vendredi 24 février 2023

24 février 2022 – 24 février 2023

 

Une année atroce pour le peuple ukrainien dont la plupart des dirigeants eux-mêmes, jusqu’à ce matin tragique du 24 février 2022, persistaient à ne pas croire à l’invasion de leur pays pourtant méthodiquement préparée par Poutine.

Ce dernier d’ailleurs, quelques jours auparavant, n’avait-il pas juré qu’en aucun cas il n’entendait envahir le pays du « peuple frère » ?

Et souvenez-vous, les poutinophiles et les poutinolâtres de toutes espèces, ceux de l’extrême-gauche et ceux de l’extrême-droite, et ceux du gaullisme, ne surenchérirent-ils pas, martelant qu’il fallait vraiment ne rien connaître de la Russie et de son chef pour croire à l’imminence d’une invasion ?

Encore, l’avant-veille au soir, lors du comité de rédaction de Reconquête, j’étais très seul pour exprimer la certitude de l’invasion, à la lumière pourtant d’une analyse des faits, dont j’étais persuadé qu’elle était irréfutable.

Ce qui fut.

La veille encore, lors de notre émission de la réplique sur Radio-Courtoisie, je lançais à mes amis dans le studio et aux auditeurs ma certitude de ce que Poutine était sur le point de déclencher son invasion.

J’assénais que « l’on ne mobilisait pas une armée russe de 190 000 hommes le long des frontières de l’Ukraine pour organiser un pique-nique géant sur les rives du Dniepr ».

Bien évidemment Poutine, ceinture noire quatrième dan, dans les stratégies d’inversion radicale de la vérité, avait allègrement juré le contraire de ce qu’il ferait, ne pensant d’ailleurs probablement pas à quel point il pourrait une fois de plus aussi aisément tromper son monde (après ses invasions de la Tchétchénie ; de la Géorgie-Ossétie du Nord et Abkhazie ; de la Crimée…).

Mais le plus stupéfiant fut que, à peu près unanimement, ceux qui avaient martelé leur certitude qu’il n’envahirait jamais l’Ukraine s’alignèrent alors pour faire gober l’inanité qu’il n’envisageait certainement que la conquête du Donbass.

Cela, alors que les troupes du président tchéko-kagébiste fonçaient sur Kiev et Kharkiv (qui ne sont pas dans le Donbass !).

Et de très brillants commentateurs militaires et géopoliticiens distingués se lançaient alors dans la prophétie selon laquelle Kiev allait être prise dans les trois jours, tout au plus dans l’espace d’une semaine ; et l’ensemble de l’Ukraine dans le mois.

La vérité, redisons-le, c’est que beaucoup de ces grands annonciateurs étaient – et demeurent – des poutinolâtres inconditionnels, accomplissant scrupuleusement les missions de conditionnement des populations et de désinformation. Sans même être toujours payés pour leurs bons services par les officines de l’ambassade de Russie et du GRU. Le FSB, dans la continuité de la Tchéka et du KGB, s’occupant des affaires intérieures.

Cette année écoulée aura été pour nous celle d’une grande affliction, non seulement devant les abominations subies par le peuple ukrainien (crimes de guerre des massacres de Boutcha, d’Irpin, et de Marioupol… déportations en Russie de milliers d’enfants), mais aussi pour les malheurs d’une partie du peuple russe, avec le million des siens qui a dû quitter la Russie pour différents pays d’Europe ou d’Asie centrale.

Et c’est surtout hélas la rétrogradation vers la barbarie de tant de peuples de la fédération de Russie, de tant d’Asiates de toutes les contrées colonisées de cet immense empire russo-eurasien, si exalté par les Alexandre Douguine et autres Konstantin Malofeïev.

L’attristant, c’est aussi d’entendre ou de lire les mêmes arguments, avec les mêmes mots, inlassablement, conformistement repris par des personnes que nous connûmes naguère non dépourvues d’intelligence voire d’esprit critique.

Ainsi, le chiffre sans cesse repris, répété, martelé de « 13 000 russes ou russophones » tués par l’armée ukrainienne dans les affrontements du Donbass après 2014,

-         Comme s’il n’y avait pas eu des morts de part et d’autre ! Et comme si de très nombreux russophones, de Kharkiv à Marioupol, n’étaient pas, on l’a bien vu, des défenseurs acharnés, héroïques, de leur patrie ukrainienne.

