mardi 8 août 2023

Les libres propos d’Alain Sanders

En marge de la situation en Afrique de l’Ouest : on ne fera pas l’économie de la question touarègue

Bien longtemps avant que la France s’avise que l’Afrique de l’Ouest allait être bouffotée entièrement par les islamo-terroristes, nous avions attiré l’attention sur le problème touareg. Pour dire que les Touareg ne sont pas des islamistes – et tout au contraire – et que si certains d’entre eux ont imprudemment choisi, un temps, de dîner avec le diable mahométan, c’était par lassitude de n’être pas écoutés par Bamako.

En janvier 2012, c’est le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui passa à l’action dans le nord du Mali, réclamant, sinon l’indépendance, au moins une large autonomie. En vain. Bamako a répondu par des menaces d’autant plus stupide que l’armée malienne n’a pas les moyens de ses prétentions. La France qui, au moins pour des raisons historiques, aurait dû être sensible aux demandes de ces populations sourcilleuses, a prétendu qu’elle avait autre chose à faire.

Le malheur a voulu que les Touareg du MNLA, moins structurés, moins sauvages et, surtout, ne disposant pas des mêmes aides – argent, armes, munitions – que les islamistes, aient perdu au profit desdits islamistes les territoires conquis.

Quand les fanatiques se sont installés à leur place – en mettant en action la charia et son cortège d’horreurs – les islamo-terroristes ont déversé des sommes colossales pour s’assurer au moins de la neutralité des populations tombées sous leur joug. Président de l’Association des droits de l’Homme maliens, Moktar Mariko expliqua à l’époque : “  Les islamistes ont tenté de s’imposer en déversant beaucoup d’argent, mais ils n’en ont plus autant. Ceux qui les ont rejoints sont de jeunes Noirs désœuvrés, parfois du Sud ! Pas des Touareg, à l’exception notable d’Ansar ed-Dine. ”

Toujours à la même époque, Mohamed Ag Ossade, un Touareg, directeur du Centre culturel du Nord-Mali à Bamako, déclarait façon bisounours : “ L’indépendance ? C’est une utopie. Les seules armes légitimes sont culturelles. Il faut se battre pour retrouver cette cohabitation des communautés qui forment l’identité malienne. ”

L’identité malienne ? Mohamed Ag Ossade se la raconte un peu… Dans le sud du pays, il n’y a déjà guère d’identité malienne. Quant à penser que les Touareg – qui ne se sentent pas maliens – pourraient un jour se convertir à une telle identité, c’est là que réside l’utopie.

Resterait donc la possibilité d’un gentlemen’s agreement qui passerait par l’autonomie de l’Azawad (le territoire revendiqué par les Touareg). Faute de le comprendre, le Sahel va s’installer durablement dans le maelström des affrontements interethniques. Dans cette partie du monde, les Touareg restent encore le plus sûr rempart contre la menace islamiste.

Alain Sanders