vendredi 1 octobre 2021

Quand Emmanuel Macron fait, sans s'en rendre compte, l'éloge de la colonisation …


Emmanuel Macron s'est rendu mardi dernier rue de Richelieu, afin de visiter les locaux rénovés de la Bibliothèque nationale. Lors de son discours, le Président a fait une remarque concernant la langue française : « Une langue dont l'épicentre n'est plus aujourd'hui sur ces rives de la Seine, mais sans doute bien davantage vers le bassin du fleuve Congo ».


Qu'a donc voulu dire le Président ? Le bon sens et le patriotisme auraient dû le conduire à faire un éloge du patrimoine littéraire français et cela d'autant plus que la bibliothèque est sise rue de Richelieu, homme d'État féru de lettres. Un hommage à notre langue et à nos écrivains aurait donc été séant. Au lieu de cela, Emmanuel Macron a vanté la bonne santé de la langue française dont les Africains du bassin du Congo seraient les ardents locuteurs. Que la francophonie se porte bien en Afrique, cela est certes une bonne chose, mais que la France elle-même soit décrite par son Président comme ayant perdu le dynamisme de sa propre langue, voilà qui est navrant.


Les propos d'Emmanuel Macron sont cependant fort justes : que de nombreux Africains mettent en avant la langue française, n'est-ce pas là une reconnaissance des bienfaits de la colonisation ? Si, de nombreuses années après leur indépendance, certains pays africains continuent de parler français, et souvent avec une meilleure correction grammaticale que les locuteurs français eux-mêmes, n'est-ce pas là la preuve de la solidité de l'enseignement de la langue française en Afrique, dont les colons et les missionnaires furent les premiers artisans ?


Le cardinal Sarah qui est né non pas dans le bassin du Congo, mais dans un pays qui n'en est pas loin, porte témoignage : « Dans ma propre vie en Afrique, j'ai pu apprécier les plus beaux fruits de la colonisation occidentale. Les valeurs culturelles, morales et religieuses que les Français ont données à mon pays étaient d'une grande richesse. Les colons venaient avec des traditions ancestrales riches et vivantes ennoblies par le christianisme. Leurs conceptions de la dignité de l'homme, de ses droits et de ses valeurs étaient émancipatrices. La France m'a donné une langue extraordinaire » (Le soir approche et déjà le jour baisse, p. 306).


Ainsi notre Président a-t-il fait, sans s'en rendre compte, l'éloge des bienfaits de la colonisation, ce qui paraît fort en opposition avec ce qu'il déclara en Algérie en 2017, alors qu'il n'était que candidat, à savoir que « le colonialisme est un crime contre l'humanité » ! Puisse la francophonie lui donner des arguments afin de se rendre compte que ce prétendu crime n'en fut pas un, et puissent aussi les Français se ressaisir et se réapproprier leur propre langue et leur culture, au lieu de les abandonner dans une Europe technocratique et américanisée. Si l'épicentre de la langue française n'est plus sur les rives de la Seine, ne doutons pas qu'un nouvel hypocentre va bientôt se former, dont toute la France sera, cette fois, l'épicentre.

Marc Froidefont