À vous, nombreux et fidèles lecteurs de ce « blog », mes souhaits de bonne et heureuse année 2024. Et aussi de courage dans les épreuves.
Avec toute mon amitié dans la même espérance.
Bernard Antony
Regards sur le monde en ce début d’année
· - Constitutionnalisation de l’avortement
Ce projet du gouvernement ne semble, hélas, pas en voie d’être abandonné. Ce sera, ni plus ni moins, la sacralisation totalitaire, par notre république, de la liberté de priver chaque année du droit de naître plus de deux cent mille enfants en attente de sortie du sein de leur mère. Et ce, de plus en plus, quelle que soit l’avancée de la grossesse.
Autrement dit, la culture de mort macronienne portée au sommet d’une radicale, d’une absolue inversion des valeurs, avec le droit d’avorter non seulement garanti comme jusqu’ici, mais honoré au faîte même du droit républicain par sa démocratique constitutionnalisation. Ainsi, désormais, le droit de tuer l’être humain vivant le plus innocent qui soit sera inscrit dans le marbre de la Constitution, fondement même de toute loi républicaine.
N’est-ce point là une stupéfiante régression de notre France déchristianisée vers les antiques pratiques de mise à mort des bébés collectivement sacrifiés dans les cultes phéniciens, carthaginois à Baal Moloch et autres divinités engloutisseuses d’enfants ?
· - Déconstruction de l’Église catholique ?
La banalisation de l’avortement et son évolution vers l’infanticide ont été, il est vrai, largement facilité par la décomposition de l’Église catholique. Souvenons-nous d’ailleurs de ce que Simone Veil, après le vote de la loi « Giscard-Chirac-Veil » dont elle avait été la rapporteur, écrivit que « n’eut été l’inertie de l’épiscopat français (démobilisatrice des masses catholiques), jamais cette dernière n’aurait été votée par une majorité de députés ».
Depuis 1976, le nombre des catholiques fidèles n’a cessé de diminuer, comme celui du clergé. Mais, simultanément, le catholicisme que nous appellerons « de conviction » s’est visiblement renforcé, rajeuni, structuré comme en témoigne, par exemple, au long des années, la vitalité du pèlerinage de Chartres et l’éclosion de nouvelles fondations monastiques telles que l’abbaye bénédictine de Sainte-Marie de la Garde (près d’Agen), fille de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux et ayant acquis aujourd’hui, elle aussi, sa pleine autonomie au sein de l’Ordre bénédictin.
On peut encore citer le développement multicontinental de l’Institut du Christ-roi Souverain Prêtre à partir de son séminaire international de Grigiliano en Italie et aussi la dynamique, à partir de leur implantation première à Toulon grâce à l’accueil de notre cher monseigneur Rey, des missionnaires de la Miséricorde divine fondés par l’abbé Fabrice Loiseau.
Mais, plusieurs pages ne suffiraient pas à lister toutes les fondations nouvelles en France enracinées sur la liturgie traditionnelle à laquelle le grand pape Benoît XVI avait redonné, non pas la légitimité qu’elle a toujours eu et aura toujours, mais une liberté qui lui avait été indûment arrachée par un abus d’autorité pontificale à motivation idéologique. Sur cette question, la récente publication (fin 2023) du petit livre du Père Paul Cocard (de l’Ordre des Frères de saint Jean) titré « La primauté de la foi sur l’obéissance au pape » (DMM) est particulièrement bienvenue, exposant non seulement les limites de « l’infaillibilité » pontificale mais la fréquence, au long de l’histoire, de la « faillibilité » des papes dont la plupart, tant s’en faut, n’étaient pas des saints.
Or, comment ne pas voir que certaines décisions très surprenantes de François visant à juguler la liturgie traditionnelle réanimée, ou encore accordant la bénédiction aux couples homosexuels, sont acceptées sans trop de difficultés par certains fidèles – du moins en Europe – qui invoquent, totalement à contre sens, le dogme de l’infaillibilité pontificale, confondu avec une sacralisation de la personne du pape. Phénomène qui ne se produit pas en Afrique où l’épiscopat et le clergé dans leur ensemble sont, à l’évidence, plus formés doctrinalement et donc moins sujets à un déviationnisme papolâtrique. Cette papolâtrie explique sans doute, partiellement au moins, le fait que le scandaleux « abandon-trahison » par Rome de l’Église de Chine (selon l’expression même de l’héroïque cardinal Zen, archevêque émérite de Hong Kong) livrée à l’effroyable carcan du Parti communiste de Xi Jinping, n’ait pas suscité en Occident une indignation proportionnée à son ignominie.
