Ce jour, le régime poutinien a fait célébrer dans tout l’empire russe, notamment par le grand défilé militaire (et surtout « nucléaire ») sur la Place rouge à Moscou la victoire de l’URSS de Staline sur l’Allemagne nazie.
Il faut savoir que, aujourd’hui, pour tous les élèves et étudiants, et pour tous les lecteurs et auditeurs des médias de la Russie poutinienne, la seconde guerre mondiale a commencé le 22 juin 1941 par l’invasion allemande de la Russie à laquelle Hitler avait donné le nom « d’opération Barbarossa » (du nom de l’empereur Frédéric Barberousse de Hohenstaufen).
Mais ils ne doivent surtout pas apprendre, ou, selon leur âge, se rappeler que la seconde guerre mondiale a pourtant commencé presque deux ans auparavant !
Ils ne doivent plus pouvoir lire ou entendre, au risque de lourdes peines, que le 23 août 1939 a été signé un traité de non-agression entre l’URSS de Staline et l’Allemagne d’Hitler : le pacte germano-soviétique, préparé par des tractations secrètes depuis la fin de 1938.
La photo célèbre de la poignée de main Staline – Von Ribbentrop, illustrant le pacte, est entrée dans l’histoire. Mais en Russie poutinienne, elle doit en sortir : aujourd’hui interdite de publication !
Le pacte signifiait l’accord des deux monstrueux dictateurs, - ces « jumeaux hétérozygotes » selon l’expression de l’historien Pierre Chaunu -, autour d’un plan de conquête de l’Europe. Dès le 1° septembre 1939, la Wehrmacht lançait son blitzkrieg sur la Pologne qui résistait héroïquement mais avec une machine de guerre bien insuffisante.
Deux semaines plus tard, le 17 septembre 1939, l’Armée de Staline envahissait le restant du territoire polonais : libre cours désormais au génocide des Juifs par les nazis et aux exterminations des Polonais par soviétiques et nazis diaboliquement complices jusqu’à … « Barbarossa ».
Il y a dix-huit ans, le 9 mai 2005, Poutine, au pouvoir en Russie depuis 1999, prononçait un discours pour le 60° anniversaire de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie.
Il n’en était pas encore au parachèvement totalitaire de son régime, ce « national impérialisme slavophilo-stalinien », comme l’identifie avec justesse la remarquable journaliste et écrivain spécialiste de la Russie, Laure Mandeville.
Ce jour-là, il évoqua encore « l’aide des alliés qui avait été indispensable pour vaincre Hitler ».
Il y a quelques années seulement, on pouvait encore trouver sur la publication en ligne « Russia Beyond » du « journal d’État russe », « Rossiyaskaya Gazeta » les chiffres de l’aide américaine à l’armée de Staline.
Voici les principaux :
- Nombre de camions et de jeeps envoyés par les USA à l’URSS : 400 000
- Nombre d’avions : 14 000
- Nombre de chars : 13 000
- Nombre de tracteurs : 8 000
Livraison également de 2,7 millions de tonnes de carburant et de 4,5 millions de tonnes de denrées alimentaires.
Livraison de biens et services entre 1941 et 1945 pour un montant de 11,3 milliards de dollars, soit l’équivalent de plus de 180 milliards aujourd’hui.
Venons-en aux poutinophiles.
J’ai reçu un courrier dans lequel le signataire m’affirme : « Nous aurons besoin de la Russie – pays chrétien – pour contrer la Chine et l’Islam ».
J’ai téléphoné à ce monsieur. Il est très sûr de lui : « L’amitié indéfectible entre la Russie et la Chine » proclamée aussi bien par Poutine que par Xi, ce ne sont que des mots. Les exhortations de Poutine aux dirigeants iraniens pour qu’ils renforcent encore la répression contre les femmes (et les hommes qui les soutiennent) qui veulent se libérer du carcan de la charia, ce n’est que ruse diplomatique.
La « bande des quatre » (Russie, Chine, Corée du Nord, Iran), ça n’existe pas. Et pas davantage la résurgence des alliances soviétiques avec Cuba, le Nicaragua, le Venezuela.
J’ai finalement répondu à ce monsieur qu’il me rassurait… Je n’ai pas jugé utile de commenter son assertion sur la Russie « pays chrétien » !
À un autre impénitent poutinophile tout aussi sûr de lui, j’ai cru bon de parler de la réhabilitation de Dzerjinski par Poutine à la Loubianka, le 20 décembre 1999, de la continuité de la Tchéka, du GPU, du NKVD, du KGB et du FSB. Et des victimes de ce FSB par armes à feu ou par empoisonnement. Tout cela ne l’intéresse pas. Pas plus que les invasions, avant celle de l’Ukraine, de la Tchétchénie, de la Géorgie, du Donbass ukrainien, de la Crimée ukrainienne.
Pas davantage l’évocation de l’Holodomor ou du « mémorandum de Budapest » dont l’application aurait empêché la guerre d’invasion du 2 février 2022 (prévue pour durer trois jours !).
À bien écouter ce monsieur, l’essentiel pour lui aussi, c’est que Poutine nous débarrasse de l’islam. J’ai pensé qu’il était bien inutile que je lui cause de Khadirov, de l’eurasisme, l’idéologie centrale du poutinisme, du rôle de « Wagner » en Afrique, de son soutien au Hezbollah irano-libanais...