mardi 24 octobre 2023

Face à l’Occident, l’axe Pékin-Moscou-Téhéran et ses ramifications islamo-islamistes

Quelques rappels pour comprendre les actuels conflits géopolitiques

- Israël : douloureux réveil du 7 octobre 2023

Les pays d’Occident ou culturellement occidentaux mais aussi la plupart des pays musulmans avaient, au fil des années, sinon oublié, du moins négligé la permanence de la question palestinienne. Ainsi, plusieurs pays arabes signaient ces dernières années avec l’État d’Israël les « Accords d’Abraham ».

Les uns et les autres ne se souciaient plus guère de la formidable bombe à retardement que constituaient plus de deux millions de Palestiniens, musulmans à 98 % (le petit reste étant d’héroïques chrétiens de la dhimmitude), enserrés dans le chaudron éruptif de la bande Gaza, bordée à l’ouest par la mer, au sud par sept kilomètres de frontière avec l’Égypte, à l’est par les quarante kilomètres de la frontière avec Israël, réputée infranchissable avec ses murs et ses systèmes de surveillance électroniques soi-disant parfaits.

Le 7 octobre 2023 il s’avéra qu’il n’en était rien. Brisant les murs et les clôtures avec leurs bulldozers, par milliers des terroristes du Hamas déferlèrent sur les kibboutz d’Israël frontaliers de Gaza et s’employèrent à y perpétrer les plus abominables massacres. D’autres, lourdement armés, surgissant par air de Gaza au moyen d’ULM, atterrissaient sur une « rave party » israélienne qui se déroulait imbécilement à quelques kilomètres à peine de l’enclave.

Et ce fut l’horreur de la sauvagerie tortionnaire et exterminatrice du Hamas.

Ce 7 octobre 2023, pour la première fois dans son histoire, Israël se trouvait envahi, occupé de longues heures durant – plus d’une journée en certains lieux. Ce, alors que la région était terriblement dégarnie de troupes protectrices, d’une part parce que bien des soldats étaient en permission pour la fête de Souccot (fête « des tentes »), de l’autre parce que trois divisions de l’armée étaient prioritairement mobilisées pour protéger les colonies juives des territoires occupés en Transjordanie.

Au fil des heures le gouvernement de Benyamin Netanyahou allait dénombrer plus d’un millier de victimes civiles souvent horriblement assassinées : jeunes gens de la « rave party » mais aussi femmes, enfants, bébés et vieilles personnes des kibboutz.

Terrible échec pour « Tsahal », l’armée d’Israël ainsi acronymiquement appelée depuis sa création. Terrible échec pour ses services de renseignement. Comme lors de la guerre du Kippour de 1973, lancée par l’Égypte et la Syrie, exactement 50 ans auparavant (à un jour près !), Israël n’avait rien vu venir !

Mais en ces premiers jours d’octobre 2023, le pays demeurait totalement confiant en ses capacités de surveillance électronique. Sa jeunesse pacifiste, inconsciente, croyait pouvoir sans aucun risque faire la fête à moins d’une lieue de la plus forte densité régionale d’une population palestinienne excédée par son resserrement insupportable et excitée par l’incessante propagande du Hamas. Mais qu’est-ce que le Hamas ?

- Le Hamas, organisation palestinienne islamo-terroriste des Frères musulmans sous coordination iranienne et financée notamment par le Qatar

Parmi les grandes fautes et crimes de la politique américaine au XX° siècle, aura été l’abandon-trahison du Shah d’Iran, à conséquences mondialement tragiques. Ce fut le fait du pitoyable président Carter. Mais à ce dernier, le gouvernement français de M. Giscard d’Estaing apporta toute sa collaboration en accueillant à Neauphle-le-Château l’ayatollah Khomeiny, ce chiite fanatique que la politique de Carter propulsait pour prendre la place d’un Shah de plus en plus irrésolu, car malade et ne voulant à aucun prix faire couler le sang de son peuple.

Grande analogie avec la chute de notre royauté…

Et avec la révolution de l’ayatollah, le sang coula beaucoup en Iran. Et ce fut surtout l’expansion de l’islamisme révolutionnaire dans bien des pays d’islam et en bien des pays du monde où se développèrent ses réseaux terroristes.

Bientôt, l’islamisme chiite devint un modèle pour certains mouvements sunnites intégristes. C’est ainsi que s’établit une collaboration entre certains réseaux des musulmans sunnites et les islamistes iraniens. La puissance de l’Iran est ainsi désormais telle que ce pays a non seulement créé, développé et armé depuis les années 1980 le Hezbollah (« parti de Dieu ») libanais mais l’a par la suite en quelque sorte fédéré avec le Hamas (« Mouvement de résistance islamique »), organisation palestinienne islamiste terroriste.

Notons que, outre l’Iran, certains pays d’islam soutiennent officiellement le Hamas, comme le Qatar, l’Algérie, Oman, la Malaisie, le Soudan. 