-         Encore plus consternant, l’admiration désormais chez des gens de droite pour les grandes fêtes « patriotiques » poutiniennes avec toutes les pompes et les œuvres néo-staliniennes et soviétoïdes, à grands renforts de drapeaux rouges et de faucilles et de marteaux.

-         Mais véritablement « gaguesque » aussi que cette allégeance totale de certains à l’homme fort, à l’homme puissant du Kremlin, cette fascination hypnotique pour le chef qui les lance dans une opération spéciale de « dénazification » (sic).

Et c’est ainsi que nombre de misérables fascistoïdes et nazillons de différents groupuscules de dérangés espèrent peut-être se refaire une virginité politique en allant « à l’appel, non pas de Dénikine, mais de Poutine » affronter les « nazis » ukrainiens.

Ce, au moment où le régiment Azov a défilé dans Tel-Aviv, à l’invitation de Tsahal et du gouvernement israélien, vérification faite qu’il n’y a plus désormais aucun provocateur « nazebroque » dans cette héroïque unité d’élite…

Mais que dire enfin de cette Russie poutinienne qui, comme aux meilleurs temps de Staline et de la continuité soviétique, exhibe dans tous ses défilés militaires ses énormes missiles intercontinentaux – Sarmat et autres – pouvant être porteurs de systèmes d’extermination nucléaires pires encore que les abominables bombes d’Hiroshima et de Nagazaki ?

Quelle gloire pour le camarade Poutine, qui craint tant la mort, que de s’enorgueillir, tel le triste débile nord-coréen Kim Jong Un, de pouvoir exhiber ses engins d’anéantissement !

Imprudente Ukraine qui, dans l’application du mémorandum de Budapest et sous la pression américaine (voir notre livre) accepta de livrer à la Russie tout son arsenal nucléaire et par là-même sa force de dissuasion, ce qui lui aurait sans doute épargné le tragique conflit qu’elle affronte !

Bernard Antony

 

          Ne pas tirer sur les rênes des poutinolâtres...

La tentation est grande, tant leur propagande ouvertement stalino-soviétique est devenue insupportable, de répondre aux poutinolâtres qui prétendent nous chercher des poux dans la tête. Ne serait-ce que pour les mettre face à leurs incohérences idéologiques qui relèvent désormais de l'indécence. Il faut cependant résister à la tentation.

Les cavaliers chevronnés le savent. Quand un cheval s'emballe, qu'il part dans un galop fou comme s'il tournait amok, il ne faut pas faire ce qu'un cavalier de rencontre aurait le (mauvais) réflexe de faire : tirer sur les rênes pour essayer de l'arrêter. Le résultat serait à l'opposé de l'effet recherché : plus on tire sur les rênes, plus le cheval s'appuie sur son mors et plus il reprend de vitesse.

Il faut donc tout au contraire lui laisser la bride sur le cou. Ne sentant plus de résistance, le cheval va finir par ralentir et finalement s'arrêter.

Il en va de même avec les poutinolâtres emballés. Leurs discours relevant de la propagande, ils ont besoin de répondants (à savoir de gens qui leur répondent). Des gens qui argumentent et qui s’emploient à freiner leur emballement.

Leur répondre, c'est remettre une pièce dans leur juke-box et leur permettre de repartir de plus belle dans leur logorrhée. C'est leur accorder une forme de considération, leur donner une certaine importance, leur reconnaître un certain intérêt. Et, à partir de là, ils ne vous lâcheront plus.

Comme le cheval emballé, ils s'appuient sur votre courtoise à leur répondre pour vous embarquer (comme on dit d'un cheval qu'il embarque son cavalier) de plus belle. La solution, c'est de leur laisser la bride sur le cou. Les ignorer. Au bout d'un moment, non sans vous avoir insulté au passage et vous défier de leur répondre, ils finiront par s'arrêter.

On peut, bien que pour ma part je n'ai plus le goût de le faire, débattre avec des gens qu'on a naguère tenus en estime. Mais sans plus. Car s'ils sont devenus poutinistes, acceptant désormais sans frémir Staline et les drapeaux rouges, c'est qu'on s'est naguère trompé sur eux et qu'on a eu tort de les estimer.

Quant aux autres, ceux-là qui relèvent du complotisme avec bouffées délirantes à la clef, passez outre. Il y en a même eu un qui, me reprochant d'avoir rappelé que le patriarche Kyrill est un agent du KGB-FSB, me somme de dire que « le pape François (comme tous ses prédécesseurs) est un agent de la CIA ». A ce niveau-là, on ne discute plus, on éparpille par petits bouts façon puzzle...

Alain Sanders