Le narratif poutiniste de Sarkozy
Sarkozy, qui trimballe un ego presque aussi lourd que ses casseroles judiciaires, revient à la devanture des librairies avec le troisième tome de ses mémoires (à trous...), Le Temps des combats (Fayard). Un titre plus que mensonger pour un homme qui, non content de n'avoir tenu aucune des promesses pour lesquelles des gogos « de droite » l'avaient élu, se sera littéralement vautré toute sa vie politique. Sans combattre.
Dans ce pensum de près de 600 pages, Sarkozy refait ce qu'il avait dit dans les deux tomes précédents : il a tout bien fait, il a tout réussi, les autres sont des nullards et des incapables. Il distribue les bonnes et les mauvaises notes et adoube, comme son favori pour la présidentielle de 2017, Gérald-Ganelon Darmanin, aujourd’hui caniche de Macron qui va se la jouer demain de plus en plus doberman...
Mais il fait pire en tirant dans le dos des Ukrainiens et en se faisant le porte-coton de leur bourreau. Macron ne veut pas que l'on humilie le maître du Kremlin (avec qui il a passé des vacances à Brégançon naguère). Sarkozy va encore plus loin dans la soumission. Il y a chez Sarkozy (comme chez Macron d'ailleurs) ce tropisme femmelin d'être fasciné par la force brutale.
Sarkozy s'offusque de l'aide occidentale à l'Ukraine. Une aide pourtant millimétrée, mesurée, conditionnelle, pas à la hauteur de ce qui devrait être livré (exemple ces fameux F-16 qui nous la joue façon l'Arlésienne depuis des mois...) et qui, je le crains, va se tarir : « Nous livrons des armes à flux continu à l'un des belligérants ». Petit salopard... Il n'y a pas deux belligérants, en effet, mais un envahisseur qui a porté la belligérance en Ukraine et une nation souveraine, l'Ukraine, qui se défend contre l'agression.
Mais la notion même d'intégrité territoriale est étrangère à Sarkozy qui préconise de « finlandiser » l'Ukraine (alors que la Finlande vient de rejoindre l'OTAN !) et d’abandonner aux Russes les terres ukrainiennes qu'ils occupent à la soviétique, drapeaux communistes déployés.
Abandonner ainsi la Crimée dont Sarkozy ose dire qu' « elle a toujours été russe » et cédée à l'Ukraine (alors « république de l'URSS) par Khrouchtchev en 1954. En omettant de dire (il est d'une ignorance géopolitique telle qu'il en ferait passer Macron pour un Pic de La Mirandole) que cette cession était l'objet d'un échange territorial, l'Ukraine de l'époque, soumise à Moscou, cédant en échange à l'Union soviétique des oblasts du nord-est.
« Toujours été russe » la Crimée ? Sarkozy est aveuglé par le narratif poutiniste. La Crimée, dont le nom signifie « ma colline » en tatar, a été grecque, romaine, byzantine, peuplée de Cimmériens, de Scythes, de Goths, de Mongols, ottomane, puis russe, puis république socialiste autonome, puis oblast de la république socialiste fédérative soviétique de Russie, etc. Quant aux Tatars, les seuls vrais indigènes de l'étape, ils furent massacrés et/ou déportés par Staline après la Seconde Guerre mondiale. Ils ne représentent aujourd'hui que 13% de la population criméenne.
Lors d'une conférence à Moscou en 2018, Sarkozy avait tenu à dire en préambule: « J'ai toujours été un ami de Vladimir Poutine ». Il l'est resté. Jusqu'à la servilité, lui qui n'a pas un seul mot de compassion pour le martyre des Ukrainiens.
A noter que Sarkozy a reçu l'appui du journaliste pro-russe Régis Le Sommier en vedette désormais sur CNews (vivement la fin des vacances que tout ça rentre dans l'ordre). Ancien de la chaîne pro-russe RT France, directeur du magazine Omerta où l'on fait la part belle aux thèses du Kremlin (j'ai déjà eu l’occasion ici même de mettre en garde contre ce personnage), ce Le Sommier qui fait le lit de Moscou, a applaudi à la sortie de Sarkozy qui provoque une sorte de malaise nauséeux généralisé.
Mykhailo Podolyak, conseiller du président Zelensky, évoque « la logique criminelle de Sarkozy et sa complicité directe avec le Kremlin ». On ne saurait mieux dire.
Alain Sanders.