mercredi 4 octobre 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 

Leur Europe s'apprête-t-elle à lâcher l'Ukraine ?

Ils ne le feront pas d'un seul coup, ni plus ou moins brutalement. Mais à la sournoise. En s’abritant derrière leurs règlement et leurs obligations réglementaires. L'Union européenne, au lendemain de la calamiteuse victoire en Slovaquie du parti du poutiniste Robert Vico, va certes continuer – encore un instant, monsieur le bourreau... – à faire comme si. Et puis, la lâcheté intrinsèque de l'UE aidant, on expliquera à l’Ukraine qu'on est désolés, qu'on compatit vraiment à ses malheurs, mais que la realpolitik commande.

La semaine dernière, les ministres des Affaires étrangères de l'Europe se sont déplacés à Kiev. Pas tous. Manquaient à l'appel les chefs de la diplomatie hongroise, polonaise et lettone (ces deux derniers avaient un mot d'excuse de leur médecin ; le Hongrois n'a pas connu Budapest sous les chars russes en 1956, alors Kiev sous les bombes des néo-staliniens, il s'en contrefout...).

La contre offensive ukrainienne est lente, mais héroïque. Mais il ne faut pas se mentir : sans capacités de défense et d'attaque aériennes, l'Ukraine finira par s'épuiser contre les lignes de l'occupant russe. C'est ce que l'Allemande Annalena Baerbock semble avoir compris quand elle déclare : « L'Ukraine a besoin d'un plan de protection hivernal comprenant une défense aérienne, des générateurs et un renforcement de l'approvisionnement énergétique ». Elle parle d'or. Mais où sont ces avions de combat, toujours promis, jamais livrés, qui permettraient de faire la différence avec l’envahisseur ?

Depuis plusieurs semaines, Kiev a compris ne pas pouvoir – ne plus pouvoir – compter sur les États-Unis pour armer vraiment l'Ukraine (et l'hypothèse Trump n'a rien à voir en l'occurrence). Zelensky est en train de comprendre que l'Union européenne ne prendra pas le relais. Un exemple : l'Allemagne (qui joue un jeu trouble depuis le début) ne veut toujours pas fournir des missiles de longue portée Taurus. Leur Europe n'est même pas capable d’assurer une aide en munitions (parce qu'elle n'en a même pas pour sa propre défense au cas où...).

Le haut-représentant de l'UE pour les Affaires étrangères, le calamiteux Joseph Borell a promis, lors de la réunion à Kiev du 2 octobre, un accord pour une enveloppe de 5 milliards d'euros pour la Fraternité européenne pour la paix (qui permet de financer l'achat de matériels, mais pas de ces matériels qui font la différence sur le terrain guerrier). Il dit aussi, une promesse en entraînant une autre, vouloir assurer un fonds de soutien pluriannuel de 20 milliards d'euros. En sachant pertinemment que les Vingt-Sept ne donneront jamais unanimement leur accord.

La « lassitude » européenne évoquée par Moscou (qui est à la manœuvre propagandiste dans plusieurs capitales européennes) ne relève déjà plus du vœu pieux, hélas...

Alain Sanders