mercredi 28 juin 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 Ils ont rebranché les poutinistes de service...

On passera rapidement sur les fêlés nazebroques qui, après avoir exalté avant-hier encore « l'héroïsme » de Prigojine et des Wagner à Bakhmout, expliquent aujourd'hui que le puputsch de leur « héros » est un coup de la... CIA. Leur anti-américanisme primaire et leur adulation stalino-poutinienne ne relèvent plus du commentaire politique...

Mais on s'attardera, en revanche, sur les poutinistes bien propres sur eux et rebranchés, à l'occasion dudit puputsch, par certaines chaînes d'info continue. Par exemple CNews dont certains de nos « amis » chantent le los au motif que, de temps à autre, on y laisse passer (en ayant bien soin de ne pas aller au-delà de la doxa) quelques commentaires rebelles au mainstream. Le poutinisme de départ de la chaîne – criant et révoltant au moment de l'invasion de l’Ukraine – avait été plus ou moins mis sous le boisseau. Prigojine aidant, ils replongent dans leurs turpitudes.

La mutinerie (supposée) du criminel de guerre Prigojine contre le criminel de guerre Poutine a ainsi redonné des ailes aux courroies de transmission (au sens marxiste du terme) de la propagande moscoutaire en France. Au motif que Poutine serait « moins pire » que Prigojine (ce qui reste à prouver), les thuriféraires du maître du Kremlin essaient de nous refourguer leur grand homme. Parce qu'il serait un gage de la « stabilité » de la Russie dans un monde dangereux. Qui se soucie de la « stabilité » d'un régime néo-stalinien (à part Macron qui ne veut pas « humilier » la Russie) ?

On a ainsi vu redébarquer sur CNews – et parfois tous ensemble, comme un vol de gerfauts sur le charnier ukrainien – le sinistre Mériadec Raffray, qui a toujours l'air de faire la gueule ; Pierre Lorrain, qui en fit tant à une époque que même ses compagnons de route russomaniaques évitèrent de l'inviter sur les plateaux ; Régis Le Sommier, patron d'Omerta et coutumier des reportages du côté des troupes d'occupation russes dans le Donbass ; Charles d'Anjou, au look raspoutinien et correspondant d'Omerta à Moscou.

A côté de l'artillerie lourde, il y a les idiots utiles. Vladimir Fédorovski, l'égrotant ancien diplomate soviétique, toujours prompt à faire la promo de ses livres et se présentant désormais (après nous avoir bassiné avec ses nobles origines russes naguère) comme un descendant d’Ukrainiens. La chaisière Véronique Jacquier, qui a mis tant de temps à comprendre que l'Ukraine est l'agressée et Poutine l'agresseur (je garde sa danse du ventre au moment de la découverte des massacres de Boutcha, comme un grand moment d'acrobatie jésuitique). Et Yvan Rioufol, qui ressemble de plus en plus à un personnage du Muppet Show, atteint d'un tropisme poutiniste évident.

Tout cela ne mériterait pas qu'on s'y attarde, si nous n'avions là une confusion de la pensée et des syndromes collabos (je comprends mieux certaines rebatesqueries (1) de l'Occupation du coup) qui conduisent des anticommunistes conséquents naguère à passer carrément à un ennemi continuateur des ignominies de l'ex-URSS.
Alain Sanders

 

(1)   « Rebatesquerie » : néologisme « sandersien » forgé sur le nom de l’écrivain et musicologue Lucien Rebatet, au demeurant talentueux, collaborationniste abominablement antisémite et admirateur d’Hitler. Il publia en 1942 « Les Décombres », violent pamphlet au vitriol aussi bien contre les juifs et les résistants que contre Charles Maurras et l’Action Française, et contre le Maréchal Pétain et les patriotes pétainistes.

Condamné à mort le 23 novembre 1946, il fut gracié le 9 avril 1947 par le président de la République, le socialiste toulousain Vincent Auriol, et fut libéré après cinq ans d’emprisonnement.