mercredi 28 septembre 2022

A Moscou comme à Téhéran ?

A Moscou mais aussi dans beaucoup de villes et villages de l’immense Russie, grande comme trente fois l’Ukraine, par dizaines de milliers des hommes ne veulent pas de cette « guerre » en Ukraine jusqu’ici obligatoirement non appelée ainsi mais « opération militaire spéciale ».

Alors ils tentent de fuir pour rejoindre par tous les moyens possibles ce qui reste de la Géorgie libre, ou la Finlande ou l’Arménie ou la Turquie ou le Kazakhstan, voire l’Ukraine.

Cependant, à Téhéran comme dans toutes les grandes villes d’Iran, depuis dix jours les étudiantes puis les femmes en très grand nombre, désormais de plus en plus rejointes par les hommes, manifestent contre le régime après l’assassinat le 16 septembre de la jeune kurde de 22 ans Mahsa Amini par la police des mœurs.

Tuée pour n’avoir pas bien porté le hidjab obligatoire ! Horrible crime de lèse-charia.

Depuis, chaque jour s’allonge par dizaines la liste des femmes massacrées par les gardiens de la Révolution islamiste.

Il est évidemment à noter que le régime islamiste iranien est aujourd’hui un des rares, sinon bientôt le dernier, à soutenir sans restriction le régime de Poutine et qu’il est également fournisseur d’armes à la Russie autant qu’il le peut, notamment des drones.

Car, pour ce qui est du grand frère chinois, voilà que, tout comme l’Inde, il a ces derniers jours, d’une manière de plus en plus explicite exprimé sa crainte devant non seulement la politique poutiniste d’annexion d’une partie de l’Ukraine mais encore devant l’incessant renouvellement de ses menaces nucléaires. Aujourd’hui les deux puissances exigent un arrêt de la guerre.

Poutine, sur le modèle d’Hitler annexant jadis les Sudètes puis la Tchécoslovaquie puis tout ce que l’on sait, a maintenant annexé depuis hier, avec ses référendum bidon, des territoires ukrainiens qu’il prétend donc être russes.

On pourrait se gausser de ce retour aux meilleures pratiques électorales de l’URSS et autres pays communistes avec des scores d’approbation d’une touchante quasi unanimité, atteignant notamment 99,23% de oui dans le Donestk. La plupart des Etats ont déjà fait savoir qu’ils ne reconnaîtraient pas ces annexions russes dans le plus total mépris du droit.

Parmi les premiers : Israël et la Chine communiste.

Non pas que Xi Jinping se soucie beaucoup du sort des populations ukrainiennes annexées. Mais il a bien pesé que Poutine, devant toute reconquête ukrainienne pourrait démentiellement invoquer un pseudo-droit russe à utiliser des armes nucléaires dites « tactiques », de la puissance d’Hiroshima !

Israël pèse de même que l’Iran, alliée de la Russie, pourrait bien brandir la même menace.

Car sans cesse, des dirigeants russes comme Medvedev (l’ancien successeur de Poutine) ou comme Nikolaï Patrouchev, le patron du F.S.B affirment qu'ils n'hésiteront pas à utiliser si nécessaire leurs armes nucléaires.

On pèse encore, là au passage, combien les dirigeants Ukrainiens de l’époque ont eu l’immense tort de se plier aux ukases américains (de Bill Clinton et de William Perry) leur enjoignant de remettre à la Russie l’armement atomique de leur pays en vue de leur destruction (voir notre livre « l’Ukraine face à Poutine p.19 et 20). Car si l’Ukraine avait conservé cet armement dissuasif, le maître chanteur Poutine ne pourrait aujourd’hui pratiquer sa politique de terreur.

Mais, bref, Poutine qui, sur bien des plans, physiquement et politiquement, semble à bout de course a eu hélas le temps de mettre en place pour lui succéder d’aussi fous que lui.

Mais, comme le rappela si souvent le grand Jacques Bainville, « le pire n’est jamais sûr ».

Pour terminer cet article sur une note un brin ironique, j’ai naturellement lu avec un grand intérêt la liste des Français ayant été invité par Moscou à surveiller le bon déroulement démocratique des scrutins russes en Ukraine.

Manifestement, les services de Poutine ont puisé dans le vivier d’anciens responsables de certains  groupuscule d’extrême droite.

Pas des nazis, certes, mais tout de même, un curieux choix pour l’opération de « dénazification » invoquée par le Camarade Poutine.