lundi 17 avril 2023

Les libres propos d'Alain Sanders

 

Pour éviter une marche en Kabylie, les fellouzes d'Alger interdisent un match de foot à Tizi Ouzou !

Le 16 avril dernier, le club de foot de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) devait jouer – comme fixé de longue date par le calendrier sportif – son match de la Ligue 1 contre le Mouloudia d'Alger. Le match n'a pas eu lieu.

C'est le wali (le préfet FLN) de la capitale de la Kabylie, Tizi Ouzou (« le col des genêts » en berbère), qui a décidé de reporter le match. A une date indéterminée. Dans un communiqué, la très obéissante et très pétocharde Ligue de football professionnel algérienne (LFP) a entériné l'ukase via un communiqué : « La rencontre a été reportée à une date ultérieure et ce suite à la correspondance référencée n° 1666/2023 émanant de monsieur le wali de Tizi Ouzou relative au report de ladite rencontre ». Et passez muscade...

A noter que cette même LFP avait refusé, trois jours auparavant, une demande de report présentée par deux clubs algériens en lice dans les quarts de finale des coupes africaines. Dont justement la Jeunesse sportive de Kabylie : « Suite aux deux demandes reçues par la LFP relatives au report de rencontres de mise à jour de la 18e journée du championnat JSK-USMA le 16 avril, et MCO-CRB le 17 avril, la Ligue ne peut donner une suite favorable à ces demandes ».

La raison de cette mesure coercitive du wali servilement appliquée par la FLP ? Le fait que, comme chaque année, pour célébrer le 43e anniversaire du déclenchement du Printemps berbère (20 avril 1980) réclamant la reconnaissance de l'identité et de la langue amazighes (kabyles) en Algérie occupée, le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) appelait à des marches commémoratives. A travers le monde et en Kabylie, bien sûr. Un appel lancé par le président du MAK en exil, Ferhat Mehenni.

Ces marches ont pu se dérouler à Paris et dans les capitales européennes, à Montréal, à Philadelphie, à Chicago, à San Francisco. Mais pas en Kabylie où le pouvoir arabo-musulman a déployé des forces de police nombreuses pour empêcher le club fanion de la Kabylie de jouer son match. Et cette région rebelle de répondre à l'appel de son leader exilé.

Les matchs de la Jeunesse sportive de Kabylie, le club le plus titré d'Algérie, titulaire de deux Ligues des champions d'Afrique, d'une coupe d'Afrique des vainqueurs de coupes et de trois coupes de la CAF, ont toujours affolé le pouvoir FLN, le public berbère profitant des rencontres pour lancer des slogans anti-régime algérien (fustigé en tant que « colon »). Lors du match aller contre le WAK, en février dernier, des joueurs du JSK ont scandé au stade de Tizi Ouzou, avec les spectateurs, l'un des cris de ralliement des Kabyles : « Pouvoir assassin ! ».

Pour essayer de briser les reins de ce club encombrant, le pouvoir FLN a décidé de le faire racheter par l’opérateur de téléphonie Mobilis. Après l'avoir longtemps asphyxié financièrement. Depuis le début de l'année la JS kabyle est soumise à une persécution en règle de la part  d'arbitres aux ordres d'Alger. Avec pour effet d'avoir fait reculer le club kabyle à l'avant-dernière place au classement général, le rendant ainsi relégable en seconde division.

Le régime algérien – et cet acharnement contre un club qui fait la fierté de la Kabylie le prouve – traduit la panique d'un régime aux abois. La question n'est déjà plus de savoir si la Kabylie sera un jour indépendante, mais quand.

 

Alain Sanders