lundi 2 octobre 2023

Autonomie de la Corse ? Oui, mais les libertés doivent être étendues à toutes nos régions !

Paris, le 2 octobre 2023

Bernard Antony, président de l’AGRIF, directeur de la revue Reconquête

Michel Léon, conseiller éditorial

communiquent :

Autonomie de la Corse ? Oui, mais les libertés doivent être étendues à toutes nos régions !

Emmanuel Macron vient de proposer aux élus de Corse de travailler sur un statut d’autonomie pour leur île. Il n’a pas précisé quels en seraient les détails mais on peut imaginer qu’il s’agira d’une capacité d’adaptation législative dans les domaines de compétences, maintenus ou élargis, qui sont ceux de cette région.

Toutes les grandes îles voisines bénéficient de statuts d’autonomie de ce type : La Sicile depuis 1946, la Sardaigne depuis 1948. Les îles Baléares, comme les autres régions espagnoles, bénéficient du statut de communauté autonome depuis 1981. La Corse est la seule de ces régions insulaires à continuer à être agitée de spasmes aussi indépendantistes qu’utopiques - voire criminels -, réaction démesurée aux principes jacobins et centralisés de l’administration territoriale en France.

La Corse a déjà bénéficié en 1991 d’une réforme lui permettant de disposer d’un conseil exécutif distinct de son assemblée régionale. On peut s’étonner qu’une telle séparation des pouvoirs ne soit pas appliquée dans les autres régions françaises : le président du Conseil régional, assemblée délibérante, y préside aussi à l’application de ses décisions. Ce contresens juridique évident concentre abusivement les pouvoirs sur un seul élu.

Nous ne pouvons souscrire aux bruyantes protestations d’une partie de la « droite de conviction » contre ce projet d’autonomie qui, prétend-elle, menacerait la France de « dislocation ». La centralisation parisienne, avec son État obèse, égalitaire et doctrinaire, a amplement démontré qu’elle creusait les fractures territoriales et menaçait de ce fait l’unité du pays, à l’opposé d’une application raisonnable du principe de subsidiarité.

Non, n’en déplaise au RN Sébastien Chenu, les libertés régionales ne participent pas de la « déconstruction de ce qui solidifie notre pays ». C’est au contraire le mépris des libertés locales, des cultures régionales et la gestion obtusément centralisée des territoires par Paris qui marginalisent les « périphéries territoriales » créant l’injustice, la frustration et la délégitimation du pouvoir central. La fusion autoritaire en 2015 de plusieurs régions par François Hollande, contre la volonté de plusieurs d’entre elles, en fut l’illustration caricaturale.

Reste que nous ne saurions détacher le sort de la région Corse de celui des autres régions de France métropolitaine. Les voix s’élèvent parmi les élus régionaux pour exiger une « révolution girondine » bénéficiant à l’ensemble des régions et collectivités françaises. Ces élus (de Valérie Pécresse pour l’Île-de-France, à Loïg Chesnais-Girard pour la Bretagne), ne sont en rien séparatistes !

L’autonomie de la Corse sera d’autant plus profitable à la cohérence de l’ensemble national qu’elle ne constituera pas une exception. C’est à toutes les régions et collectivités de France métropolitaine qu’il convient de rendre leurs libertés, l’État central veillant à la péréquation des ressources, au respect du droit et aux fonctions régaliennes fondamentales.