mardi 23 mai 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 

Marleix, Ciotti, Retailleau ? Copieurs !

Vous avez peut-être vu, en une du dernier numéro du Journal du Dimanche, désormais drivé par Jérôme Béglé (journaliste marshmallow qui a son rond de serviette sur CNews), trois flèches du LR : Olivier Marleix (toujours droit comme un Z), Eric Ciotti (caricature du Méridional hâbleur), Bruno Retailleau (jamais en retard pour attaquer – et dans les mêmes termes que la gauche – la droite nationale).

La une du JDD donc et trois pleines pages pour annoncer « un plan contre l'immigration ». Un plan élaboré par des sarkozystes qui eurent, à l'époque, tout en main pour prendre de vraies mesures contre ladite immigration. Et qui se vautrèrent dans un fracas de karcher déglingué.

Jérôme Béglé (avec au passage un coup de pattes à sa bête noire, le RN « qui s'accroche à son immigration zéro ») en est tout ébaubi : « Ils présentent un projet audacieux (sic) et musclé (resic) pour lutter contre l'immigration ».

En fait de « projet  historique », les Marx Brothers du LR reprennent un programme que le RN (et avant lui le FN) défend bec et ongles depuis des lustres...

Quand Eric Ciotti déclare : « Les Français doivent pouvoir choisir qui ils accueillent, qui ils ne veulent pas accueillir et qui n'a plus sa place sur notre territoire », vous n'avez pas l'impression d'avoir entendu ou lu ça quelque part et il y a longtemps déjà ?

Le très invertébré Olivier Marleix (j'ai longtemps vécu à Anet, en Eure-et-Loir dont il est un des élus, je connais le personnage), n'en finit plus de rouler des mécaniques : « Le gouvernement nous dit qu'il veut un texte ? Eh bien, nous lui en proposons deux, c'est ça ou rien ». Na !

Deux textes ? Des copiés-collés du programme RN : référendum sur la politique migratoire, rétablissement du délit de séjour clandestin, inscription de l'assimilation dans la Constitution, réforme de l'Aide médicale d’État (le RN en demande la suppression pure et simple), refus de la régularisation des sans-papiers employés dans des métiers supposés « en tension » (et qui seraient remplis par des nationaux s'ils étaient mieux payés).

Le député RN Jean-Philippe Tanguy préfère s'amuser de ces cancres qui regardent par-dessus l'épaule de leurs voisins : « Quel copié-collé éhonté du programme de Marine Le Pen sur l'immigration ! Les LR, qui critiquaient ces mesures il y a quelques mois, reconnaissent que nous avions raison sur tout ».

Figure de l'aile très à gauche de Renaissance, Sacha Houlié, par ailleurs président de la Commission des lois, n'a pas manqué de relever les mauvaises manières de ces coucous de rencontre : «Les positions de LR sont désormais alignées sur celles du RN : primauté du droit français sur les traités, référendum populiste, suppression des mesures de santé publique ».

Riposte de Marleix, l'homme qui a sauvé le gouvernement Macron en refusant de voter une motion de censure (repoussée à neuf voix près) qui aurait changé bien des choses : « Les Français n'accepteront pas un texte qui fasse semblant. Ils attendent une vraie réforme. C'est pourquoi je déposerai une motion de censure si le gouvernement tentait de faire passer par 49-3 un texte laxiste ».  

T'as qu'à croire... Il y a des mots comme « laxiste » qu'un Marleix ne devrait pas prononcer. Suivant la formule consacrée, on ne voit pas pourquoi ils feraient demain ce qu'ils n'ont pas fait hier, quand ils avaient tous les pouvoirs. D'autant qu'on voit mal le LR, réduit aux caquets, prendre le risque d'une dissolution de l'Assemblée nationale. Ils y laisseraient des plumes et se condamneraient, à terme, à quasiment disparaître du paysage politique.

Qu'est-ce qui  les motive à s'agiter quand même ? Les sondages qui, les uns après les autres, donnent le RN largement en tête. Ce que traduit à sa façon le renégat Retailleau (qui afficha naguère des positions droitistes, rappelons-le) : « Le chaos migratoire conduit à l'insécurité, à la partition et au chaos politique. A Mayotte, Jean-Marie Le Pen faisait moins de 12%% il y a vingt ans. En 2022, Marine Le Pen y a recueilli 59% des voix ».

On le sait depuis longtemps : pour eux, l'ennemi c'est la droite nationale. Tout cela serait dérisoire et ne mériterait pas qu'on s'y attarde si l'enjeu n'était pas la survie de notre pays. Il n'y a qu'un Jérôme Béglé pour essayer de nous vendre, comme un VRP en aspirateurs des années cinquante, le produit frelaté LR : « La droite bouge encore, nous l'avons rencontrée ! », écrit-il dans le JDD. La « droite », ça ? Il conviendrait plutôt de dire : « Le cadavre LR bouge encore ». A cause des vers.

Alain Sanders