mercredi 13 septembre 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 

L'insulte à Mohammed VI : Macron « meilleur ennemi de la France à l'étranger »

Dans une allocution filmée et diffusée sur son compte X (anciennement Twitter), le 12 septembre dernier, Macron, au mépris de tout protocole et même du respect d'un simple savoir-vivre, s’est adressé directement « aux Marocains » (et « aux Marocaines », car il sacrifie bien sûr aux aberrations grammaticales). Passant ainsi, avec une arrogance de butor et de goujat, par-dessus la personne du roi Mohammed VI ! Une première : ce type de discours, adressé par un chef d’État directement au peuple d'un autre pays, n'a pas de précédent.

Inutile de dire que cette nouvelle mauvaise manière, qui s'ajoute à de nombreuses autres, a mis les Marocains vent debout : « Veuillez vous adresser directement à notre roi. Ce n'est pas le bistrot du coin ici, il y a des protocoles ! ». Un internaute écrit : « Depuis quand vous vous adressez directement aux Marocains ? C'est très osé, condescendant et manipulateur de s'adresser au peuple d'une nation dont le roi a décliné votre offre. Vous vous prenez pour le président de l'Afrique ? »

La journaliste Zineb Ibnouzahir, qui écrit judicieusement que « Macron conforte sa solide réputation de meilleur ennemi de la France à l’étranger », note : « Pourquoi s'adresser directement aux Marocains pour évoquer une polémique qui fait rage dans les médias ? Pourquoi ne pas s'adresser directement à la presse de son pays, celle-là même qui a préféré politiser un drame humanitaire plutôt que de soutenir l'élan national de solidarité au Maroc et le travail incroyable accompli sur le terrain par les secours et les Forces armées royales ? Cette manière de faire ouvre la porte à de multiples interprétations, notamment celle d'un interventionnisme déplacé, voire d'un paternalisme qui ne dit pas son nom ».

A un moment de son laïus, Macron, sentant qu'il en fait trop, glisse : « C'est évidemment (sic) à Sa Majesté le Roi et au gouvernement du Maroc, de manière pleinement souveraine, d'organiser l'aide internationale et donc nous sommes à la disposition de leur choix souverain ». Monsieur est trop bon... « Mais, écrit Zineb Ibnouzahir, le fait même de hiérarchiser les éléments de son intervention, en subordonnant le chef de l’État et les institutions à son je narcissique, produira l'effet contraire, si tant est que ce président, auteur d'un déclassement de la France inédit à l'étranger, voulût vraiment tourner la page des polémiques et respecter le deuil des Marocains (…). En Afrique, Macron est, sinon un diffuseur, du moins un accélérateur du sentiment anti-français. Il ne comprend pas les réalités africaines et tient des discours sous le prisme d'une vision égocentrique et décalée des nouvelles réalités et de l'évolution des sociétés du continent. Pourtant, la France est un vivier d'experts et de très bons connaisseurs du continent africain. Mais Macron n'a que faire de la parole des experts. Il est visiblement seul à tout savoir, tout connaître ».

En cinq ans, Macron aidant, la France s'est mise à dos la Guinée, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Gabon : « En usant d'un ton impératif dans la crise nigérienne (« Bazoum sera président ou il n'y en aura pas d'autre »), Macron est devenu le meilleur ennemi du président nigérien déchu, en créant un ralliement populaire autour des nouvelles autorités, compliquant de la sorte jusqu'à une intervention militaire de la CEDEAO qu'il appelait pourtant de ses vœux ».

Au Maghreb, Macron a choisi nos ennemis algériens contre nos amis marocains. On en paie la facture (et ce n'est qu'un début). Ce tropisme algérien est sanctionné par des échecs cuisants et à répétition. Mais Macron s'acharne, ajoutant désormais à sa soumission maso à Tebboune et au clan FLN d'Alger, des manières de ruffian à l'égard de Rabat. Il est temps que cela cesse.

Alain Sanders