Cependant, comment ne pas constater que l’aura de François s’effiloche désormais de plus en plus au fil des années ? Ainsi, lorsqu’éclate sans cesse davantage l’évidence que ce pape se livre à une véritable déconstruction de l’héritage théologique de Benoît XVI. Un remarquable article du chroniqueur religieux Jean-Marie Guénois, dans Le Figaro du samedi 30 décembre, n’est-il pas titré : « Comment François efface l’héritage théologique de Benoît XVI ? » Et sous-titré : « Depuis la mort du pape émérite il y a un an, son successeur impose sa vision de l’Église sans prendre de gants ». François, en effet, ne prend guère de précautions pour revenir sur la réforme liturgique majeure pacificatrice de son prédécesseur, qui permettait aux prêtres qui le désiraient de célébrer la messe à titre « extraordinaire » selon l’ancien rituel catholique latin.
Surtout, un an à peine après le rappel à Dieu de Benoît XVI, François limoge-t-il les personnalités de la hiérarchie de l’Église qu’il a jugées trop proches de ce dernier. Ainsi en a-t-il été de l’éminent monseigneur Georg Gänswein, son ancien secrétaire particulier. Guénois écrit : « Même type de règlement de comptes avec le cardinal américain Leo Burke, grand spécialiste du droit canonique et ayant occupé de hautes fonctions au Vatican. François, avec détermination, lui fait couper, arbitrairement et contre toutes règles établies, vivres et logement ».
Guénois continue en évoquant le cas de monseigneur Joseph Strickland, 65 ans, évêque de Tyler au Texas, éliminé par décret papal du 11 novembre 2023. Il était lui aussi un influent « ami » proche de Benoît XVI. Donc peu favorable aux surprenantes orientations pastorales de François, donc à limoger.
On comprend que, déplorant les pratiques autoritaires de François, en vérité aux antipodes de ses discours et recommandations d’ouverture et de tolérance, beaucoup dans l’Église à Rome comme en Afrique, se plaisent à affirmer malicieusement qu’il faut prier pour le pape, « afin que Dieu lui ouvre les yeux… ou les lui ferme ».
· - Les vœux très médiatisés de Xi et de Poutine
Seuls les fieffés optimistes ont, depuis des années, pu croire que les dictateurs russes et chinois continuateurs de Mao et de Staline seraient des hommes de paix. Après les discours de souhaits pour 2024 qu’ont tenus le dictateur chinois et le russe, il faudrait être un parfait imbécile – ou un propagandiste stipendié – pour continuer à émettre de pareilles inepties. Avec son regard de tigre filtrant de ses paupières félines, Xi n’a fait, à l’occasion de ses vœux au peuple chinois, que réaffirmer son intention de conquérir Taïwan. Par la diplomatie ou par la force.
Il est probable que ce ne sera pas pour tout de suite. Mais Taïwan, comme un gros porc-épic aux épines empoisonnées, ne sera pas si facile à avaler et à diriger.
Poutine, pour sa part, sanguinaire félin d’une autre espèce, et lui aussi sans une once de scrupule, entend accomplir méthodiquement, quel qu’en soit le coût humain, la reconquête de tous les pays s’étant à la fin du siècle dernier libérés du carcan soviétique. Sa stratégie est simple : dans une radicale inversion du sens des mots, il s’agit de l’imitation d’Adolf Hitler ! Comment, en effet, ne pas voir le mimétisme des conquêtes de la Tchétchénie, d’une partie de la Géorgie, du Donbass ukrainien et de la Crimée avec les premières conquêtes par le chancelier nazi de l’Autriche et des Sudètes.
Et aujourd’hui, toujours à son programme, celle, coûte que coûte, de l’Ukraine prétendument russe. Après ce pays héroïque, à vaincre ou à détruire, comme Hitler et son comparse non moins criminel Staline le firent de la Pologne ; eh bien, justement, pourquoi ne pas s’emparer à nouveau de cette dernière ? Et puis, bien sûr, inéluctablement viendront le tour des pays Baltes et celui de la Finlande, et bien sûr de la petite Moravie et des autres peuples encore de l’ancienne URSS.
Dieu seul sait ce qu’il y a dans le cerveau de Poutine comme échéancier d’invasion néo-soviétique ou plus précisément de conquête d’un immense nouvel empire eurasiste fédéré à l’Iran et aux anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale.
Du moins jusqu’au jour où le tigre Xi jugera le moment venu de la possibilité d’avancer ses peuples et ses armées innombrables loin vers l’ouest russe sans craindre d’être… recalé à l’Oural !
