vendredi 15 décembre 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 

Tétanisée par Poutine, leur Europe veut lâcher l'Ukraine

Starisé par les Européens et comparé à Churchill au début des combats héroïques de l'Ukraine contre l'invasion russe, Zelensky dérange désormais. Il dérange leur Europe qui s'apprête à honteusement munichiser face aux menaces de Poutine. Il dérange l'Occident qui n'en est plus, c'est vrai, à une lâcheté et à une trahison près. Témoin ce voyage pour rien de Zelensky aux États-Unis : acclamé par le Congrès l'an dernier, il est revenu cette fois-ci une main devant une main derrière. Avec quelques paroles lénifiantes du sénile Biden qui a, il est vrai, quelques soucis désormais avec la justice de son pays...

Nous ne sommes pas des fans d'une adhésion à l'UE. Sauf qu'en l'occurrence une telle adhésion pourrait être une sorte de protection face au Kremlin. Mi-2022, Macron, Scholz, Mario Draghi, grands rouleurs de mécaniques s'il en est, étaient venus à Kiev pour dire que l'adhésion de l'Ukraine à l'UE allait passer comme une lettre à la poste.

On n'en est plus là. Et si leur Europe parle encore de cette éventuelle adhésion, c'est pour dire qu'elle sera longue et difficile à obtenir. Avec, en embuscade, le Hongrois Viktor Orban, complice de Poutine, ce qui, au regard de Varsovie 1956 et du martyr infligé au peuple magyar par l'URSS, est un peu dur à avaler.

Il y a Orban. Qui, servant des intérêts de Poutine, a le mérite d'afficher ouvertement son hostilité à l'Ukraine. Et il y a les autres. Les faux-culs, les sournois, les pétochards. En 1938, leurs prédécesseurs avaient voulu s'entendre avec Hitler. Pour empêcher la guerre. Pour avoir la paix. Pour éviter d'exciter (et d'humilier comme le disait Macron soucieux de l'exquise sensibilité de Poutine) le maître du IIIe Reich. On connaît la suite.

Aujourd’hui, on nous dit que l'adhésion de l'Ukraine à l'UE (et ne parlons même pas d'une entrée dans l'OTAN...) déchaînerait Poutine et ouvrirait la porte à d'autres conflits. C'est de l’exact contraire dont il s’agit. Si Poutine n'est pas stoppé – et radicalement stoppé – en Ukraine, c'est toute une partie de l'Europe,  membres de l'UE comme les pays baltes ou pas comme la Moldavie, qui deviendraient les proies du prédateur stalino-poutinien.

Souvenons-nous. En 2008, Paris et Berlin s'opposent à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN. Aussitôt, Poutine envahit la Géorgie. Comme personne n'a vraiment bougé, il envahit et occupe moins de six ans plus tard la Crimée. Personne ne bougera. Suivra donc l'Ukraine. Combien de semaines attendra-t-il cette fois-ci avant de s'en prendre à la Lettonie, à l'Estonie, à la Lituanie, à la Moldavie, si leur Europe rejette l'Ukraine ? En cas d'une telle hypothèse, « les conséquences seraient dramatiques », alerte le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kukeva.

Face à de tels pleutres, Poutine parade : conférence de presse pharaonique avec des journalistes à sa botte, mise au secret (on ne sait même pas s'il est toujours vivant du refuznik Alexeï Navalny), infiltration d’agents du GRU dans les capitales occidentales, bombardements massifs de Kiev (immeubles d'habitation, crèches hôpitaux), etc.  Nous avons souvent parlé de l’héroïsme du peuple ukrainien. Il faut désormais parler de son héroïcité sacrificielle. Et prier.
Alain Sanders