mercredi 3 mai 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 

L'avenir de la Métropole s'écrit à Mayotte

« Caribou Marine ! » Non : il ne s'agit pas d'une sorte de surnom de Marine Le Pen au Québec, mais d'une formule d’accueil à Mayotte. En mahorais (le shimaoré), caribou signifie « bienvenue ». Et c'est ce qu'on peut lire sur les banderoles quand Marine se rend dans ce département insulaire. Où elle est arrivée, en 2017 comme en 2022, largement en tête de tous les candidats au premier tour et bien devant Macron au second.

Dans les années quatre-vingt dix déjà, les candidats locaux du Front national – quasiment tous musulmans, faut-il le dire – faisaient de beaux scores électoraux. Parce qu'on a l'amour de la France chevillée au cœur et au corps à Mayotte. Depuis des dizaines d'années, les Mahorais, Français depuis 1848 (donc avant Nice et la Savoie soit-dit en passant), sonnent le tocsin : leur île – qui serait un petit paradis si elle était débarrassée des sangsues majoritairement comoriennes, mais aussi malgaches, sri-lankaises, etc. – est submergée par une immigration exponentielle. Ils sont tous les jours plusieurs dizaines à arriver sur des kwassa kwassa remplis à ras le bord, tous candidats à l'eldorado français.

Alors que les Comoriens choisirent l'indépendance (Anjouan et Mohéli, qui en étaient revenus, ont tenté de faire sécession de la Grande Comore et en ont été punis par des massacres sous le regard – pour ne pas dire plus – des forces françaises hélas...), Mayotte n'a jamais dévié dans son choix de rester française. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir organisé référendum sur référendum pour essayer de faire changer d'avis les Mahorais. En vain. Et je vous raconterai un jour l'histoire du mouvement des « chatouilleuses », admirables militantes du rattachement définitif à la France.

En 2009, Mayotte est devenue le 101è département français. Et c'est bien comme ça. A condition d'en chasser les envahisseurs qui ont transformé en un coin d'enfer l'île paradisiaque. Ils sont venus profiter des avantages sociaux (le  jackpot pour un Comorien réduit à la misère extrême aux Comores) de la Métropole et du mortifère droit du sol qui a fait de la maternité de Mamoudzou « la première maternité d'Europe »... Les étrangers – comme dans certains quartiers des villes métropolitaines – sont désormais plus nombreux que les indigènes. Et cela ne cesse de s'aggraver.

La situation est devenue telle – vols, viols, caillassages, agressions de jour comme de nuit, destruction des biens, affrontements entre bandes rivales, couvre-feu de fait : sortir de nuit est suicidaire – que le vice-président du conseil général local, le pourtant macroniste Selime Mdéré, a provoqué une poussée de bouffigues chez les bien-pensants et la défenseure (sic) des droits, la très gaucharde Claire Hédon, en déclarant : « Il faudrait peut-être tuer ces délinquants, ces voyous,ces terroristes ».

Dans le même temps que je parle de la situation à Mayotte, vous vous rendez bien compte qu'en Métropole, dans certaines zones de non-France, on vit déjà – en attendant sans doute pire – des situations proches : affrontements meurtriers entre dealers, menaces contre les roumis, communautarisme agressif, grand remplacement des « desouche », guet-apens contre la police et les services de l’État, etc.

Laboratoire à ciel ouvert, Mayotte nous dit ce qui attend – et à court terme désormais – la Métropole si rien n'est fait pour remettre l'église au centre du village (et ce n'est pas une simple métaphore). Force est de dire que rien n'est fait. On nous explique que le tyranneau comorien (président de l'Union africaine par ailleurs) refuse de reprendre ses ressortissants entrés illégalement à Mayotte. Sans l'aide de la France (et de la Chine et de l'Arabie saoudite), les Comores n'existeraient plus depuis longtemps. On pourrait balayer ce tyranneau comme un fétu de paille et lui faire rendre gorge avec deux compagnies de marsouins et trois canonnières. On n'ose même pas le menacer de lui couper les vivres... Mais on fait exactement la même chose avec l'Algérie (pour ne prendre qu'un autre exemple).

A Mayotte, l'opération « Wuambushu » (reprise en mahorais), lancée à grands coups de buccins par Darmanin, est un fiasco. En 2019, une opération du même genre, baptisée « Shikandra » (c'est le nom du poisson baliste qui mord ceux qui empiètent sur son territoire), s'était soldée par un même échec.

Cette fois encore, 1800 gendarmes et policiers (dont la CRS 8 dont on prétend merveille), des détachements du RAID et du GIGN, n'ont pas réussi à prendre la main sur une véritable armée de délinquants retranchés dans leurs quartiers. Ceux qui n'affrontent pas directement les forces de l'ordre se terrent dans les montagnes : « On attend qu'ils repartent, on ne va pas prendre le risque de se faire paffer » (1).

Ils n'ont rien à craindre. Mobilisés via une plate-forme d'avocats, les associations droitsdelhommistes multiplient les recours et les actions contre l’État. Notamment contre l'ouverture de lieux de rétention administrative éphémères destinés à regrouper les illégaux interpellés. Leur principale victoire est d'avoir obtenu l'interdiction de la destruction et de l'évacuation d'un bidonville de Kundu, « Talus 2 », où s'entassent des centaines de familles comoriennes, en contravention avec les lois françaises à tous égards.

Pour le Collectif des citoyens mahorais, l'opération Wuambushu  a été amputée de ses deux volets sur habitat et l'expulsion des étrangers, comme l'explique Fatihou Ibrahime, responsable dudit Collectif : « Nous nous interrogeons sur l'efficacité d'une telle révision des objectifs. Si rien n'est fait rapidement pour corriger le tir, cette opération pourrait se révéler être une mise en danger de la vie des Mahorais en plus d'être un camouflet inacceptable pour la République ».

De quoi nous parle Mayotte ? De la Métropole demain. Demain ? Non. Déjà...

Alain Sanders

(1) Se faire alpaguer par la Police aux frontières (PAF).