vendredi 3 février 2023

Poutine hier à Volgograd-Stalingrad : pour les Russes désormais, le pacte germano-soviétique n’a jamais existé. Du pur « 1984 » !

 

Poutine est un fantastique personnage d’Orwell. Comme dans le roman de référence de ce dernier, « 1984 », il applique totalement (et totalitairement) la stratégie de « Big Brother » : marteler le mensonge sur le passé jusqu’à ce qu’il soit définitivement imposé comme la vérité.

Dans « 1984 », le slogan du Parti proclame : « Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé ».

Ainsi aujourd’hui, en Russie, aucune voix, aucun enseignement, aucun média ne peuvent-ils rappeler que, le 23 août 1939, arrivait à Moscou le ministre des Affaires étrangères du Reich, Von Ribbentrop. Sa mission était de conclure avec Staline le Pacte de non-agression que l’histoire retiendrait comme « le pacte germano-soviétique » ou encore « le pacte hitléro-stalinien », préparé en réalité par 18 mois d’échanges secrets ininterrompus entre les diplomaties des deux monstrueux systèmes.

Ce n’est évidemment pas en quelque collège ou institut d’histoire de Russie que l’on apprendra que, dans l’euphorie de la signature de ce que l’historien britannique Roger Moorhouse a appelé « le pacte des diables », (titre de son ouvrage publié en France chez Buchet-Chastel), Staline porta le premier d’une longue suite de toasts : « Je sais combien la nation allemande aime son Führer, c’est pourquoi j’ai le plaisir de boire à sa santé ».

Ce n’est pas non plus en Russie que l’on évoque le partage de la Pologne entre Hitler et Staline.

Le premier annonce l’invasion au Reichstag, le 1° septembre 1939, du territoire garanti aux nazis et c’est Molotov qui, le 17 septembre, annonce l’invasion soviétique de l’autre partie, dévolue à l’URSS.

Rappelons encore que l’occupation des deux parties durera pas moins de dix-huit mois, jusqu’au 22 juin 1941, date du déclenchement par Hitler de l’opération Barbarossa mettant fin à la lune de miel des deux dictateurs, ces « jumeaux hétérozygotes », comme les définissait l’historien Pierre Chaunu.

Entretemps, le 12 juin 1940, c’était au tour de Paris de capituler et le 14 juin, la Wehrmacht défilait sous l’Arc de triomphe. Mais ce ne sont pas non plus les amis de Poutine en France qui rappelleront que Staline, le grand modèle de leur grand homme aujourd’hui, faisait alors adresser à Hitler par Molotov « les plus vives félicitations du gouvernement soviétique pour le magnifique succès de l’armée allemande ».

L’URSS a jadis été plus ou moins déstalinisée. L’inauguration d’un buste de Staline par Poutine, hier à Volgograd, marque bien la néo-stalinisation de la fédération de Russie depuis longtemps entreprise par l’actuel dictateur. Et dans son article d’hier, Alain Sanders a raison de parier que, si Poutine dure, on ne devra pas trop attendre pour que Volgograd soit à nouveau dénommée Stalingrad.

Mais plus que jamais personnage d’Orwell, le Big Brother Poutine va continuer à balancer à son peuple la fable de la « dénazification » de l’Ukraine par « l’opération militaire spéciale » de son armée, renforcée par « Wagner »…

Et ne voilà-t-il pas qu’un De Gaulle, Pierre De Gaulle, (un petit-fils du général), qui s’était déjà signalé par une inconditionnelle poutinophilie, était hier à Volgograd-Stalingrad pour apporter toute la caution de son nom au dictateur.

Certes, la fondation Charles De Gaulle a-t-elle aussitôt officiellement signifié sa désapprobation. N’empêche. On ne peut que se souvenir des relations cordiales que le grand-père entretint avec Staline en particulier, et les communistes en général (voir le livre d’Henri-Christian Giraud « De gaulle et les communistes », ed. Perrin 2020), et notamment des promesses de soutien soviétique que le général, angoissé, alla chercher à Baden-Baden en Mai 68, prodiguées au général Massu, commandant des forces françaises en Allemagne, par le Maréchal Piotr Kochevoï, commandant en chef des troupes soviétiques en Allemagne de l’Est. L’assurance que ni le PCF, ni la CGT ne se lanceraient dans une tentative de révolution.

 

Un grand archevêque « gréco-catholique » ukrainien : Monseigneur Borys Gudziak.

J’ai lu ce jour dans la page du Figaro  « Débats autour du monde » avec un grand intérêt l’entretien réalisé par Laure Mandeville, grande spécialiste de la Russie et de l’Ukraine, avec cet éminent archevêque de l’Église gréco-catholique d’Ukraine (encore dite « uniate »).

La page est titrée : « La résistance ukrainienne est un défi au narcissisme et au relativisme de notre temps ».   

Borys Gudziak est non seulement un grand intellectuel catholique mais aussi tout particulièrement un historien, docteur en histoire mais aussi un analyste des positions de l’Église officielle russe, du patriarche Kirill. De ce dernier il dit notamment : « Il est un va-t-en guerre décomplexé qui utilise le langage des jihadistes puisqu’il affirme que si vous allez en Ukraine et tuez des ukrainiens, vous serez récompensé par le paradis …C’est une perversion de l’Évangile, car ces propos justifient non seulement la guerre, mais les crimes de guerre et le génocide ».

On relève aussi dans l’entretien les informations suivantes :

-         « Il n’y a que 4 % des Russes qui vont à la messe de Pâques ».

-         « Le taux d’avortements en Russie est le plus élevé du monde ! ».

Et ce commentaire :

« Il est paradoxal que tant de personnes soient persuadées que la Russie est le défenseur des valeurs traditionnelles. La Russie a un taux de divorces, de suicides, de dépressions, astronomique.

Qu’est-ce que cela a à voir avec les valeurs traditionnelles de l’Évangile ? ».

 Ces propos corroborent les informations naguère apportées par Jeanne Smits dans Reconquête et recoupées par de multiples sources.

Enfin, ces quelques lignes de conclusion : « Les Ukrainiens n’ont pas d’autre choix que la résistance. Ils ont été prévenus par Moscou : vous n’existerez pas si nous revenons ».

Et ceci est particulièrement vrai pour les catholiques uniates (au nombre aujourd’hui d’environ cinq millions), particulièrement haïs et exterminés par les bolcheviques d’hier et promis au pire par les néo-bolcheviques poutiniens d’aujourd’hui.

Voilà pourquoi, plus que jamais, comme pour la Pologne, le Liban, L’Arménie, notre devise est « Chrétienté-Solidarité » !