mercredi 14 juin 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 

Za dom spremni ! En Croatie, le réveil d'une vraie droite nationale

Pour entrer dans l'Europe, la Croatie, que nous avons connue et aimée en ces heures où elle se battait pour son indépendance, a dû faire bien des concessions (abandonner par exemple, sa monnaie nationale, la kuna qui, la liberté retrouvée, avait remplacé le dinar yougoslave). Le parti actuellement au pouvoir appartient au Parti populaire européen, conglomérat d'européistes obéissants à la voix de leurs maîtres (avec des nuances : les PPE de l'Ouest sont vautrés, les PPE de l'Est ont parfois des velléités de résistance)..

Le Mouvement de la Patrie (Domovinski Pokret) de Stephen Bartulica (membre du Parlement croate et professeur de philosophie politique à l'Université catholique de Zagreb) s'inscrit dans le courant – un courant porteur – qui voit progresser partout en Europe des mouvements nationaux conservateurs.

Interviewé par Alvaro Penas de The European Conservative, Stephen Bartulica déroule une situation politique locale qui ressemble à celle de nos pays soumis à Bruxelles : « Les électeurs veulent un gouvernement conservateur, mais ils obtiennent des politiques de plus en plus progressistes. Je décrirais le Premier ministre, Anfrej Plenkovic, comme un modéré qui est, en même temps, enthousiaste des politiques de Bruxelles. Il a consacré une grande partie de sa carrière à l'adhésion de la Croatie à l'UE, il soutient les politiques de la Commission européenne, et il est très proche d'Ursula Von der Leyen (…). Pour l'instant, il gouverne grâce au soutien de la minorité serbe, ce qui pose un problème en raison de l’influence excessive de cette minorité sur Plenkovic ».

Qu'il reste en Croatie une minorité serbe assez forte pour influence le Premier ministre, alors que les Serbes ont été les bourreaux du peuple croate, cela passe l'entendement.

Le Mouvement de la Patrie, fondé il y a trois ans, entretient d'excellentes relations avec le parti espagnol VOX qui, aux dernières élections ibériques, a confirmé son enracinement durable dans une Espagne saccagée par les socialo-communistes.

Hostile à la théorie du genre, Bartulica souligne que, dans une Croatie pourtant très catholique, « ces nouvelles idées de la gauche néo-marxiste » prétendent s'imposer contre la volonté du peuple.

Le parti croate Mozemo (traduction de Podemos en croate et diffusion des mêmes délires que les gauchistes castillans) tient Zagreb sous son contrôle. Bartulica explique encore :

« Leur objectif principal est d'endoctriner les enfants par le biais de l'éducation publique. En tant que parent, il est clair pour moi que ces idées ne se répandraient jamais dans la société si la gauche n'avait pas d'influence sur l'éducation, car les parents ne sont pas intéressés par les théories du genre. Le communisme était basé sur un mensonge et c'est pourquoi il a échoué et qu'il s'est effondré. J'espère qu'il en sera de même pour l'idéologie woke, la chose la plus importante étant de prévenir le mal et de protéger nos enfants de ces idées dangereuses. J'ai participé activement au référendum visant à définir le mariage comme comme l'union d'un homme et d'une femme, référendum qui s'est tenu le 1er décembre 2013. J'enseignais à l'Université catholique et j'ai soutenu publiquement cette initiative qui, heureusement, a été soutenue par 67 % d'électeurs. Le gouvernement de l'époque était très hostile, mais nous avions pu obtenir suffisamment de voix pour imposer un référendum national et l'emporter démocratiquement. Je dois dire que c'est la seule fois où j'ai fait l'objet d'un article dans le New York Times : j'ai reçu un appel de leur part le lendemain de notre victoire, un appel très peiné et me demandant pourquoi j'avais soutenu cette initiative... Je pense que nous devons nous battre pour la famille, pour la famille naturelle, pour le mariage, et nous devons aussi prendre la culture plus au sérieux, la politique ne suffit pas. Nous devons faire comme la gauche, nous battre pour les cœurs et les esprits de la jeune génération ».

En 2009 – et, là encore, Bernard Antony a fait école – Bartulica avait organisé à Zagreb une sorte de « Nuremberg du communisme » à l'occasion du vingtième anniversaire du Mur de Berlin (parmi les intervenants, Lech Walesa). Il n'y a pas eu de décommunisation en Croatie et, petit à petit, les anciennes « élites »communistes, fortes de leurs réseaux non-démantelés et de leurs carnets d'adresses, ont repris la main, notamment sur les grandes entreprises.

En Slovénie, où les membres du gouvernement se font prendre en photo devant les statues du criminel de guerre Tito, la situation est encore pire. Mais nous y reviendrons.
Alain Sanders