mercredi 13 septembre 2023

Et maintenant, depuis avant-hier, les poutinophiles et poutinolâtres de droite, il faut qu’ils avalent aussi la sacralisation de Dzerjinski

 

Facile d’aller vérifier cela sur internet ! Ce lundi 11 septembre 2023, au nom de Vladimir Poutine, le puissant patron des services russes de renseignement extérieur (SVR) Sergueï Narychkine, a solennellement inauguré à Moscou devant le siège de son organisation une grande statue de Félix Dzerjinski, le plus effroyable, le plus monstrueux, le plus cruel des soviétiques (après les grands patrons : Lénine, Trotsky, Staline, la « Trinité du mal » selon Volkoff).

On lira notamment dans l’ouvrage de Stéphane Courtois « Lénine, l’inventeur du totalitarisme » (ed. Perrin) et dans celui de Thierry Wolton « Une histoire mondiale du communisme » (ed. Grasset) dans le premier de ses trois tomes (Les bourreaux) ce que fut… l’œuvre proprement satanique de ce personnage d’une infinie cruauté à la tête de la Tchéka (« Commission panrusse extraordinaire de lutte contre la contre-révolution, la spéculation et le sabotage ») créée secrètement sur l’ordre de Lénine le 20 décembre 1917.

À « l’actif » de la Tchéka centrale et de ses filiales, les Tchékas locales, des millions de personnes périrent sous la torture, à la Loubianka, son quartier général à Moscou, et dans les exterminations de masses et famines organisées (tel l’Holodomor en Ukraine dans les années 1922-1923) sur les ordres de Staline.

J’ai souvent rappelé dans mes conférences un trait caractéristique de Dzerjinski : il recrutait si possible personnellement les tortionnaires (de préférence lettons (?) ou asiatiques (?)) qu’il affectait aux supplices des prétendus « ennemis du peuple ».

Ce lundi, devant sa statue, Sergueï Narychkine a loué en Dzerjinski « un homme resté jusqu’au bout fidèle à ses idéaux de bonté et de justice » (sic !) ».

Il faut ici rappeler que dès l’été 1999, Vladimir Poutine, Premier ministre de Russie mais alors encore chef du FSB (succédant au GPU, succédant à la Tchéka) avait déjà présidé à la Loubianka en présence des anciens et des nouveaux : « kagébistes un jour, kagébistes toujours », une cérémonie encore discrète mais officielle de réhabilitation de l’économiste Andropov et surtout de… Dzerjinski devant un grand portrait de ce dernier.

Plus tard, Poutine a créé dans la police russe une « division Dzerjinski ».

Aujourd’hui, en Russie, plus besoin de discrétion dans la réhabilitation des grands criminels bolcheviques. De même que Poutine a inauguré à Volgograd (ex. Stalingrad) le 23 février de cette année une grande statue de Staline, Dzerjinski est lui aussi désormais officiellement de retour avec la sienne au cœur de Moscou. Gageons d’’ailleurs que si Poutine dure, Volgograd redeviendra Stalingrad.

Cependant, depuis le 24 février 2022, date de l’invasion de l’Ukraine, toutes les plaques en hommage aux victimes des répressions soviétiques ont été, partout en Russie, retirées.

Tout comme ont été dissous l’association Mémorial et le centre Sakharov.

II.              Les inéluctables conflits de l’Inde et de la Chine Rouge  

J’annonçais ce dernier lundi un prochain article sur la rivalité sino-indienne. Même si je ne traiterai pas aujourd’hui longuement la question - nous y reviendrons peut-être plus tard – l’opportunité m’en est donnée sans plus attendre.

Car l’actualité géopolitique a bien évolué depuis le G20, en Inde, la semaine dernière. Comment les théoriciens de l’émergence d’un « sud » globalement unifié face à l’Occident pourraient-ils encore spéculer sur cette dialectique ? Car, à l’évidence, quelques jours seulement après les deux journées de New Dehli, le torchon s’est remis à brûler entre les deux plus grandes puissances de ce « sud », la Chine rouge et l’Inde.

La Chine vient en effet de publier une nouvelle carte de son immense territoire (à peu près la moitié de la Russie) avec aussi les morceaux qu’elle revendique sur la frontière avec l’Inde, mais aussi ses prétentions en mer de Chine méridionale et pas seulement Taïwan.

Ainsi dans le nord hymalayen de l’Inde, l’État indien de l’Arunchal Pradesh et la région de l’Aksai Chin, que New Dehli estime siens, sont-ils fondus dans le territoire chinois. Évoquons aussi les contentieux qui furent sanglants en juin 2020 sur la vallée de Galwan, au Jadakh.

En réplique à la publication de cette carte chinoise le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar a déclaré : « Il ne suffit pas de faire des revendications absurdes pour s’approprier les territoires des autres».

La Chine s’attribue aussi une floppée d’îles et d’îlots en mer de Chine méridionale, quelquefois éloignés de plus de 1000 kilomètres) également très fermement revendiqués selon les cas par le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, l’Indonésie.

Il n’y a qu’un endroit que s’attribue la Chine qui semble ne pas susciter de réaction de l’autre occupant éventuel. C’est l’île Bolchoï-Oussourisk, au confluent du fleuve Amour et de son affluent l’Oussourisk, un confetti de territoires jusque-là ni russes ni chinois dans l’Extrême-Orient sino-soviétique.

Mais il faut une loupe pour identifier cette parcelle de terre de 300 km2 (25 km dans sa longueur) que la Chine s’attribue entièrement aujourd’hui. Dérisoire bien sûr en regard des millions de km2 de la Russie (30 fois l’Ukraine) et des 96 millions de km2 de la Chine (environ 17 fois la France) et de leur frontière commune sur plus de 4000 km. Mais on a vu par ailleurs la Russie très sourcilleuse pour défendre le moindre confetti de territoire.

Aujourd’hui, elle ne moufte pas. Poutine n’a rien à refuser à Xi Jinping…  Et pour pouvoir enfin conquérir l’Ukraine, ne lâcherait-t-il pas la moitié de la Sibérie… n’a-t-il pas déclaré que la Chine était «l’ami sans limite » de la Russie ?