vendredi 16 juin 2023

Libres propos d'Alain Sanders

 

Le FLN Tebboune rétablit le couplet haineux contre la France de l'hymne algérien

Par décret (n° 23-195), le président fellouze Abdelmadjid Tebboune a rétabli le couplet haineux contre la France du Qasamân (« Nous jurons »), l'hymne algérien. Ainsi l'hymne algérien redevient-il le seul hymne au monde à appeler, en nom propre, à la haine contre un autre pays.

Ci-après la traduction de ce couplet (qui commence ainsi en arabe : « Yâ Firansa qad madhâ waqt ul-itab ») :

« O France ! Le temps des palabres est révolu

« O France ! Voici venu le jour où tu vas devoir rendre des comptes

« Prépare-toi ! Voici notre réponse

« Car nous avons décidé que l'Algérie vivra

« Soyez-en témoins ! Soyez-en témoins ! Soyez-en témoins !

« Nos braves formeront les bataillons ! »

Au moment où Macron nous a fâchés avec notre allié et ami séculaire le Maroc, pour se vautrer une fois de plus devant Alger, Tebboune restaure une déclaration de guerre à notre pays estompée de l'hymne algérien en 1986. Mais il aurait tort de se gêner : plus il multiplie les insultes, les menaces, les provocations, plus Macron déclare chercher la réconciliation, l'apaisement et plus car affinités inavouables...

Chadli Benjedid avait suspendu le couplet haineux par décret du 11 mai 1986. Mais ce n'est qu'en 2007 qu'il fut retiré des manuels scolaires sur avis d'Abdelaziz Bouteflika soucieux de ne pas compromettre ses séjours réguliers au Val-de-Grâce (séjours qu'on ne lui sucra jamais malgré ses mauvaises manières régulières à notre encontre).

Le décret de la haine renouvelée signé par Tebboune indique : « Lors de la commémoration des mémoires officielles en présence du président de la République, l'hymne national sera interprété dans sa forme complète, comprenant les paroles, la musique et ses cinq couplets. » Et il en sera de même pour les cérémonies militaires organisées au ministère algérien de la Défense.
Il est cependant précisé que lors de la visite de chefs d’État étrangers en Algérie – et sans doute celle du président de la République française, veut-on croire – l'hymne algérien sera chanté dans une version dite « allégée ». A savoir sans le couplet anti-français. Ce qui prouve qu'Alger a bien conscience du caractère haineux dudit couplet puisqu'on se garde de le jouer devant des chefs d’État qui, eux, ont des hymnes qui peuvent être enlevés et martiaux certes, mais sans déclaration de guerre ouverte contre une autre nation. Comment dit-on « faux-cul » en arabe ? Alhimar wahmia...

Pourquoi Tebboune, qui avait initié une sorte d'idylle avec un Macron prêt à tout pour lui plaire, exhorte-t-il les Algériens à chanter leur détestation de la France ? Au moment où une visite d’État du satrape FLN nous était annoncée « pour la deuxième moitié du mois de juin » ? Nous sommes d'ailleurs dans cette deuxième moitié du mois de juin sans que Paris ou Alger n'évoquent ladite visite.

Le blog marocain le 360 a une explication : « La visite de quatre jours, en janvier 2023, de Saïd Chengriha à Paris, visite durant laquelle il avait été accueilli avec les honneurs par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu et, surtout, par Emmanuel Macron à l’Élysée, n'a pas été appréciée par Tebboune. Il est vrai  que tout le monde sait que les militaires sont les maîtres de l'Algérie, mais le proclamer de façon aussi ostentatoire en réservant au général Chengriha un accueil digne d'un chef d’État a fortement vexé Tebboune ».

Analyse proche dans un article d'Africaintelligence, le site d'information panafricain : « Le patron de l'armée algérienne (Saïd Chengriha) souhaite privilégier une relation sécuritaire dégagée de la complexe question mémorielle, un volet largement investi par Abdelmadjid Tebboune dans sa relation avec l'ex-puissance coloniale ».

Tebboune choisit de monter d'un cran dans la sempiternelle surenchère mémorielle (la rente de l'Algérie depuis 1962) pour, espère-t-il, trouver un regain de popularité dans une population plus que désenchantée. Il compte se représenter à un deuxième mandat présidentiel et, pour ce faire, il lâche, comme d'habitude, les chiens contre une France repentante, masochiste, macronisée. C'est un vieux truc de tous les présidents et de tous les militaires algériens depuis l'indépendance. Pas sûr que ça fonctionnera éternellement.
Alain Sanders