jeudi 21 juillet 2022

Quelques extraits à méditer de « La Russie et la barrière de l’Est » de Jacques Bainville (un choix d’extraits d’éditoriaux du grand historien parus sur le sujet dans L’Action Française)

- Et d’abord, dans l’avant-propos de Jean Marcel : « Bainville donnait leur importance aux alliances orientales de la France, mais il avait horreur de la contradiction et il songeait aux trahisons de la Russie ».

- p.64 : « Imprudents ceux qui continuaient à soupirer après la renaissance de la Russie. Elle renaît et, malgré son anarchie et sa misère, c’est déjà pour inquiéter l’Europe. Ses voisins immédiats, les peuples auxquels nous nous intéressons le plus, n’ont jamais souhaité la résurrection de la puissance qui les a étouffés jadis. » (AF, 30 janvier 1920)

- p.69 : « La meilleur chance qu’on ait de ne pas se tromper trop lourdement sur les affaires russes, c’est de les juger à l’étalon de la Chine et de l’Orient. »

-p.89 : Dans l’éditorial titré Un remarquable fanatique : « Le comité bolchevique qui, au mois d’octobre 1917, avait renversé Kérenski, était composé de cinq révolutionnaires : Lénine, Trotsky, Kamenef, Dzerjinski et Staline ».

p.89 : « Figure singulière que celle de Félix Edmundovitch Dzerjinski, de sanglante mémoire. Un journal anglais qui publie sur lui d’intéressants détails, l’appelle un remarquable fanatique. Ce n’était pas en effet un révolutionnaire banal que ce fils d’un petit noble lithuanien, révolutionnaire depuis l’enfance, révolutionnaire-né, et qui dans son horrible besogne d’exécuteur des hautes œuvres de la Révolution, inaccessible à tout sentiment d’humanité, était resté gentilhomme au point qu’un Américain, l’ayant approché à Moscou au moment où le chef de la Tcheka ordonnait des exécutions tous les jours, a pu dire que c’était « l’homme le plus charmant qu’il eut rencontré de sa vie. Charmant comme Saint-Just et gentilhomme comme M. de Robespierre. » (AF, 24 juillet 1926)

Notons ici que Dzerjinski, fondateur de la Tcheka, est, pour Poutine, avec Yvan le Terrible et Staline, un des plus grands hommes de l’histoire russe. Devenu Premier Ministre, Poutine présida à la Loubianka, le 20 décembre 1999, une extraordinaire cérémonie de réhabilitation de cet effrayant personnage, en présence des plus éminents anciens de la Tcheka des premiers temps. Non content de cela, il annonça peu après, la création d’une division d’élite au sein du FSB : la « division Dzerjinski ».

- p.144 : « Les Français connaissent la Russie des Soviets aussi mal qu’ils connaissent la Russie des tsars. Cette ignorance est un attrait. On n’y peut rien. Il y a chez le Français, bourgeois, ouvrier, paysan, politicien, un petit coin de romanesque éternellement accessible au charme slave. Napoléon lui-même y avait succombé. Ce qu’il allait chercher à Moscou, c’était l’amitié d’Alexandre, un renouveau des embrassades sur le radeau de Tilsitt. On veut aussi un renouveau de l’hymne ‘’Bogé Tsara Krani’’. » (La Liberté, 4 mai 1935)

- p.148 : « De ces procédés, le plus habile, de la part des diplomates bolcheviks, est de dissimuler leurs intentions véritables, de ne pas laisser entrevoir les résultats qu’ils cherchent, de ne pas découvrir leurs actions. Dans l’affaire des sanctions, ils ont été les plus acharnés contre Mussolini et ils sont restés dans l’ombre où ils pesaient de toutes leurs forces sur nos slavophiles de gauche et de droite. La masse du public français s’y est, à notre sens, trompée. Elle a dit : « Angleterre », quand il aurait fallu dire : « Russie ». (AF 14 novembre 1935)

-p.179 : « Catherine II, de son côté, écrivait alors toujours à Voltaire : « Nous n’avons point trouvé d’autres moyens de garantir nos frontières que de les étendre ». L’argument sert encore. » (AF, 22 mars 1925)