· Manuel Rocha : arrestation après plus de 40 ans d’espionnage pro-cubain !
Sur le net, toutes les photos de Manuel Rocha ne se ressemblent pas. Pour la simple raison qu’il y a plusieurs personnages à s’appeler ainsi.
Mais à considérer les photos de celui que nous mentionnons, ancien titulaire de plusieurs postes élevés dans la diplomatie américaine (et même ancien ambassadeur en Bolivie), on ne trouve tout de même pas qu’elles révèlent un personnage très transparent.
Ainsi, de celle parue dans le Figaro du mercredi 6 décembre (photo de Gonzalo Espinola – AFP prise en 2001 à la Paz). L’ambassadeur des États-Unis qu’il était alors n’a vraiment pas la tête d’un individu auquel on pourrait spontanément faire confiance. Plutôt du genre « faux-jeton », parfait pour les films d’espionnage ou sur les narco-trafics…
Les articles qui sont consacrés au personnage dans la presse américaine ou française révèlent qu’il fit pourtant un brillant parcours dans la diplomatie américaine, occupant successivement de nombreux postes importants en différents pays d’Amérique latine.
Il travailla notamment de 1994 à 1997 à la Havane, c’est-à-dire à la représentation des États-Unis à Cuba pendant la longue interruption des relations officielles entre les deux États.
Tout au long de sa carrière, Manuel Rocha manifesta un constant et virulent anticommunisme. Ces vingt dernières années, Rocha fut successivement affecté en tant qu’expert de l’Amérique latine au conseil national de sécurité des USA puis, de 2006 à 2012, comme conseiller diplomatique au très stratégique commandement sud des États-Unis (US Southern Command), état-major militaire dont la zone d’activité couvre aussi Cuba.
Ayant pris sa retraite, il fut alors recruté par une société internationale de relations publiques et un important cabinet américain d’avocats, heureux de pouvoir compter sur un collaborateur de haut niveau encore habilité à consulter les documents confidentiels du Département d’État.
Pour le demi-retraité Manuel Rocha, tout allait donc pour le mieux.
C’est alors qu’il fut « approché » par un certain Miguel se faisant passer pour un agent cubain parfaitement au courant de ce qu’il travaillait, lui aussi, et depuis longtemps, pour Cuba. En réalité, Miguel était un agent du FBI américain. Il fut vite à même de recueillir et enregistrer les confidences de Rocha sur ses dizaines d’années d’infiltration de la diplomatie américaine, renseignant efficacement les services cubains.
Resterait à savoir pourquoi il n’a tout de même pas, par prudence élémentaire, informé ces derniers de sa rencontre avec ce « Miguel » !
Mais peut-être celui-ci était-il d’une stupéfiante habileté dialectique pour avoir pu dissuader Manuel Rocha de questionner sur « Miguel » ses supérieurs à la « Direccion de Intelligencia » de Cuba ?
On ne peut donc, pour l’heure, que simultanément observer la faillite du contre-espionnage américain pendant plus de quarante ans, sur le cas du « diplomate » Rocha, l’espion castriste de haut vol, mais aussi admirer sa réussite dans l’identification et l’arrestation de ce dernier.
Ce qui est désormais devenu à Washington « l’affaire Manuel Rocha-Miguel » illustre la longue perméabilité des pays d’Occident aux infiltrations des espions de l’Est. On se souvient notamment des noms des célèbres espions dits les « cinq de Cambridge » sur lesquels a été écrit par Andrew Boyle l’ouvrage très documenté « Un climat de trahison ».
Les cinq s’appelaient Guy Burgess, Kim Philby, Donald Mac Lean, Antony Blunt, John Cairncross. Ces hommes issus de la grande bourgeoisie, recrutés par le NKVD – futur KGB – soviétique, dans l’université de Cambridge, avaient pour « officier traitant » Youri Ivanovitch Modine. Ils sont souvent considérés comme les maîtres-espions de Staline dans la période des années 1930.
Dans différentes études, il est assuré que 17 autres Cambridgiens suivirent les cinq dans leur engagement dans les services secrets soviétiques. L’ouvrage d’Andrew Boyle est tel qu’il s’avéra que tout ce qui paraissait faux, invraisemblable, inventé, fut en réalité presque totalement véridique, comme l’ont prouvé de nombreuses études.
Et c’est ainsi qu’en 1945 l’URSS stalinienne disposait d’un réseau d’espionnage tel qu’elle contrôlait tous les secteurs stratégiques des services de renseignement américains et britanniques. Il est à noter que l’homosexualité tint une grande place dans les relations de plusieurs de ces agents.
Cela explique que, dans les années 1950, apparut l’appellation « Homintern », mot passerelle désignant dans des magazines américains la fusion des termes « homo » et « Komintern » (Internationale communiste).
C’est là un détail que Poutine, à la fois simultanément admirateur de Staline et vraiment pas très indulgent pour la faune LGBT, n’évoque sans doute pas dans son histoire révisée de la Russie-URSS…
· Races et criminalité aux États-Unis
Le très subtil chroniqueur au Figaro (chaque lundi) Samuel Fitoussi consacrait le 27 novembre dernier dans la page Opinions de ce quotidien une réflexion titrée : « Existe-t-il un racisme systémique en Occident ? ».
On y lisait notamment ceci : « Aux États-Unis entre 1959 et 2021, il y a eu 52 518 Noirs tués par des Blancs contre… 155 785 Blancs tués par des Noirs (trois fois plus) ».
Mais Fitoussi ne prenait pas en considération le fait que la population noire aux États-Unis ne représente qu’environ 15 % de la population globale.
Faut-il en conclure que 15 % tuent trois fois plus que 85 % ?