Il y a 20 ans, Marie Trintignant était battue à mort par Bertrand Cantat
Nous n’avons jamais eu aucune illusion sur Bertrand Cantat, l’ancien chanteur du groupe Noir Désir. Un homme capable de tabasser une femme – et, qui plus est, à mort – n’est pas un homme. Le scandale, c’est qu’après avoir tué Marie Trintignant en 2003 à Vilnius (Lituanie), cette brutasse n’ait été condamnée qu’à huit ans de prison (pour Marie Trintignant, elle, c’était perpète…). Ce n’était déjà pas cher payé. Mais il ne fera même pas cette peine : en 2007, il bénéficia d’une libération conditionnelle. Pour “ bonne conduite ”…
Un livre sur cette brute, L’Amour à mort (L’Archipel), de Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard fait froid dans le dos. Ce qu’il “ révèle ” ? Un sale type. Qui, expliquent les auteurs, aurait tabassé sa femme, Krisztina Rady, la mère de ses enfants, bien après la mort de Marie Trintignant.
Krisztina Rady s’est suicidée – elle s’est pendue – en 2010. Un suicide pour lequel Cantat a été mis hors de cause.
Le livre reproduit le long message téléphonique – en hongrois – laissé par Krisztina sur le répondeur de ses parents, six mois avant de se donner la mort :
“ Hier, j’ai failli y laisser une dent. Il m’a balancé mon téléphone, mes lunettes. Il m’a pété quelque chose de telle façon que mon coude est totalement tuméfié et, malheureusement, mon cartilage s’est même cassé. Avec lui dans un état aussi grave, on n’arrive pas à réfléchir la tête claire. On ose à peine respirer dans cet état de peur ”.
A l’époque du procès de Vilnius, on avait mal compris que cette épouse bafouée vienne témoigner en faveur du meurtrier. On peut comprendre aujourd’hui qu’elle le fit préserver les deux enfants du couple. Et que, tabassée elle-même par la suite, elle s’est tue pour les mêmes raisons : “ C’est intenable, Milo et Alice (les enfants) n’en peuvent plus (…). Je ne veux pas témoigner car je connais Bertrand. Il se suiciderait et les enfants resteraient orphelins ”.
Les auteurs, qui soulignent qu’il y a dans le sort subi par Krisztina “ les mêmes ingrédients ” que dans celui subi par Marie Trintignant, écrivent : “ On a le sentiment que la question de sa dangerosité dans les relations conjugales n’a pas été approfondie dans le cadre de son suivi judiciaire. Comme il n’avait pas d’antécédents (d’antécédents connus, ajouterons-nous), que l’affaire de Vilnius a été considérée comme un accident de parcours, il semble que l’on ne se soit pas penché vraiment sur les risques de récidive ”.
A tort manifestement… Pour aller plus loin, on peut conseiller le livre d’Anne-Sophie Jahn, récemment paru chez Flammarion, Désir noir.
Alain Sanders.