mercredi 4 octobre 2023

Les libres propos d’Alain Sanders

 

Quand Elkabbach trouvait  « quelques raisons ” aux massacres des harkis !

A moins d’être exilé sur une planète située hors du système solaire, vous n’avez pu échapper et vous n’échapperez pas aux flots de louanges, d’hommages échevelés, de simagrées dithyrambiques (y compris et parfois d’abord de la part de ceux qui le détestaient) venus saluer la disparition de Jean-Pierre Elkabbach. « Une grande voix s’éteint », « le roi des intervieweurs », « un journaliste d’exception », « le confident des présidents », etc. C’est la loi du genre et la presse mainstream en use ad nauseam.

Pour ma part, je me souviens de ce jour où Elkabbach avait reçu Jeannette Bougrab, fille de harki et fière de l’être, dans l’émission “ Bibliothèques Médicis ” sur la chaîne LCP. A un moment de l’entretien, il s’était lâché : “ Les harkis ont été scandaleusement traités en France et en Algérie, mais vous ne pouvez pas ne pas reconnaître qu’il y avait quand même quelques raisons ? ”

Disons tout de suite que qualifier des massacres de masse de traitements “ scandaleux ”, quand on sait ce que subirent ces hommes, est déjà une dégueulasserie. Et quelques raisons ? Le sale type… Réagissant à cette ignominie, l’association Harkis et Droits de l’Homme avait communiqué : “ Ainsi Elkabbach justifie les exactions, les massacres de harkis en Algérie, l’accueil indigne en France, leur relégation dans des camps : il y avait donc des raisons ! Un tel comportement  est ignoble et scandaleux. Elkabbach, pied-noir, n’a pas fait son service militaire en Algérie comme appelé pendant la guerre. Tant mieux pour lui… Il a quitté l’Algérie en 1956 : il a eu de la chance d’être né au bon moment, du bon côté, il a eu de la chance car il est parti en métropole pour faire ses études à Paris, à l’université et à l’Institut d’Etudes politiques de Paris. Lui avait les moyens de le faire. Il avait reçu l’éducation préalable. ”

Jeannette Bougrab, ne se laissant pas impressionner par le butor, lui avait répondu :

- Mon grand-père a été égorgé en 1957 parce qu’il avait fait la Seconde Guerre mondiale, qu’il avait contribué à la libération de la France. Mon grand-père était garde champêtre, ça méritait qu’il soit égorgé par le FLN ? Mon oncle a été retrouvé tué d’une balle dans la tête (…). Jamais je n’accepterai d’entendre ça !

Elkabbach en remettra pourtant une couche en balançant un mensonge total : “ On leur a fait faire de sinistres besognes en Algérie et ils les ont faites. ”

Réponse du général Maurice Faivre : “ Ami et historien des harkis depuis 1960, je puis affirmer que les harkis, sauf exceptions, ne participaient pas à de sinistres besognes pour la bonne raison que, parlant mal le français, ils n’étaient pas utilisés pour les interrogatoires. ”

Quand Elkabbach insinuera fielleusement: “ Ils n’ont pas participé à la torture ? ”, Jeannette Bougrab, estomaquée, l’avait renvoyé dans ses buts : “ Mais vous plaisantez ! ”

Il ne plaisantait pas hélas, lui qui avait dû apprendre l’histoire de la guerre d’Algérie (qu’il n’avait suivie que comme un observateur extérieur) dans les ouvrages fellouzards de l’ “ historien ” Benjamin Stora.

“ Jamais je n’accepterai d’entendre ça ! ” avait continué Jeannette Bougrab.

 “ Oui, mais c’est pourtant la vérité ” avait osé insister Elkabbach.

“  Je ne l’accepte pas, vous avez cette tache (le massacre des harkis) sur l’histoire de France ” avait rétorqué la courageuse jeune femme.

Pendant que des Français – de toutes origines et de toutes confessions – se battaient et mouraient pour la France, Elkabbach pantouflait dans les écoles de la métropole.

Pour être honnête, disons qu’il ne va pas vraiment me manquer. Pour le reste, qu’il s’arrange avec l’au-delà.

Alain Sanders