Assurément, l’hubris de conquête paraît bien le facteur le plus dangereux de la stratégie géopolitique de Poutine. Non, vraiment, il n’est pas anodin que ce dernier ayant pu par un seul sabotage d’avion éliminer à la fois le créateur de « Wagner », le musicologue néo-hitlérien Dimitri Outkine, tatoué de symboles nazis et l’autre chef de « Wagner », Evgueni Prigojine, et le reste de leur état-major, que Poutine donc, aussi fasciné qu’eux par le modèle hitlérien, se soit fait le cynique plaisir d’oser affubler du nom de « Africa Corps » (Afrika Korps) la continuité africaine de Wagner.
Vraiment quoi de plus jouissif pour cet empereur du mensonge et du mimétisme hitlérien que d’envahir l’Ukraine sous le prétexte ubuesque d’un impératif de dénazification !
Nous savons pertinemment combien cette entourloupe idéologique plaît en France à quelques fieffés néo-nazis du vieux paganisme d’extrême-droite. « Par Odin, pensent-ils, qu’il est bon ce Poutine ! » Surtout quand il est affublé de la compagnie de son vieil ami du KGB, le très vénérable patriarche Kirill et qu’ils font tous deux d’émouvants exercices de piété avec forces cierges et encensoirs autour de saintes icônes ainsi abominablement profanées !
Vraiment, de Raspoutine à Poutine, en passant par Lénine et Staline, la Russie n’a pas de chance !
Mais, notre France non plus, d’être ainsi en même temps sous l’emprise de la culture de mort occidentale et des terrorismes orientaux communistes, néo-staliniens ou islamistes.
· - De l’Arménie au quartier arménien de la Vieille Ville de Jérusalem
Je lis avec consternation dans Le Figaro de samedi et dimanche 31 décembre 2023, le bon article d’Hugues Maillot sur les tensions agitant le quartier arménien de la Vieille Ville de Jérusalem.
J’ai évoqué cette Vieille Ville, la plus chargée qui soit d’histoire sainte et de sacré, et aussi ce quartier arménien si émouvant dans mon livre « Ce que j’ai vu en Terre Sainte ».
On le sait, je n’ai jamais caché dans ce livre et ailleurs mon admiration pour la résurrection historique d’Israël et le courage de son peuple. Mais, j’aime particulièrement aussi les chrétiens d’Israël, hélas à la population si réduite aujourd’hui (petite minorité, environ 2 % des Israéliens, parmi les 20 % des arabes musulmans israéliens).
Or, à lire Hugues Maillot, « courant novembre, des bulldozers sont arrivés en pleine nuit dans le quartier arménien pour détruire un mur. Puis des colons ont débarqué armés et accompagnés de chiens sur le site, pour tenter de chasser, en vain, les Arméniens qui y avaient installé un campement de fortune, pour veiller jour et nuit. Une entrée du parking a un temps été interdite à la communauté… »
Fondateur de Chrétienté-Solidarité mais aussi créateur avec plusieurs amis chrétiens et juifs du Cercle d’Amitié Française juive et chrétienne, je ne supporte pas plus le racisme anti-chrétien en Israël comme ailleurs, que le racisme anti-juif où que ce soit dans le monde. Et on sait combien je mets dans le même sac le Hamas sunnite terroriste et le Hezbollah chiite non moins terroriste et leurs patrons iraniens et russes, sans oublier les syriens.
En ce début d’année 2024, chrétien, catholique français, mes pensées vont naturellement vers tous les chrétiens persécutés dans le monde, martyrisés, menacés ou discriminés.
Martyrisés comme ceux du Nigéria. Persécutés comme en Chine ou en Corée du nord. Menacés comme en Arménie, éliminés comme dans le Haut-Karabagh. Massacrés comme dans les bombardements de l’Ukraine et autres crimes poutiniens à visée génocidaire. Soumis au mieux à la dhimmitude comme dans tous les pays d’islam ou aux pires abominations des persécutions islamistes. Sans omettre celle de l’hindouisme…
Et sans compter que les chrétiens en Israël, comme nous jadis en pèlerinage en Terre Sainte, très bien accueillis pour l’essentiel, se passeraient bien du mépris ostentatoire et des crachats d’une minorité de juifs haredim et plus encore, en Cisjordanie, de l’arrogance raciste de certains colons autoproclamés.
Mais après l’ignoble pogrom du 7 octobre 2023, perpétré au sud d’Israël par les assassins sadiques du Hamas déferlant de la bande de Gaza, après les représailles massives de la vengeance israélienne déjà exercées pendant plusieurs semaines, comment ne pas s’interroger sur la stratégie d’Israël en vue du règlement du conflit ? Disons-le tout net, nous envoyer en Europe déjà submergée d’immigration islamo-islamiste, plusieurs millions d’immigrés palestiniens, ne nous paraît ni une solution viable, ni acceptable.
Car, n’en déplaise même à certains politiciens des partis de la droite nationale qui n’osent pas prononcer le mot d’islam, le principal danger de l’immigration que nous subissons, c’est qu’elle est une islamigration.