mercredi 3 janvier 2024

Les libres propos d'Alain Sanders : L'Ukraine massacrée par Poutine. Dans l'indifférence générale...

Il ne se passe désormais plus un seul jour, une seule nuit, sans que l'Ukraine, de Lviv à Zaporijjia en passant par Odessa, Dnipro, Kharkiv, Kiev, ne soit matraquée par les bombardements russes. Des centaines de missiles – des Kinjal, des Kh-22, des Kh-101 – et de drones Shahed iraniens qui finissent par saturer le système de défense antiaérien ukrainien.

Ces frappes, contrairement à ce que prétend Moscou avec le relais de ses complices occidentaux, ne visent pas des cibles stratégiques, mais des banlieues, des zones résidentielles, des écoles, des crèches, des hôpitaux. Des civils. Quand l'Ukraine riposte, comme à Belgorod le 31 décembre dernier (encore que ce bombardement supposé ukrainien pourrait être une bavure des Russes qui utilisent souvent des missiles anciens très erratiques), Poutine accuse Kiev d'actes « terroristes » (sic) ! Des accusations là encore reprises par des médias occidentaux sournoisement (ou pas) poutinisés...

Nous avons eu l'occasion de l'écrire récemment : l'hiver va être difficile pour l'Ukraine frappée dans ses infrastructures de production, ses réseaux de chauffage, d'eau potable, d'électricité, d'alimentation. Ce n'en sera pas pour autant une promenade de santé pour les envahisseurs russes : tant sur le front de l'Est qu'en Crimée (où leur marine a été humiliée et ce n'est qu'un début), ils vont payer le prix du sang.  Dans les jours à venir, l'Ukraine  va répliquer par des frappes longue distance de missiles Storm Shadow qui viseront non seulement le sud de la Russie, mais aussi Moscou et sa  région.

Poutine ne s'en prive pas moins de fanfaronner : « On va intensifier nos frappes ». Il se vante largement. Auteur de La Guerre hybride en Ukraine (Éditions du Cygne), Ulrich Bounat écrit : « La Russie n'a pas la capacité de tirer comme cela pendant des nuits et des nuits ».

En attendant, les salves de missiles russes font d'énormes dégâts humains et matériels. Et ces frappes ne peuvent que continuer jusqu'aux élections du 17 mars prochain : même s'il est sûr d'être élu à la soviétique, Poutine doit montrer qu'il est impitoyable. Aux Russes et à ses alliés qui le fournissent en armes et matériels : la Chine, la Corée du Nord, les Émirats arabes unis, la Turquie (toujours membre de l'OTAN...).

Face à cette arrogance, un Occident impuissant (voire complaisant). Ce dont Zelensky n'est pas dupe : « Poutine sent les faiblesses et comme un animal, car c'est un animal. Il sent le sang, il sent sa force. Et il vous mangera pour son dîner avec votre union européenne, votre OTAN, votre liberté et votre démocratie ».

Le 29 décembre dernier, un missile russe a violé l'espace aérien polonais. Sans déclencher la moindre réaction de la part de l'OTAN (directement défié dans l'un de ses États membres) ou des Européens (rappelons que, malgré l'urgence, lesdits Européens ne se sont pas engagés dans une économie de guerre).

Kiev est matraquée et on ferme les yeux. Imagine-t-on une telle indifférence si  d'autres capitales subissaient un même sort ?

L'élimination à Beyrouth d'un criminel du Hamas, après une frappe chirurgicale israélienne, fait scandale. Mais le massacre des Ukrainiens passe crème...

Pour l’heure, l'Ukraine, en mesure de tenir ses positions, ne lâche rien. Mais elle se sent bien seule en ce début d'année...

Alain Sanders