L'Iran confédère principalement le Hezbollah et le Hamas contre Israël dans l’explicite objectif de détruire ce pays.

L’Iran est simultanément un pays allié de la Russie à laquelle il fournit de l’armement, et surtout les drones « HESA Shahed » (modèles 136 ou 129) largement utilisés pour les destructions de l’Ukraine.

Vladimir Poutine, pour sa part, appuie totalement le régime iranien qu’il a, on s’en souvient, exhorté naguère à renforcer encore sa répression contre les femmes manifestant, entre autres exigences de liberté, pour le droit à n’être pas enveloppées dans les voiles noirs prescrits par la charia selon les ayatollahs. Ajoutons surtout que l’Iran, qui entend se doter au plus vite de l’arme nucléaire, bénéficie pour cela aussi du soutien actif de Poutine qui ne cesse de brandir contre l’Ukraine en particulier et l’Occident en général la menace de son arsenal nucléaire.

On mesure sur cela combien les dirigeants ukrainiens furent bien imprudents jadis d’accepter le mémorandum de Budapest du 5 décembre 1994. Selon ce traité, en échange de la dénucléarisation de l’Ukraine, dont tout l’armement nucléaire était remis à la Russie, ce dernier pays, ainsi que les États-Unis et le Royaume-Uni, s’engageaient à garantir son indépendance et sa sécurité. On allait voir comment la Russie allait totalement faire fi de son engagement, comment aussi les États-Unis d’Obama ne le lui rappelèrent-ils pas lors de l’invasion de la Crimée en 2014 par les « hommes verts » de Poutine.

Rappelons encore que si l’Ukraine avait conservé son arsenal nucléaire qui représentait, en 1994, 17 % du total détenu par l’armée russe, ex-soviétique, suffisant pour tout vitrifier de Moscou à Saint-Pétersbourg, Poutine, sous cette menace, ne se serait évidemment pas lancé le 24 février 2022 dans l’invasion de l’Ukraine, faisant suite à celle de la Géorgie en 2008 avec la conquête de l’Ossétie du Nord et de l’Abkhazie. Évoquons encore pour mémoire que la Crimée avait été occupée en 2014 par une armée de soldats vêtus de treillis verts sans aucune autre forme d’identification ; Poutine jurant alors sur le moment, avec l’Himalaya d’effronterie dans le mensonge qui le caractérise, qu’il ne s’agissait pas de militaires russes. Ben voyons !

L’entente Moscou-Téhéran avec ses prolongements dans les instrumentalisations du Hamas et du Hezbollah, et aussi du Houtisme au Yémen, n’est qu’une partie de l’axe eurasiste dont « l’inaltérable amitié » russo-chinoise est la pièce maîtresse. Jamais jusqu’à cette période de guerre en Ukraine, on a vu autant d’effusions entre les dirigeants des deux empires, Poutine et Xi Jinping. Pour l’heure, en effet, Poutine a besoin de l’appui chinois et fait tout pour se le ménager, dans une perfection réciproque d’amnésie des tensions sino-soviétiques des années 1950 qui entrainèrent la rupture de 1961-1962. Celles-ci débouchèrent sur une menace de conflit majeur au long des années suivantes avec, à partir de 1969, les accrochages entre les deux armées communistes sur les fleuves Amour et Oussouri.

Mais, faisant pour l’heure « du passé table rase » ainsi que cela est prôné dans l’Internationale, le néo-stalinien Poutine et le néo-maoïste Xi, se congratulent dans la commune perspective affichée d’en finir avec l’ordre occidental et de l’établissement d’un nouvel ordre mondial multipolaire.

La Chine, pour son commerce militaire utilise largement sa protégée, la Corée du Nord. Cette dernière est ouvertement une précieuse alliée de la Russie à laquelle elle fournit en quantité de l’armement et des munitions pour sa guerre en Ukraine. Mais, c’est aussi de l’armement chinois qui passe massivement en Russie, transporté par des milliers de containers nord-coréens.

Enfin et surtout, la Chine prépare la très difficile invasion de Taïwan, île certes quasi-minuscule, en comparaison de sa population et de sa superficie avec celle du géant chinois. Mais, elle n’en sera pas moins un morceau très difficile à avaler, ce que montre remarquablement l’article de notre ami Emmanuel Pezé à paraître dans Reconquête de ce mois : « Quand la Chine attaquera ».

Cette Chine « immense et rouge » comme disait Mao, est évidemment la pièce majeure des trois puissances de l’axe anti-occidental avec ce que nous pouvons désigner comme leurs « pays ou organisations accrochées ». Résumons :

- la Chine, avec comme déjà mentionné la Corée du Nord mais aussi ses colonies africaines,

- la Russie, avec la Biélorussie, avec ses territoires conquis en Géorgie, avec Cuba et le Venezuela.

- l’Iran, avec le Hezbollah et les zones du Yémen sous contrôle houtiste.