Volgograd, pour ceux qui l'auraient oublié, c'est le nom qui fut donné à Stalingrad quand, sans être chassé du tombeau de la Place Rouge où il pourrit aux côtés de Lénine, le « petit père des peuples » fut un temps mis au piquet. Dans le même temps qu'on continuait d'aduler Lénine qui, sur le plan des abominations et des horreurs absolues, n'a pourtant rien à envier à son sanglant successeur.
Il y a, à Volgograd, une monumentale statue de Lénine. Il y
a désormais, depuis le 1er février dernier, un buste de Staline. Expressément
commandé par Poutine qui l'a inauguré en grandes pompes lors du 80e
anniversaire de la victoire soviétique sur les nazis. A savoir les anciens
allés de l'URSS qui, en même temps qu'elle faisait un mano en la mano
amoureux avec Hitler, avait depuis longtemps ouvert ses camps d'entraînement
aux soldats allemands pour leur permettre de forger – ce que le traité de
Versailles leur interdisait de faire en Allemagne – la puissante armée que l'on
sait.
Staline glorifié à Volgograd que Poutine rebaptisera un jour prochain, j'en prends le pari, Stalingrad... Dans une débauche d'hymnes soviétiques, de drapeaux rouges, de symboles communistes, de gamins des écoles arborant au béret la faucille et le marteau, etc. Pour rameuter la foule et assurer à ces cérémonies genre retour vers le futur, une sorte de ferveur Potemkine, les 1er et 2 février avaient été déclarés non travaillés.
Cela n'a pas suffi à susciter l'enthousiasme des habitants de Volgograd. Ils auront été ainsi peu nombreux à assister aux dépôts de gerbes au pied de la Flamme éternelle à la mémoire des combattants de Stalingrad. Nonobstant la réinstallation de statues et de bustes de Staline dans de nombreuses villes (dont une statue non loin du Kremlin), les Russes n'ont pas la mémoire courte : il n'est pas une famille qui n'ait compté dans ses rangs une ou plusieurs victimes de la dictature rouge en général et stalinienne en particulier.
Quand nous disions, il y a déjà quelques années (et bien avant l'invasion de l'Ukraine), que Poutine professait une admiration totale pour Staline et sa géopolitique, certains de « chez nous » – qui sont aujourd'hui des poutinolâtres dévots – nous traitaient de ringards, d'attardés de la Guerre froide, voire d'anticommunistes primaires (!). Et encore, à l'époque, Poutine prenait-il des gants pour ne pas effaroucher les gogos et les gogols occidentaux...
Aujourd'hui il tombe le masque ouvertement. Même s'il y a
déjà longtemps que les manuels scolaires par lui commandés, ne mentionnent rien
des crimes (des millions de morts) de Staline et expliquent, à propos des
purges, qu'il y avait beaucoup de coupables parmi les « purgés » et
que leur éradication implacable permit
de gagner la guerre.
La Russie dite « postsoviétique » n'a jamais
reconnu les crimes d’État. Issu de ce système, Poutine en utilise tous les
mécanismes. Par conviction. Et le pire est encore à venir.
Alain Sanders