lundi 28 février 2022

Quelques réflexions sur la crise actuelle

Le cynisme criminel du nouvel ordre mondial sous tutelle américaine, couplé à la décadence de nos sociétés occidentales, rongées par les inversions en tous genres, ont conduit certains de nos amis à voir en Vladimir Poutine un contrepoids nécessaire à ces dominations, voire un sauveur providentiel de l’Occident chrétien.

Cette admiration démesurée a omis de prendre en compte quelques réalités :

-        Poutine est avant tout le défenseur de la Russie et l’Occident ne l’intéresse que dans la mesure où il peut servir ses intérêts propres.

-        De par sa culture et sa formation, il est un admirateur de l’ancienne URSS et de Staline, qu’il a largement contribué à réhabiliter dans son pays, tout en démolissant la figure de Lénine (ce qui permet de donner le change à ceux qui l’accusent d’être un néo-bolchévique)

-        La vision stratégique de Poutine est foncièrement impérialiste, comme en attestent, non seulement ses discours mais aussi le développement impressionnant de l’armée et de la puissance militaire russe depuis 2014.

Tout cela aurait dû conduire à plus de prudence et de nuances dans les jugements à son égard.

L’invasion de l’Ukraine commandée par le président russe sert-elle nos intérêts ? Il est à craindre qu’elle va, au contraire, accélérer les phénomènes que nous combattons, voire rendre possible ce que nous pensions difficilement réalisable ou largement freiné ces derniers temps, à savoir :

-        Unification de la diplomatie européenne et soumission de pays jusque-là réfractaires au nouvel ordre européen (Pologne, Hongrie …)

-        Mise en place d’une défense unifiée de l’UE

-        Résurrection et légitimation de l’OTAN, dont même Macron avait pu affirmer qu’elle était en état de « mort cérébrale »

-        Et, phénomène aggravant pour la France : reconstitution de la puissance militaire allemande (Olaf Scholz annonce un effort financier de 100 milliards d’euros).  Ce qui aura très rapidement comme conséquence de faire de l’Allemagne la première puissance militaire européenne, au détriment de la France qui n’aura pas les moyens de suivre, au vu de l’état catastrophique de ses finances publiques.

Et ne parlons pas de la puissance chinoise qui risque fort d’être la seule à profiter de cette crise.

Concernant l’Ukraine : comment condamner les tentatives d’asservissement par l’UE de pays comme la Pologne et la Hongrie après s’être opposé à l’invasion dévastatrice de l’Irak par les États-Unis et aujourd’hui applaudir des deux mains l’annexion par les armes de l’Ukraine par Poutine ? La menace de l’OTAN, les erreurs diplomatiques et les attitudes hostiles voire méprisantes des occidentaux à l’égard de la Russie n’ont été, pour ce dernier, que des prétextes bienvenus pour justifier une invasion de l’Ukraine, préparée de longue date afin de mettre la main sur le potentiel industriel et économique très important de ce pays, tout en permettant d’étendre les frontières d’un empire russe que Poutine, nostalgique de la puissance soviétique, veut faire renaître.

La France a-t-elle encore les moyens de répondre aux défis du monde qui vient ? Son salut ne viendra pas d’un quelconque homme fort étranger, qu’il soit russe ou américain. Le peuple français détient, seul, les clés de son avenir.

 

Yann Baly, porte-parole de Chrétienté-Solidarité