Démence poutinienne ?
Rien de bien nouveau hier dans le bref discours (10 minutes) que lisait Poutine sur la place Rouge pour commémorer le 9 mai selon l’interprétation stalino-soviétique. Les véhicules du défilé militaire arboraient d’ailleurs les drapeaux rouges du temps jadis et, à nouveau aujourd’hui, frappés de la faucille et du marteau.
Démence inquiétante tout de même car, qu’il l’ait écrit lui-même ou qu’il ait lu plus probablement un texte préparé par ses plumitifs façon « 1984 » d’Orwell, ce texte lu par Poutine était celui d’une radicale inversion de la réalité. Vieille tradition, certes, de la tchéka jusqu’à l’actuel FSB via le KGB, que celle des mensonges les plus stupéfiants.
Mais, tout de même, il faut un transcendantal culot pour affirmer que c’est l’Ukraine qui a déclenché cette guerre et plus précisément tout l’Occident contre le malheureux peuple russe. Et bien sûr, le camarade Poutine a resservi le baratin propagandiste cent fois éculé (« reductio ad hitlerum ») selon lequel la Russie affronte désormais « la racaille néonazie du monde entier » (sic). Ce n’est donc plus seulement l’Ukraine du néanmoins juif Zelensky qui, pour Poutine et les poutinistes, est dirigée par des nazis mais sans doute, révision faite, tout l’Occident. On comprend donc pourquoi le numéro 2 de Poutine et président alternatif, Dimitri Medvedev veut entièrement l’anéantir, de Vilnius à Paris et à Lisbonne, de Brest (Litovsk) à Londres et bien sûr de New York à Los Angeles.
Est-il étonnant alors que des Moscovites, présents aux abords de la place Rouge et du mémorial de Lénine, interrogés par les envoyés de nos chaînes, tiennent, semble-t-il avec conviction, le discours poutinien ? Mais on sait, il est vrai, combien il est risqué de le contredire…
Le pire n’est donc pas dans ce que peuvent émettre les malheureux poutinophiles de Moscou, persuadés à force de matraquage propagandiste que c’est l’Ukraine qui a commencé la guerre contre la Russie et que c’est l’Occident tout entier qui veut anéantir la Russie. Mais le si bon Poutine veille malgré qu’il soit trahi de toutes parts et surtout au plus haut niveau de l’armée, comme ne cesse de le lui répéter sur sa chaîne Telegram le très fidèle, le très humaniste Evgueni Prigojine, l’immensément riche patron de « Wagner » qui, lui-même trahi par ces « salopards » de l’état-major, n’a pas eu les munitions en quantités suffisantes pour éliminer, comme promis avant le 9 mai, les derniers combattants ukrainiens de Bakhmout.
Le pire, c’est que chez nous, en France, il y ait encore, quoique de moins en moins nombreux, dans les médias dits alternatifs, des personnages pour relayer sans quelque esquisse de critique tous les bobards du Kremlin. Pérennité de ces « gogos utiles » jadis chers à Lénine.
J’ai, pour ma part, toujours accordé une grande attention à la pyscho-morphologie et aux communications non verbales. Je dois avouer que pour le regarder attentivement, pas longtemps mais assez souvent dans les retransmissions des chaînes russes ou des médias dits alternatifs, donc nullement suspects de manipulation anti-poutiniste mais au contraire très poutinolâtres, le maître du Kremlin m’inquiète de plus en plus.
Le pire ne réside peut-être plus dans sa pratique tchékiste de radicale et constante inversion de la vérité mais dans le fait que, comme jadis Staline ou Hitler, il semble de plus en plus rageusement convaincu par les mensonges qu’il assène. Ne présente-t-il pas des signes de démence ? Peut-être. D’obsession, assurément ! Cela est grave pour le détenteur d’un effroyable arsenal nucléaire.
Démence erdoganienne ?
La Turquie va voter ce prochain dimanche 14 mai. Je ne suis pas pour ma part suffisamment connaisseur de la réalité ottomane et de l’évolution des forces politiques en Turquie pour émettre un pronostic personnel sur l’élection présidentielle et sur le scrutin législatif qui se déroulera simultanément.
Je constate que l’essayiste et éditeur Jean-François Colosimo, ce chrétien orthodoxe (notamment auteur de « La crucifixion de l’Ukraine ») ne se hasarde pas à faire un pronostic. Comme tous ceux qui considèrent que la réélection de l’islamiste (Frère musulman) Erdogan serait une très mauvaise chose pour la restauration des libertés fondamentales en Turquie. Il souhaite donc l’élection de Kiliçdaroglu, ce dimanche. Ce dernier est soutenu par une coalition de neuf partis parmi lesquels le HDP kurde.
Pour les législatives, ce sont beaucoup plus d’organisations qui se partageront les voix de l’opposition à Erdogan. Parmi leurs revendications : la restauration du système parlementaire aboli par ce dernier, la libération des milliers de prisonniers politiques, la réintégration des enseignants et autres fonctionnaires licenciés, la fin d’une justice aux ordres du pouvoir, le respect des droits des minorités…
Mais, qu’entend-on par-là ? Il va de soi que les 15 millions de Kurdes de Turquie (il y en a à peu près autant entre la Syrie, l’Irak et l’Iran) voudraient d’un statut fédéral pour leur peuple ; de même que les Alevis, ces Turcs d’une vaste minorité religieuse à mi-chemin entre sunnisme et chiisme. Mais, contre tous ceux-là, et surtout contre les Kurdes, Erdogan joue la carte d’un ultra-nationalisme convergeant avec l’islamisme.
Pour l’heure, il n’y a plus guère de chrétiens en Turquie, qu’une simple minorité d’orthodoxes et une poignée de catholiques, les uns et les autres descendants des rescapés du premier grand génocide du XXe siècle. Car c’est contre les catholiques que les musulmans de tous acabits exerceront d’abord leur volonté d’apartheid.