi les exemples des conflits endémiques, voire des guerres ouvertes, qui, du Maghreb à l’océan Indien et du Sahel aux Philippines, ravagent le sud global. La vérité c’est que si l’Occident se ressaisissait, sa défaite ne serait peut-être pas si inéluctable que le craint Emmanuel Todd ?