jeudi 22 septembre 2022

Rule Britannia !

 

Mon tropisme irlandais, bien que nuancé par mon admiration pour Kipling et le fait que je regarde en boucle Les Trois Lanciers du Bengale, ne fait pas de moi un inconditionnel de l'Angleterre. Reste que mon tropisme royaliste, nuancé par rien celui-là, m'a tenu pendant dix jours aux côtés d'un peuple qui accompagnait son monarque en sa dernière demeure. En attendant d'accompagner son roi aux cérémonies du sacre.

On a parlé de « funérailles historiques ». Le mot n'est pas trop fort. J'ai même entendu des journalistes (c'est dire...) de TF1 à CNews en passant par BFMTV, LCI, France 2, déclarer : « L'Histoire s'écrit sous nos yeux ». L'un d'entre eux, saisi par l'émotion, célébrera même « la magie de la monarchie ».

Pendant dix jours, le monde – des milliards de téléspectateurs – a vu un peuple immense rassemblé. Pacifiquement. En France, on a le Stade de France où les racailles font la loi. Avec une police qui les laisse impunément aller à la dépouille (et je vous donne rendez-vous aux JO de 2024...). En Grande-Bretagne, des centaines de milliers de gens dans les rues et pas un incident à déplorer. Et une police présente, certes, mais pour canaliser tranquillement ces flux incessants de monarchistes. Oui : des monarchistes. Et qui savent – il n'était que d'écouter leurs interviews – le secret et le sacré de la monarchie : le roi est mort (en l’occurrence la reine), vive le roi ! Des monarchistes qui ont chanté en chœur et à plein cœur, au coude à coude, à l'unisson, comme des frères d'armes et d'âmes, le God Save the King (adapté, Bernard Antony l'a rappelé, d'une composition française qui célébrait Louis XIV tiré d'une méchante aventure médicale).

Voilà pour les Britanniques. Mais les Frenchies n'ont pas été en reste. Comme sortis d'une longue lobotomie républicaine, ils ont instinctivement senti, avant de mettre des mots sur ce qu'ils (re)découvraient, qu'il est des lieux où souffle l'Esprit. Tous n'ont pas forcément formulé la chose en ces termes. Mais tous ont compris qu'il se passait quelque chose qui les dépassait, les hissait, les tirait vers le haut. Vers le Très-Haut.

Beaucoup auront pu faire la différence entre un monarque et des gougnafiers comme Macron et sa dame, les Thénardier du bling-bling, lunettes noires chaussées sur les yeux, en baskets (de luxe, mais néanmoins des baskets), déambulant dans Londres – au prétexte d'aller rendre hommage au catafalque royal – comme des touristes sur le port de Saint-Trop (on a échappé à leur arrivée en jet-ski sur la Tamise).

Sur BFMTV, la journaliste Ashley Chevalier, manifestement tenaillée par l'émotion, a bien résumé ce qu'ont pu ressentir des millions de Français orphelins de leur roi depuis trop longtemps, livrés qu'ils sont aux caquètements de la zapette républicaine : « Même si on n'a pas d'attaches particulières avec la famille royale, ce que nous sommes en train de vivre me remue, mais pas seulement moi, tous les journalistes, c'est comme si on était tous anesthésiés ». Pas anesthésiés, mademoiselle, mais enfin réveillés...

Pendant dix jours, la tambouille républicaines est passée au second plan. Pour laisser la place à la sacralité. Ce qui n'existe pas face à ce qui dure. A Westminster, la Première ministre britannique, Elizabeth Tuss a lu les psaumes. Dieu premier servi. En France, je suis persuadé que ces journées historiques ont rappelé nos saints et nos rois à la mémoire de nos compatriotes. Que saint Georges et saint Michel accompagnent et prolongent ces retrouvailles !

Alain Sanders