La France ne peut plus rien pour l'Afrique...
« A mort la France ! », « Vive Poutine ! », « Dégage la France ! »... Voilà, avec à la clef des drapeaux français piétinés et brûlés par une populace déchaînée, ce qu'on peut voir et entendre dans les rues de Niamey au Niger. Le putsch nigérien, après ceux du Mali, du Burkina Faso, de Guinée, participe d'une même haine anti-française (orchestrée, manipulée, programmée, certes, mais sur un terreau fertile).
Naguère, ma grand-mère disait : « Il faut toujours avoir la reconnaissance du ventre ». Le moins qu'on puisse dire, c'est que ces pays d'Afrique de l'Ouest, où nos soldats ont été engagés et où ils ont payé le prix du sang quand bien des ressortissants desdits pays étaient aux abonnés absents, n'ont pas la reconnaissance du ventre. Et pourtant...
Sans l'intervention de nos troupes au Mali, pour ne prendre que cet exemple, les islamistes seraient aujourd'hui à Bamako. Et ils avancent désormais si vite qu'ils y seront demain. Ajoutons, pour rester avec le Mali, que des milliers de Maliens, dont des jeunes hommes pétant la santé, vivent en France et y restent bien au chaud plutôt que d'aller in situ défendre leur patrie. Parenthèse fermée..
« La France nous tue ! » (sic) scandent les émeutiers de Niamey en brandissant des drapeaux russes qui ne sont bien sûr pas sortis de nulle part... Ils ne veulent plus de la France ? Soit. Prenons en acte et, comme au Mali et au Burkina Faso d'où l'on a été chassés (avec les dépouilles de nos soldats tombés au combat) comme des malpropres, rapatrions nos troupes. Et disons-le crûment : la France ne peut désormais plus rien pour l'Afrique. Il est devenu – et depuis longtemps déjà – criminel de faire tuer nos soldats pour des coucous planqués en France, des tyranneaux corrompus jusqu'à la moelle et des satrapes bottés désormais affidés à Moscou. L'évacuation de nos ressortissants sur place a été effectuée. Bravo. Celle de nos 1500 soldats doit suivre.
Nous étions au Niger à la demande du Niger. Comme nous étions au Burkina Faso et au Mali à la demande des dirigeants de ces deux pays. Après le coup d’État au Mali (2020) et celui du Burkina Faso (2022), le Niger s'était proposé pour être le relais de ce qui reste (à savoir plus grand chose) de la présence française au Sahel. Une « invitation » formulée par l'ancien président nigérien (jusqu'en 2021), Mahamadou Issoufou, et renouvelée par son successeur, Mohamed Bazoum, aujourd'hui aux mains des putschistes. Va-t-on migrer au Tchad où Macron est allé récemment adouber l'ex- putschiste Mahamat Idriss Déby qui fait régner la terreur ? Pourquoi ce putschiste tchadien est-il fréquentable et les autres pas ? Mystères d'un Macron qui est fait pour la géopolitique africaine comme moi pour être petit rat de l'Opéra...
On donne l'impression de découvrir qu'une partie des Nigériens (au moins à Niamey, en brousse il n'y a pas de francophobie) nourrissent de violents sentiments et ressentiments anti-français et même anti-chrétiens. Mais, encore assez récemment, des églises ont été incendiées et des intérêts français directement visés. Avec à la manœuvre le mouvement islamiste M62 qui, en septembre 2022 (un mois après sa création), avait provoqué des manifestations pour demander la fin de l'opération Barkhrane et le retrait des forces françaises (et américaines : quelque 1100 hommes) (1). Il n'est d'ailleurs pas dit que les putschistes seront capables de contrôler les djihadistes qui, dans certains quartiers de la capitale, sont comme des poissons dans l’eau.
Quels scénarios pour suivre ? Au moins trois. Le retour
à l'ordre constitutionnel et la restauration du président Bazoum. Peu probable.
Une intervention militaire de la Cédéao (Communiqué économique des États de
l'Afrique occidentale). Aussi peu probable : la piètre force
d'intervention de la Cédéao n'est pas opérationnelle. Reste donc, comme au Mali
et au Burkina Faso, l'installation durable des putschistes avec l'appui de la
Russie. Un scénario qui signerait la fin de la collaboration avec l'Occident et
à terme, pour toute la régions sahélienne, l'installation d'un islamiste
dévastateur. Et également à l’œuvre en Afrique de l'Est et en Afrique
septentrionale...
Alain Sanders
(1) Le M62 a été créé en août 2022. Son principal leader, Abdoulaye Seydou, pour l'heure en prison pour de nombreux actes pré-terroristes, pourrait être relâché par les putschistes (à leurs risques et périls...).